Marie Montenat et sa postérité par les Monsanglat et les Petion  

une famille de protestants issue du hameau de Valloux à Vault-de-Lugny

 

par Pierre Le Clercq 

 

L’actualité télévisée présente parfois des raccourcis saisissants. Le 8 avril 2005, en effet, en la basilique Saint-Pierre de Rome, furent célébrées sous les caméras du monde entier les funérailles du pape Jean-Paul II, obligeant le prince de Galles Charles de Mountbatten-Windsor de reporter d’une journée son mariage avec Camille Rosemarie Shand, épouse divorcée du capitaine de cavalerie André Parker-Bowles. Cette marque de civilité, de la part du futur chef de l’Église anglicane, fondée par le roi Henri VIII d’Angleterre pour assouvir ses appétits matrimoniaux, illustre bien la distance qui nous sépare à présent des conflits armés qui déchiraient jadis la chrétienté.

Autrefois, on se battait pour déterminer le sexe des anges. Les doctes disputes des pères de l’Église venaient souvent alimenter les querelles politiques au sein des États, et chacun finissait par choisir son camp en emmaillotant ses viles ambitions personnelles dans le lange douillet des certitudes religieuses. Les raisons profondes qui opposèrent un peu partout en Europe catholiques et protestants ne sont pas à chercher dans le dogme fondamental du christianisme, qui est l’amour du prochain. La guerre ne fut déclenchée que parce que le monde avait changé, créant divers frottements entre les forces du Moyen Âge finissant et celles de la Renaissance. La société médiévale aspirait à la théocratie. Sa quête principale était de façonner l’Église universelle autour du Saint-Siège, du Saint-Empire et de la langue latine, pour fondre tous les humains de la tour de Babel en un seul peuple soumis à la puissance divine. Cet idéal d’unité ne pouvait que contrarier les projets particuliers de certains, voulant conserver leur identité ou renforcer leur pouvoir au sein de la chrétienté. Tous ces réfractaires au principe médiéval d’un monde chrétien uniforme, placé sous la tutelle constante, tant spirituelle que temporelle, d’une l’Église catholique universaliste, ne pouvaient que prêter une oreille très attentive à toutes les nouvelles constructions théologiques pouvant leur permettre de s’émanciper.

Martin Luther - 1483-1546  Lucas Cranach l'Ancien
Martin Luther - 1483-1546 Lucas Cranach l'Ancien

Les Tchèques furent les premiers à quitter le giron de l’Église catholique en se créant une Église nationale. Véritable moteur d’unification des Slaves du royaume de Bohême contre les Allemands du Saint-Empire venus empiéter peu à peu sur leurs terres, l’Église hussite s’est implantée massivement sur tout le territoire national bohémien, dans toutes les couches de la société. Les Tchèques sont ainsi parvenus à reslaviser leur pays et à reprendre leur destin en mains. Ouvrant les hostilités dès le 30 juillet 1419 avec le monde germanique et catholique qui les dominait, lors de la toute première défénestration de Prague, ils obtinrent finalement de l’empereur Sigismond Ier de Luxembourg, le 5 juillet 1436 à Jihlava (Iglau), un édit de tolérance leur permettant de pratiquer leur nouvelle religion dans leurs frontières nationales, au sein de l’Empire. Les protestations affichées le 31 octobre 1517 par Martin Luther, à la porte d’entrée de l’église de Wittenberg en Allemagne, n’ont fait qu’amplifier la remise en cause de l’Église catholique universelle et de l’État impérial d’Occident. À l’intérieur du Saint-Empire, les princes allemands du nord, comme l’électeur de Saxe Frédéric VII le Sage, protecteur de Luther, se firent luthériens pour contester l’autorité suprême de l’Autriche. En dehors des frontières impériales, c’est pour renforcer le pouvoir royal dans leurs pays respectifs que Gustave Ier Vasa, roi de Suède et de Finlande, et Christian III d’Oldenbourg, roi du Danemark, de Norvège et d’Islande, se sont convertis eux aussi au luthéranisme ; chacun d’eux put ainsi, en toute bonne conscience, se hisser au sommet de sa propre Église nationale pour en accaparer les revenus, à l’instar du roi Henri VIII d’Angleterre.

 

Jean Calvin 1509-1564 peint par Le Titien
Jean Calvin 1509-1564 peint par Le Titien

Ce qui unit toutes les Églises protestantes, c’est leur rupture historique avec l’Église universelle de Rome, reposant sur une hiérarchie pyramidale où le souverain pontife chapeaute les évêques, et ceux-ci les prêtres. Les hussites, puis les luthériens et les anglicans, se sont contentés de supprimer le pape au sommet de leurs Églises respectives, créant des Églises dites épiscopales. Les calvinistes et les anabaptistes franchirent quant à eux une étape supplémentaire en supprimant en outre les évêques, pour ne garder que les prêtres, formant ainsi des Églises dites presbytériennes. Ces deux structures ne répondaient pas aux mêmes besoins. Le modèle épiscopal proposé par Martin Luther s’adressait avant tout à des souverains voulant convertir leurs sujets par le haut, pour les mobiliser tous dans le sens de l’intérêt dynastique. Le modèle développé par Jean Calvin, en revanche, était plutôt destiné à la classe montante et laborieuse de la bourgeoisie, désirant s’affranchir de la tutelle des princes pour mieux s’enrichir, et à la vieille caste humiliée et revancharde de la noblesse, souhaitant contrecarrer l’avènement des monarchies absolues pour reprendre une partie du pouvoir. Contrairement au luthéranisme, qui respectait toujours l’ordre établi par les chefs d’État, le calvinisme offrait un cadre moral aux séditieux. Les bourgeois de Genève l’adoptèrent le 21 mai 1536 pour conforter leur ville insoumise face aux prétentions des ducs de Savoie, puis les Écossais et les Néerlandais en firent autant, les premiers pour limiter le pouvoir de la régente Marie de Guise puis de sa fille Marie Stuart, leur reine élevée à l’étranger, et les seconds pour mieux se dresser face au roi d’Espagne ayant hérité de leur pays.

