Le sort des militaires estropiés ou trop âgés pour servir encore a longtemps laissé indifférents les rois qui les avaient engagés. Il fallut attendre Louis XIV pour qu’un hôpital destiné à les accueillir fût enfin fondé, ceci sous le nom d’hôtel royal des Invalides. Les soldats qui y étaient admis devaient présenter leurs états de service, tout en précisant les causes de leurs blessures et infirmités. Les plus mal en point restaient à Paris, tandis que les autres étaient envoyés en détachement dans des postes frontaliers, au sein de compagnies d’invalides affectées à des tâches secondaires nécessitant peu d’efforts. En tout, de 1673 à 1796, ce sont 111 394 militaires qui furent inscrits dans les registres de l’hôtel des Invalides à Paris. Au nombre de 38, ces registres d’entrée permettent de connaître la carrière militaire des soldats éclopés mis à la retraite, ainsi que leur biographie ultérieure au sein de l’hôtel parisien et des postes détachés, jusqu’à leur décès, leur démission ou leur éventuelle désertion.

         En septembre 1995, Marc Margarit, président fondateur de l’association Ancêtres italiens, à la recherche des invalides d’origine transalpine, décida d’élargir son champ d’étude. Il lança l’opération INVAL au Service historique de l’Armée de Terre, à Vincennes, en constituant une équipe de bénévoles chargée de relever avec lui tous les actes figurant dans les 38 registres de réception des militaires à l’hôtel des Invalides, ceci dans l’ordre chronologique. À ce jour, Marc Margarit et son équipe ont déjà relevé 13 000 actes complets et quelque 60 000 actes succincts. Une base de données informatique a été créée, que l’on peut consulter librement sur Internet ou au local des Ancêtres italiens : il suffit de se connecter par ordinateur sur www.hoteldesinvalides.org.

J’ai pu obtenir de Marc Margarit la liste de tous les invalides originaires de l’Yonne. En échange, j’ai pris soin de vérifier, de corriger et de compléter chaque acte fourni, à partir d’autres sources trouvées aux Archives départementales de l’Yonne, aux Archives municipales de Sens et d’Auxerre, à la Bibliothèque de l’histoire des familles à Salt Lake City, et dans les fonds privés de la Société généalogique de l’Yonne.

J’ai pu élaborer ainsi un dictionnaire alphabétique des soldats invalides de notre département, publié ci-après pour fêter dignement le 20^e anniversaire de notre cercle généalogique et le 100^e anniversaire de la loi de 1901.