En France, les deux grands modèles protestants n’ont pas réussi à s’imposer. Le luthéranisme a été écrasé dans l’œuf par les rois François Ier et Henri II, fort satisfaits de leur Église gallicane fondée avec l’accord du Saint-Siège, et le calvinisme n’a pu prospérer un temps qu’en raison des louvoiements de Catherine de Médicis, persuadée d’assurer à ses fils un avenir dynastique par sa politique d’équilibre entre le parti des Guise et celui des Bourbon. Si finalement l’ordre a été restauré par le roi Henri IV, avec la promulgation de l’édit de Nantes le 30 juin 1598, les catholiques en ont été les principaux bénéficiaires. Pour les séduire, le nouveau roi a dû abjurer le calvinisme, s’éloignant ainsi de ses anciens coreligionnaires huguenots. Ceux-ci, réduits à une portion congrue au sein de la population, ne tarderont pas à perdre tous les droits qu’on leur avait octroyés, ceci sous les rois Louis XIII et Louis XIV.

Marie Montenat, du hameau de Valloux à Vault-de-Lugny, faisait partie de ces protestants résiduels en sursis…

 

I. MONTENAT Marie : Née pendant le règne du roi Louis XIII, de parents qui nous sont encore inconnus, elle épousa en premières noces, avant 1640, un jeune marchand nommé Pierre Monsanglat. Celui-ci était le frère aîné de Jeanne Monsanglat, qui devint la femme d’Abraham Viennot, marchand demeurant à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or). Il avait aussi une sœur cadette, Louise Monsanglat, qui fut unie quant à elle à Pierre David, fermier et receveur des revenus de la baronnie de Montfort à Montigny-Montfort (Côte-d’Or). Marie Montenat entrait donc dans une famille qui n’était pas originaire de l’Avallonnais mais dont elle était proche par la foi. Pierre Monsanglat et ses sœurs, en effet, et ses beaux-frères, étaient tous calvinistes, membres de l’Église réformée de France qui s’étiolait.

À l’époque, les protestants n’étaient plus nombreux à pratiquer leur religion dans l’Yonne. Sur toute la terre d’Icaunie, là où était né Théodore de Bèze, disciple et successeur de Jean Calvin, il n’y avait plus que quatre lieux de culte, à Dollot, La Celle-Saint-Cyr, Sarry et à Vault-de-Lugny. Pour assister aux offices religieux et faire baptiser leurs nourrissons, enterrer leurs morts et convoler en justes noces, la plupart des fidèles étaient forcés de parcourir des distances assez grandes. Ce ne fut point le cas de Marie Montenat et de son premier mari, qui vécurent à proximité du temple réformé que la famille de Jaucourt avait installé dans son château, au bourg de Vault-de-Lugny. Le couple élut domicile au hameau de Valloux, dans un petit domaine appelé le meix des Montenats, situé en la rue des Montenats. C’est probablement là que Marie Montenat était née. Tout porte à croire que c’est aussi là qu’elle donna le jour à ses quatre enfants issus du premier lit.

 

rangées de vignes
rangées de vignes

Pierre Monsanglat savait signer. Le 10 janvier 1644, devant maître Thomas, notaire à Avallon, il vendit au bourrelier Jacques Ryan, résidant au bourg de Vault-de-Lugny, une pièce de vigne reposant sur le territoire dudit Vault, pour le prix de 100 livres tournois. Marie Montenat, présente aux côtés de son époux lors de la vente, déclara ne point savoir signer. [1]

Devenue veuve, elle convola en secondes noces. Son nouvel époux, qui se joignit à elle avant 1660, était un laboureur nommé Lazare Petion, né en 1629 environ. Plus jeune que sa femme, il était sans doute originaire d’Argenteuil où l’on rencontrait de nombreux Petion. Lui aussi professait la foi répandue par Jean Calvin et Théodore de Bèze, son successeur. Il demeura avec son épouse au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny, élevant tous les enfants du premier lit de sa conjointe et engendrant avec elle cinq autres nourrissons.

Lazare Petion savait signer lui aussi. Le 12 septembre 1668, devant Nicolas Gabard, notaire royal à Vault-de-Lugny, il acheta à Jacques Couradin une vigne en désert située au hameau de Valloux, ceci pour le prix de 18 livres tournois. Puis, le 6 septembre 1669, il fit l’acquisition de terres situées au même hameau. [2]

Lazare Petion avait une cousine, Marie Coulbois, fille de feu Philibert Coulbois, ancien marchand résidant à Valloux, et de Suzanne Lamas. Le 8 janvier 1671, en l’étude d’Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, cette jeune femme fut unie par contrat de mariage, en présence de son cousin, à un tonnelier de Valloux qui s’appelait Vincent Gautherot, de Tannay (Nièvre). [3]

Ayant accumulé des dettes, Lazare Petion dut trouver un expédient : il cessa d’acheter des terres et se mit à vendre ses biens. Marie Montenat, son épouse, en fit tout autant. Le 29 août 1677, devant Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, assistée de ses fils Etienne et Jacques Monsanglat et de sa fille Suzanne, issus du premier lit, elle vendit à un laboureur portant lui aussi le nom d’Antoine Mynard, vivant à Valloux, la moitié d’une grange située en la rue des Montenats. [4] Devant rembourser la somme élevée de 500 livres tournois à Anne Jacquinot, veuve d’Etienne Filsjean, qui était de son vivant conseiller et maître des comptes du roi en la chambre ordinaire de Dijon, elle fut contrainte avec son mari et son gendre Timothée Moreau de conclure un accord financier avec un pourvoyeur de fonds. Le 23 mai 1679, tous trois se présentèrent chez le notaire Charles Gourlet, en la ville d’Avallon, où en présence du clerc Pierre Lardery, résidant en cette même ville, et du tonnelier Joseph Montenat le jeune, du hameau de Vermoiron à Vault-de-Lugny, ils reçurent enfin la somme de 500 livres dont ils avaient besoin, qui leur fut versée en louis d’or et d’argent. Le pourvoyeur, un marchand protestant nommé Philippe Lotin, habitant le bourg de Vault-de-Lugny, obtint en échange de ces fonds une rente annuelle et perpétuelle de 31 livres et 5 sols, à percevoir sur ses voisins endettés. [5]

Marie Montenat cherchait à établir au mieux tous ses enfants du premier lit. Avec la caution de son second conjoint, elle se rendit le 30 mars 1682 chez Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, auprès de qui elle fit donation d'un bâtiment en indivis situé au hameau de Valloux, ceci à son fils Jacques Monsanglat et à sa fille Suzanne Monsanglat, qui était mariée à Jacques La Chapelle, ainsi qu’à sa petite-fille nommée Marie Madeleine Monsanglat, unie à Jean Louis Constantin et fille de feu Etienne Monsanglat et d'Anne Lafond. [6] Selon toute probabilité, le bâtiment ainsi légué faisait partie du meix des Montenats déjà cité.

La vie de Marie Montenat changea radicalement trois ans et demi plus tard. Le 17 octobre 1685, en effet, en la ville de Fontainebleau, le roi Louis XIV promulgua un édit révoquant l’édit de Nantes. Cette mesure, très attendue de la plupart des catholiques, portait le coup de grâce à l’Église réformée de France, déjà affaiblie par l’édit d’Alès du 28 juin 1629 qui avait aboli sur le territoire français toutes les places de sûreté réservées jusque là aux protestants. D’un trait de plume, toutes les communautés réformées du pays furent dissoutes, dont celle de Vault-de-Lugny, et tous les disciples de Jean Calvin furent considérés dès lors comme autant de « nouveaux convertis » redevenus catholiques.

Le curé de Vault-de-Lugny, Joseph Courtot, n’hésita point à employer les grands moyens pour éradiquer le calvinisme dans sa paroisse. Adversaire intransigeant du pasteur Etienne Jordan, qui en 1669 avait succédé au pasteur Jean Louis Bollenat, il s’était plaint de lui en 1683, l’accusant de continuer à inhumer ses morts en plein jour, et non après le soleil couché, et d’attirer au temple de Vault-de-Lugny des protestants résidant en dehors du bailliage d’Avallon, tels ceux d’Asquins et de Vézelay, ou bien de Rouvray, Semur-en-Auxois et Saint-Andeux (Côte-d’Or). Après la révocation de l’édit de Nantes, le pasteur Etienne Jordan fut obligé de quitter la France pour avoir la vie sauve, laissant à Vault-de-Lugny son épouse et ses enfants. Le curé en profita pour arracher à leur mère deux de ces enfants, les enfermant derrière les murs d’une école religieuse d’Avallon pour les élever dans la foi catholique. Il ne lui restait plus qu’à s’occuper des nouveaux convertis de sa paroisse. Le lundi de Pâques 15 avril 1686, il se rendit avec le notaire Antoine Mynard au hameau de Valloux, dans plusieurs maisons. Chez Lazare Petion et son gendre Timothée Moreau, les deux hommes ne trouvèrent que Marie Montenat, femme dudit Lazare Petion, et Marthe Petion, sa fille, épouse quant à elle dudit Timothée Moreau. Sans détours, le curé Joseph Courtot se mit à exhorter ces deux nouvelles ouailles indociles à obéir au plus vite aux commandements de l’Église catholique en allant accomplir ensemble leur devoir pascal, et le notaire recopia aussitôt la réponse des deux femmes : toutes deux se déclarèrent prêtes à se confesser et à communier, mais elles demandèrent un an de réflexion pour s'y disposer. Le fils de Marie Montenat arriva sur ces entrefaites. Portant le nom de Lazare Petion comme son père, il s’éclipsa sitôt qu’il aperçut chez ses parents le curé et le notaire. [7]

Un an plus tard, en 1687, le curé Joseph Courtot était toujours mécontent. Il rédigea un rapport sur tous les protestants nouvellement convertis de sa paroisse, se plaignant en particulier de Lazare Petion et de Marie Montenat qui, méprisant toutes les menaces qu'il leur avait adressées, étaient restés opiniâtrement fidèles à leur religion, n'allant assister à aucune messe.

Marie Montenat survécut à son fils aîné. Celui-ci, qui était mort dès 1677, laissait des biens dont le partage fut effectué chez sa mère le 26 mai 1692 par Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny. Les bénéficiaires étaient les deux enfants du défunt, nés de son épouse Anne Lafond, à savoir Marie Madeleine Monsanglat, assistée de son mari Jean Louis Constantin, vigneron établi à « Montfort, paroisse de Santigny en Auxois », et Pierre Monsanglat, encore mineur, représenté quant à lui par ledit Lazare Petion, son curateur. [8]

Une semaine plus tard, le 2 juin 1692, le notaire royal Antoine Mynard retourna chez Lazare Petion et Marie Montenat. Il y trouva le couple gisant au lit, miné par la maladie, entouré de Jacques Montenat et de Joseph Choudey, tous deux vignerons demeurant au hameau de Vermoiron à Vault-de-Lugny. En présence de ces deux témoins, le notaire rédigea aussitôt le testament commun des deux malades alités. Ceux-ci, sentant la mort prochaine, se donnèrent mutuellement tous leurs biens propres, pour que le dernier survivant des deux pût continuer à nourrir et habiller, jusqu’à ce qu’il eût l’âge de 20 ans ou bien jusqu’au jour de son mariage, leur fils Antoine Petion encore mineur. [9]

Marie Montenat mourut sans doute peu après. Ayant toujours refusé avec obstination de fréquenter l’église catholique de Vault-de-Lugny, elle fut ensevelie sans cérémonie religieuse, à une date inconnue, et sa mort ne fut pas consignée par le curé Joseph Courtot dans les registres paroissiaux. Lazare Petion survécut à son épouse. Le 15 avril 1698, il fit venir en son domicile le notaire Antoine Mynard, faisant don devant lui de tous ses biens à son gendre Timothée Moreau et à sa fille Marthe Petion, à charge pour eux de le nourrir et entretenir jusqu'à son décès, et de verser la somme de 100 livres tournois à son fils Lazare Petion, parti en exil à l’étranger depuis douze ans, au cas où celui-ci reviendrait un jour à Vault-de-Lugny. [10]

Un an plus tard, en 1699, Lazare Petion était toujours en vie. Le curé Joseph Courtot se plaignit de lui cette année-là, dans un nouveau rapport sur les protestants de sa paroisse convertis au catholicisme. Il y indiqua que le vieil homme, déjà âgé de 70 ans, n’était jamais allé en son église pour y assister à une messe. Lazare Petion n’eut donc droit à aucune cérémonie religieuse après sa mort, et à aucun acte de sépulture.

 

LA POSTÉRITÉ ISSUE DU PREMIER LIT

 

Marie Montenat avait eu de son premier mari, Pierre Monsanglat, trois garçons puis une fille. Tous furent baptisés au sein de l’Église réformée, mais leurs actes de baptême respectifs ont tous disparu :

 

enfants de Pierre Monsanglat et Marie Montenat

 

II. MONSANGLAT Pierre : Né à une date qui reste inconnue, on sait encore très peu de choses sur lui. Le 25 mars 1665, devant Nicolas Gabard, notaire établi à Vault-de-Lugny, il vendit une vigne à un tonnelier du hameau de Valloux qui s’appelait François Montenat l'aîné. [11] Il quitta ensuite la France pour aller résider à Genève. Il y était toujours quand ses frères Etienne et Jacques Monsanglat, et sa sœur Suzanne Monsanglat, vendirent ensemble une chambre avec chauffoir, le 6 février 1676 devant le notaire Antoine Mynard. [12]

 

II. MONSANGLAT Etienne : Né probablement au hameau de Valloux, à une date inconnue, il y travailla toute sa vie comme laboureur et prit pour épouse une femme nommée Anne Lafond, protestante elle aussi, qui lui donna une fille puis un garçon.

Le 6 février 1676, devant Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, Etienne Monsanglat vendit avec son frère Jacques et sa sœur Suzanne, en l’absence de leur frère Pierre Monsanglat vivant en la ville de Genève, une chambre avec chauffoir. Puis, le 29 août 1677, il vendit avec sa mère, son frère et sa sœur, en présence du même notaire, la moitié d’une grange située audit hameau de Valloux, en la rue des Montenats, ceci au laboureur Antoine Mynard, portant le même nom que le notaire ayant enregistré la vente. [13]

Etienne Monsanglat mourut peu après la signature de cet acte notarié. Il était déjà décédé, en effet, lorsque sa fille Marie Madeleine Monsanglat fut promise par contrat de mariage à Jean Louis Constantin, son futur époux, le 1er novembre 1677 devant Antoine Mynard, notaire royal à Vault-de-Lugny. [14]

Anne Lafond, sa femme, lui survécut de nombreuses années. Comme la plupart des protestants, elle savait signer. En tant que membre de l’Église réformée, elle fut victime elle aussi, comme ses coreligionnaires, de la révocation de l’édit de Nantes le 17 octobre 1685. Six mois plus tard, le 15 avril 1686, elle fêtait Pâques au hameau de Valloux, chez Louis Moreau et son fils Pierre Moreau, avec d’autres calvinistes domiciliés à Vault-de-Lugny, lorsque le curé Joseph Courtot et le notaire Antoine Mynard arrivèrent à l’improviste, au cours de la tournée de tous les nouveaux convertis de la paroisse qu’ils effectuaient ensemble ce jour-là. Le curé exhorta l’assemblée à obéir aux commandements de l’Église catholique en allant à confesse le plus tôt possible pour recevoir la communion pascale, puis le notaire inscrivit les réponses de chacun. Anne Lafond se déclara prête à se soumettre à l’injonction du curé, après toutefois un délai de réflexion suffisant et sous condition de pouvoir continuer à communier sous les deux espèces. [15] Elle montrait ainsi qu’elle ne voulait pas se plier à la hiérarchie catholique et considérer le curé de Vault-de-Lugny comme son supérieur dans la pratique religieuse, le seul qui pût boire au calice sous les yeux résignés et envieux de ses ouailles.

Bien que décédé en 1677, Etienne Monsanglat laissait des biens qui ne furent partagés entre ses héritiers que quinze ans plus tard, le 26 mai 1692 devant le notaire Antoine Mynard, ceci en présence de sa veuve, Anne Lafond. Les bénéficiaires étaient les deux enfants que celle-ci lui avait donnés, à savoir sa fille aînée Marie Madeleine Monsanglat, accompagnée de son conjoint Jean Louis Constantin, vigneron vivant à « Montfort, paroisse de Santigny en Auxois », puis son fils Pierre Monsanglat, encore mineur, représenté quant à lui par son curateur Lazare Petion, second mari de son aïeule paternelle Marie Montenat. [16]

Anne Lafond mourut à une date indéterminée. Ayant sans doute persévéré dans son peu d’entrain à adopter un mode de vie conforme aux commandements de sa nouvelle Église, elle fut privée d’obsèques religieuses après sa mort et son trépas ne fut point consigné dans les registres paroissiaux de Vault-de-Lugny.

Ses deux enfants suivent en III.

 

église de Vault-de-Lugny
église de Vault-de-Lugny

II. MONSANGLAT Suzanne : Née vers 1646, elle apprit à signer son nom. Le 6 février 1676, en l’étude d’Antoine Mynard, elle vendit en l’absence de Pierre Monsanglat, son frère vivant à Genève, une chambre avec chauffoir, en compagnie de ses frères Etienne et Jacques Monsanglat. Avec sa mère et ses deux frères Etienne et Jacques, elle vendit aussi, le 29 août 1677 au laboureur Antoine Mynard, demeurant à Valloux, la moitié d'une grange située en la rue des Montenats, audit hameau de Valloux à Vault-de-Lugny. [17]

Le 6 juin 1678, âgée de 32 ans, Suzanne Monsanglat épousa un jeune drapier de 26 ans dénommé Jacques La Chapelle, fils de Jean La Chapelle et de sa femme Isabelle Lemoy, ceci au temple réformé du bailliage d’Auxois, à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or). [18] Son époux alla vivre avec elle à Brazey-en-Morvan (Côte-d’Or). Elle y résidait déjà lorsque sa mère, le 30 mars 1682, lui fit don d’un bâtiment en indivis qui se trouvait au hameau de Valloux, à partager avec son frère Jacques Monsanglat et sa nièce Marie Madeleine Monsanglat, femme de Jean Louis Constantin. [19]

Vivant loin de Vault-de-Lugny, Suzanne Monsanglat et son époux décidèrent de se départir des biens qu’ils y possédaient. Le 19 mai 1687, ils commencèrent par vendre un bâtiment appelé « le meix des Montenats », situé au hameau de Valloux, ceci à deux vignerons du cru : Edmé Sapin et son gendre Nicolas Masson. [20] Le lendemain, 20 mai 1687, avec leur frère et beau-frère Jacques Monsanglat, venu de Montigny-Montfort, ils vendirent au vigneron Jean Maillot et à Jeanne Sapin, sa femme, des vignes à Vault-de-Lugny. [21] Pour finir, le 28 septembre 1687, devant maître Cousin, notaire à Saulieu (Côte-d’Or), elle donna procuration à Jacques La Chapelle, son époux, l’autorisant à la représenter à Vault-de-Lugny. Celui-ci put ainsi aller, le 3 octobre 1687, chez le notaire Antoine Mynard, en présence de qui il vendit aux frères Joseph et Henri Mynard, tous deux laboureurs, et à leur sœur Françoise Mynard, qui vivait avec eux au hameau de Valloux, un bâtiment et des terres se trouvant dans ce même hameau, ceci en un lieu appelé « le meix des Montenats ». [22]

  

II. MONSANGLAT Jacques : Né à une date encore inconnue, il se rendit le 6 février 1676 chez le notaire Antoine Mynard, avec son frère Etienne Monsanglat et sa sœur Suzanne, afin de vendre une chambre avec chauffoir, ceci en l’absence de son frère Pierre vivant en la ville de Genève. Puis, le 29 août 1677, devant le même notaire, il vendit la moitié d’une grange située en la rue des Montenats, au hameau de Valloux, avec sa mère, son frère Etienne et sa sœur. Enfin, toujours devant le même notaire de Vault-de-Lugny, il assista comme témoin, le 1er novembre 1677, à la conclusion du contrat de mariage entre sa nièce Marie Madeleine Monsanglat et Jean Louis Constantin. [23]

À l’époque, Jacques Monsanglat résidait encore avec sa famille au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny. Il finit toutefois par s’installer à Montigny-Montfort, au sud de Montbard (Côte-d’Or). C’est là qu’il avait élu domicile lorsque sa mère, le 30 mars 1682, lui donna un bâtiment en indivis situé au hameau de Valloux, à partager avec sa sœur Suzanne Monsanglat et sa nièce Marie Madeleine Monsanglat. [24] Il demeurait toujours sur place, à Montigny-Montfort, quand il s’y maria le 21 juillet 1687, en l’église catholique dudit lieu, avec Claudine Ladrée, fille de Quentin Ladrée. [25]

 

enfants d’Etienne Monsanglat et Anne Lafond

 

III. MONSANGLAT Marie Madeleine : Née à une date inconnue, elle fut baptisée comme ses parents au sein de l’Église de Calvin. Le 10 novembre 1676, en la chapelle réformée du château du Vault-Jaucourt, à Vault-de-Lugny, elle convola en justes noces avec un vigneron qui s’appelait Jean Louis Constantin, fils du vigneron Pierre Constantin et de Jeanne Bailly, alors décédée. [26] L’époux et les beaux-parents de la mariée étaient eux aussi protestants et vivaient au hameau de Valloux. Baptisé au temple de Vault-de-Lugny, Jean Louis Constantin avait reçu pour marraine Françoise Renée de Jaucourt, maîtresse du château. Un an après leur union religieuse, les jeunes mariés conclurent le 1er novembre 1677 un contrat de mariage. [27]

Jean Louis Constantin avait une tante portant le nom de Françoise Constantin, qui s’était unie avant 1648 à un drapier s’appelant Louis Moreau. Il avait aussi un frère aîné, Louis Constantin, veuf en premières noces d’Anne Lamas, qui en secondes noces s’était marié le 8 février 1677, en la chapelle réformée dudit château du Vault-Jaucourt, avec Suzanne Testevuide, élevée à Gié-sur-Seine (Côte-d’Or). [28] Il avait enfin une sœur, Marthe Constantin, née vers 1649, qui avait passé un contrat de mariage le 8 février 1665 avec un tissier en toile nommé Louis Fernet, domicilié aux hameaux de Valloux puis de Vermoiron à Vault-de-Lugny. [29] Tous étaient membres de l’Église fondée par Calvin.

Contrairement à sa compagne, Jean Louis Constantin savait signer. Le 23 janvier 1678, il assista en qualité de témoin à la signature du contrat de mariage alliant son cousin germain Timothée Moreau, fils du drapier Louis Moreau et de Françoise Constantin, à une tante paternelle de son épouse : Marthe Petion. [30] Il assista ensuite, le 10 juin 1679, à l’enterrement au cimetière protestant de Vault-de-Lugny de son père, trépassé le jour même au hameau de Valloux. [31]

Le 30 mars 1682, devant le notaire Antoine Mynard, Marie Madeleine Monsanglat reçut de sa grand-mère paternelle Marie Montenat, en indivis avec son oncle Jacques Monsanglat et sa tante Suzanne Monsanglat, épouse de Jacques La Chapelle, un bâtiment situé au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny. [32]

Comme tous les protestants, elle dut changer de vie à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, publiée le 17 octobre 1685 à Fontainebleau. Six mois plus tard, en effet, le 15 avril 1686, le curé de Vault-de-Lugny, Joseph Courtot, se rendit au hameau de Valloux avec le notaire Antoine Mynard pour entrer à l’improviste chez plusieurs anciens protestants de sa paroisse, afin de les exhorter à remplir leur devoir pascal en allant à confesse avant de communier. En la maison de Louis Moreau et de son fils Pierre Moreau, il rencontra tout un groupe de « nouveaux convertis » qui, aussitôt, se déclarèrent tous prêts à obéir aux commandements de l’Église catholique, réclamant toutefois un délai pour s’y conformer. Alors que certains voulaient réfléchir pendant six mois ou un an, pour retarder quelque peu l’échéance, Jean Louis Constantin et sa femme Marie Madeleine Monsanglat se contentèrent l’un et l’autre d’un délai plus bref, jusqu'à la Pentecôte. [33]

Le 27 avril 1689, tous deux vendirent à Edmé Maria, taillandier résidant au hameau de Vermoiron à Vault-de-Lugny, quelques vignes situées en ladite paroisse de Vault-de-Lugny, non loin d’Avallon. [34]

Le père de Marie Madeleine Monsanglat était décédé en 1677. Ce ne fut que le 26 mai 1692, toutefois, que tous les biens du défunt furent partagés entre ses deux enfants, à savoir ladite Marie Madeleine et son jeune frère Pierre Monsanglat, encore mineur et placé sous la curatelle de Lazare Petion. À l’époque, Jean Louis Constantin et sa conjointe demeuraient à « Montfort, paroisse de Santigny en Auxois ». [35] Comme il n’y a à Santigny aucun hameau du nom de Montfort, et étant donné que le couple a vécu à Montigny-Montfort par la suite, il semblerait que le « Montfort » en question était en fait le hameau de ce nom à Montigny.

Le 17 juin 1693, Jean Louis Constantin et son épouse vendirent à Joseph et Henri Mynard une grange située au hameau de Valloux, à Vault-de-Lugny. [36] Ensuite, le 2 avril 1698, ils vendirent pour le prix de 80 livres tournois des terres situées au même hameau. [37]

Jean Louis Constantin mourut à une date inconnue, à Montigny-Montfort (Côte-d’Or). De vigneron, il était devenu sur place brandevinier. Sa veuve lui survécut de nombreuses années. Le 17 avril 1722, chez Pierre Mandonnet, notaire résidant à Montbard (Côte-d’Or), elle consentit par écrit à ce que le 26 avril suivant, en l’église catholique de Vault-de-Lugny, son fils Joseph Constantin épousât Jeanne Moreau, fille de Timothée Moreau et de Marthe Petion. Ce consentement passé devant notaire fut mentionné par le curé de Vault-de-Lugny dans l'acte de mariage religieux. [38]

Les enfants de ladite Monsanglat suivent en IV.

 

III. MONSANGLAT Pierre : Né à une date encore inconnue, avant le décès de son père en 1677, il était toujours mineur, sous la curatelle de Lazare Petion, le second conjoint de sa grand-mère paternelle, lorsque le 26 mai 1692, devant le notaire Antoine Mynard, fut effectué le partage des biens de son défunt père, entre lui et sa sœur Marie Madeleine Monsanglat. [39]

 

enfants de J .L. Constantin et M.M. Monsanglat

 

IV. CONSTANTIN Françoise : Native de Vault-de-Lugny, où elle vit le jour le 12 mars 1680 au hameau de Valloux, elle fut baptisée aussitôt par le pasteur de la chapelle réformée du château du Vault-Jaucourt, le jour même de sa naissance. Son parrain était Joachim de Jaucourt, chevalier et seigneur de Saint-Andeux, et sa marraine Françoise Renée de Jaucourt, domiciliée audit château du Vault, dame d’Ausson. [40]

 

IV. CONSTANTIN Jeanne : Née 26 décembre 1685 au hameau de Valloux, à Vault-de-Lugny, deux mois après la révocation de l’édit de Nantes, elle ne fut pas baptisée en la chapelle réformée du château du Vault-Jaucourt, comme sa sœur aînée Françoise, mais reçut le baptême en l’église catholique de Vault-de-Lugny, le lendemain de sa naissance. Ses parrain et marraine étaient Louis Gourlot, fils de Jean Gourlot, et Jeanne Clément, fille du tonnelier Joseph Clément. [41]  Malgré ce baptême catholique, les parents de l’enfant étaient encore hésitants : le 15 avril 1686, ils demandèrent à Joseph Courtot, curé de Vault-de-Lugny, un délai de quarante jours, jusqu’à la Pentecôte, avant de se plier aux commandements de l’Église catholique. [42]

 

IV. CONSTANTIN Louise : Née à Valloux comme ses deux sœurs, elle fut baptisée le 18 décembre 1688 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Ses parrain et marraine étaient Pierre Brossier, vigneron résidant lui aussi à Valloux, et Louise Contet, une protestante convertie au catholicisme, veuve de Pierre Moreau et femme en secondes noces de Gabriel Berthelot, tissier en toile audit hameau de Valloux. [43] Le choix comme marraine d’une ancienne protestante semble indiquer que, trois ans après la révocation de l’édit de Nantes, les parents de l’enfant étaient encore récalcitrants.

 

IV. CONSTANTIN Joseph : Né lui aussi au hameau de Valloux, il fut reçu au baptême le 8 mars 1692 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Ses parrain et marraine étaient Joseph Montenet, fils d’un vigneron de Valloux nommé Claude Montenet et de son épouse Marie Ravereau, et Josèphe Rolley, femme de Joseph Mynard, laboureur à Vault-de-Lugny. [44]

Joseph Constantin devint lui aussi laboureur. N’ayant pas reçu une éducation aussi bonne que son père, il ne sut jamais bien signer son nom, oubliant très souvent des lettres d’alphabet en l’écrivant.

Le 6 avril 1722, âgé de 30 ans et toujours célibataire, il assista en l’église catholique de Vault-de-Lugny au baptême d’un fils naturel qu’il reconnut comme étant le sien, issu de ses œuvres avec Jeanne Moreau, fille de Timothée Moreau et de Marthe Petion. Il confirma au curé qu’il désirait épouser la mère de l’enfant, qui lui était apparentée au troisième degré, et affirma que seules des circonstances imprévues avaient retardé la réalisation de son projet : le siège épiscopal d’Autun étant vacant, c’est à l’archevêque de Lyon qu’il avait été obligé de s’adresser pour obtenir une dispense de consanguinité, mais cette pièce essentielle n’avait été octroyée que le 25 mars 1722, en plein carême. [45]

Carême étant terminé, Joseph Constantin put épouser Jeanne Moreau le 26 avril 1722, tout juste vingt jours après le baptême de son fils. Les noces eurent lieu en l'église catholique de Vault-de-Lugny, en présence de Louis Gourlot, petit-cousin du marié, et de l’époux de sa cousine germaine Marthe Fernet, le tissier en toile François Bornet. [46] De cette alliance tardive naquirent jusqu’à trois filles et deux garçons.

Trois ans après son mariage, le 5 avril 1725, Joseph Constantin assista en l'église catholique de Vault-de-Lugny aux obsèques de Jacques Moreau, frère de son épouse. Il demeurait encore à l’époque au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny. Il déménagea toutefois au cours de l’année et s’installa avant le mois d’octobre en la paroisse de Girolles. C’est là en effet qu’il vivait lorsqu’il assista, le 20 novembre 1726 en ladite église catholique de Vault-de-Lugny, aux funérailles de son beau-père Timothée Moreau.

Il finit cependant par retourner à Valloux. Il continua d’y travailler comme laboureur mais y exerça aussi le métier de brandevinier. Le 5 février 1753, en l'église catholique de Vault-de-Lugny, il assista aux noces de son fils Lazare Constantin, uni à Jeanne Montenat. Il décéda dans les dix années qui suivirent. Il était déjà mort, en effet, lorsque sa femme assista au mariage de leur fils Joseph Constantin avec Edmée Choudey, le 14 février 1763 en la même église.

Ses enfants suivent en V.

 

IV. CONSTANTIN Pierre : Né comme son frère et ses trois sœurs au hameau de Valloux, il fut baptisé le 3 janvier 1696 en ladite église catholique de Vault-de-Lugny. Son parrain était Pierre Defer, laboureur audit hameau de Valloux, et sa marraine Françoise Rolley, fille de Claude Rolley, lui aussi laboureur demeurant au même hameau. [47] Devenu adulte, Pierre Constantin travailla comme marchand. Il savait signer son nom. Le 3 novembre 1750, en l’église catholique de Vault-de-Lugny, il convola en justes noces avec une femme nommée Catherine Choudey, fille de feu Dominique Choudey, laboureur, et de sa défunte épouse Jérômine Choudey, ceci en présence de Lazare Constantin, son neveu, et de Louis Gourlot, son petit-cousin.

 

IV. CONSTANTIN Marie : Née vraisemblablement à Montigny-Montfort (Côte-d’Or), ses parents étaient déjà morts lorsqu’elle se maria en l’église catholique dudit Montigny, le 15 novembre 1729, ceci avec Jean François Droz, natif de Montbenoît (Doubs), fils des défunts Guillaume Droz et Marguerite Febvre. [48] Elle ne semble pas avoir vécu avec son mari à Montigny-Montfort, où aucun de ses enfants ne s’est marié.

 

Vault-de-Lugny carte de Cassini
Vault-de-Lugny carte de Cassini

LA POSTÉRITÉ ISSUE DU SECOND LIT

  

Marie Montenat avait eu de son second mari, Lazare Petion, une fille et quatre garçons. Ils reçurent tous le baptême au sein de l’Église réformée, mais leurs actes de baptême respectifs ont tous disparu :

 

enfants de Lazare Petion et Marie Montenat

 

II. PETION Marthe : Née vers l’an 1661, elle avait 14 ans quand elle fut reçue, en 1675, à la communion des fidèles de la communauté réformée de Sarry, bien que vivant à Vault-de-Lugny, au hameau de Valloux. Le 23 janvier 1678, à l’âge de 17 ans environ, devant Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, elle passa un contrat de mariage avec Timothée Moreau, fils du drapier Louis Moreau et de Françoise Constantin, du hameau de Valloux Les deux futurs époux promirent de convoler « selon Dieu et en face de l’assemblée de ceux de la religion prétendue réformée ». [49] À l’instar de la jeune fiancée, le futur marié et ses deux parents étaient en effet protestants. Le mariage religieux, qui eut lieu le 23 janvier 1679, un an jour pour jour après la signature du contrat de mariage, fut donc célébré à la chapelle réformée du château du Vault-Jaucourt, à Vault-de-Lugny. Le marié y était accompagné de ses cousins germains Louis et Jean Louis Constantin, qui étaient tous deux protestants et vignerons. [50]

Timothée Moreau, né vers l’an 1659, avait trois frères et une sœur, tous plus âgés que lui : Jean Moreau, né vers 1649, qui le 12 février 1673 avait fait un contrat de mariage avec Catherine Ladois, née elle aussi vers 1649, fille de Daniel Ladois et de son épouse Claude Grados, demeurant à Argenteuil [51] ; Pierre Moreau, né vers 1653, qui le 26 avril 1683 s’allia en justes noces au temple réformé de Sarry avec Louise Contet, fille de Jean Contet et de Suzanne Heverling, domiciliés à Genay (Côte-d’Or) [52] ; Marthe Moreau, née en 1656, qui épousa après 1683 un certain Gabriel Mathieu ; et enfin Louis Moreau, né en 1658, qui prit pour femme Laurence Sellier, née quant à elle vers 1670.  

Contrairement à son épouse, Timothée Moreau savait signer. Le 23 mai 1679, en la ville d’Avallon, devant le notaire Charles Gourlet, il comparut en compagnie de Lazare Petion et de Marie Montenat, parents de sa femme, recevant avec eux la somme de 500 livres en louis d’or de Philippe Lotin, marchand demeurant lui aussi à Vault-de-Lugny, ceci en échange d’une rente annuelle et perpétuelle de 31 livres et 5 sols tournois. Les 500 livres ainsi perçues devaient être employées au remboursement d’une somme équivalente à Anne Jacquinot, veuve d'Etienne Filsjean qui de son vivant était conseiller du roi et maître des comptes du roi en la chambre ordinaire de Dijon. [53]

À l’époque, le père de Timothée Moreau était encore en vie. Le 13 décembre 1683, se sentant diminué par son âge déjà avancé, il céda devant Antoine Mynard, notaire à Vault-de-Lugny, la totalité de ses biens à ses cinq enfants nommés Jean, Pierre, Timothée, Louis et Marthe Moreau, ceci en échange d’une rente viagère se montant à 50 livres tournois par an. [54]

Deux mois plus tard, le 8 février 1684, Marthe Petion se rendit au temple réformé de Noyers établi au bourg de Sarry. Choisie comme marraine, elle y tint sur les fonts baptismaux la petite Marthe Moreau, qui était la nièce de son mari Timothée Moreau et la fille de son beau-frère Pierre Moreau et de Louise Contet.[55]

Le 25 août 1685, pour une raison inconnue, le père de Timothée Moreau annula devant son notaire Antoine Mynard, à Vault-de-Lugny, la cession qu’il avait faite le 13 décembre 1683 de tous ses biens au bénéfice de ses cinq enfants, devant le même notaire. [56]

La révocation de l’édit de Nantes, le 17 octobre 1685, changea la vie de Marthe Petion. Elle demeurait alors avec son mari chez Lazare Petion et Marie Montenat, ses parents, au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny. C’est là qu’elle se trouvait, avec sa mère, quand le 15 avril 1686 le curé Joseph Courtot fit irruption en leur domicile, suivi du notaire Antoine Mynard. Exhortées par le prêtre à obéir au plus vite aux commandements de l’Église catholique en allant accomplir leur devoir pascal, la mère et la fille se déclarèrent prêtes l’une et l’autre à se confesser puis à communier, mais elles ne voulaient s’y disposer qu’après un an de réflexion. Le curé se rendit alors avec le notaire chez Louis Moreau et son fils Pierre Moreau, qui demeuraient également au hameau de Valloux. Il y rencontra, parmi tous les protestants qui s’y trouvaient, le laboureur Timothée Moreau, conjoint de Marthe Petion et fils dudit Louis Moreau. Le jeune laboureur, questionné par le prêtre en présence du notaire, répondit avec l’ensemble des autres personnes interrogées qu’il voulait bien aller à confesse et communier, mais demanda aussitôt un an de réflexion pour se plier à la nouvelle donne. [57]

Un an plus tard, en 1687, dans le rapport qu’il écrivit sur les anciens protestants de Vault-de-Lugny, le curé Joseph Courtot observa que Marthe Petion, jusque là, n'avait jamais assisté à la moindre messe.

Le père de Timothée Moreau, à cette époque, était en procès avec son neveu Louis Fernet, tisserand vivant au hameau de Vermoiron, à Vault-de-Lugny, fils des défunts Jean Fernet et Marie Moreau. Le neveu avait contesté, en effet, les clauses du testament de sa tante Suzanne Moreau, unie à Timothée Badelet, marchand qui exerçait à Brinon-sur-Beuvron (Nièvre). Dans ce document remontant au 5 novembre 1671, dressé par maître Chaufournier, notaire audit lieu de Brinon-sur-Beuvron, la tante en question avait légué la totalité de ses biens à son frère Louis Moreau, père de Timothée Moreau, ceci au détriment de tous les autres héritiers légitimes dont ledit Louis Fernet. Ce dernier, étant en passe de gagner son procès, qui avait été porté devant le parlement de Dijon en appel, accepta finalement de transiger avec son oncle, le 12 novembre 1690 devant le notaire Antoine Mynard. Par cet accord, l’oncle dut promettre à son neveu de lui verser la somme de 200 livres tournois sur la succession de sa sœur, ceci avec la caution de tous ses enfants. [58] Ne pouvant assumer seul le paiement de cette dette, Louis Moreau décida aussitôt, le 12 novembre 1690, d’abandonner tous ses biens à ses fils Jean et Timothée Moreau, présents en l’étude du notaire, ainsi qu’à sa fille Marthe Moreau, absente, à charge pour ceux-ci de payer les 200 livres tournois dues à leur cousin Louis Fernet. [59]

Le 8 avril 1696, Timothée Moreau et sa sœur Marthe Moreau, accompagnée de son époux le tissier en toile Gabriel Mathieu, résidant tous au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny, cédèrent à leur frère Jean Moreau, exerçant lui aussi l’activité de tissier en toile au même hameau, les deux tiers de la moitié d'un bâtiment situé audit Valloux dont ils avaient hérité de Louis Moreau et Françoise Constantin, leurs parents, les autres hoirs étant les enfants du défunt Pierre Moreau et son frère Louis Moreau, qui était « hors du royaume ». [60]

À la fin de 1696, Timothée Moreau fut élu échevin du hameau de Valloux avec François Montenat le jeune, pour toute l’année suivante. Dès le 6 janvier 1697, les deux hommes réunirent devant notaire, sur la place du hameau, tous les habitants mâles formant l’assemblée générale de Valloux, ceci pour délibérer avec eux des affaires courantes de la communauté. [61] Ils agirent de même le 9 avril 1697, [62] puis le 16 juin 1697. [63]

Le 15 avril 1698, au bout de vingt années de mariage, Timothée Moreau et sa femme Marthe Petion mirent en commun tous leurs biens propres, le survivant des deux devant nourrir et habiller jusqu'à l'âge de 20 ans leur quatre enfants, prénommés Marguerite, François, Jacques et Jeanne, procurant un métier aux garçons et une bourse et un trousseau de mariée aux filles. [64]

Le même jour, 15 avril 1698, Lazare Petion céda tous ses biens à son gendre Timothée Moreau, et à sa fille Marthe Petion, à charge pour ceux-ci de le nourrir et entretenir jusqu'à son décès, et de verser la somme de 100 livres à son fils Lazare Petion, parti en exil après la révocation de l’édit de Nantes, si celui-ci revenait à Vault-de-Lugny après douze ans d’absence. [65]

Contrairement à son frère Lazare, Marthe Petion était restée dans son pays avec son mari. Elle n’était point devenue pour autant une fervente catholique. Dans un rapport établi en l’an 1699 sur les anciens protestants de Vault-de-Lugny, le curé Joseph Courtot se plaignit d’elle à deux reprises, ajoutant que Timothée Moreau, son mari, n’allait que rarement à la messe.

Ce dernier, toutefois, dut se rendre le 29 mai 1700 en l’église catholique de sa paroisse. Il y assista avec son frère Jean Moreau aux funérailles de leur père, Louis Moreau, qui avant sa mort, pendant sa maladie, avait accepté de recevoir les saints sacrements de pénitence et d'extrême-onction. Il assista ensuite, le 6 mai 1701 dans la même église catholique, aux funérailles d’un ancien protestant nommé Gabriel Colon, marchand et époux de Marie Lotin. Pour finir, il assista aux noces successives de trois de ses enfants, mariés par le curé de Vault-de-Lugny en ladite église catholique : le 25 novembre 1711, sa fille aînée Marguerite Moreau y a épousé Simon Rossignol, laboureur vivant au hameau de Vermoiron ; puis le 27 avril 1716 son fils Jacques Moreau s’y est uni à Edmée Mynard, fille de Claude Mynard, laboureur, et de la défunte Edmée Rolley ; sa fille puînée Jeanne Moreau, enfin, y a reçu pour mari Joseph Constantin, le 26 avril 1722. [66]

Marthe Petion vivait encore à cette époque. Elle était déjà morte, cependant, lorsque Timothée Moreau, son conjoint, assista le 29 avril 1725 aux funérailles de sa sœur Marthe Moreau, en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Timothée Moreau mourut à son tour un an et demi plus tard. Ayant reçu, pendant sa maladie, les saints sacrements de pénitence et d’eucharistie, ainsi que celui d’extrême-onction, il fut inhumé en l’église catholique de Vault-de-Lugny le 20 novembre 1726, ceci en présence de son gendre Joseph Constantin, de Girolles, et de ses cousins Jean Louis Ladois, père et fils, tous deux domiciliés à Lucy-le-Bois. [67]

Ses enfants suivent en III.

 

II. PETION Lazare : Né à une date inconnue, il fut présent lors de la signature du contrat de mariage qui unissait sa sœur Marthe Petion à Timothée Moreau, le 23 janvier 1678 devant le notaire Antoine Mynard. [68] Après la révocation de l’édit de Nantes, le 17 octobre 1685 à Fontainebleau, il ne voulut pas se convertir au catholicisme. Le 15 avril 1686, en effet, apercevant le curé Joseph Courtot chez ses parents, qui exhortait sa mère Marie Montenat et sa sœur Marthe Petion à aller se confesser puis communier pour remplir leur devoir pascal, il sortit aussitôt de la maison. [69] Peu de temps plus tard, dans le courant de l’année 1686, il quitta la France pour se réfugier dans un pays protestant. Il ne revit jamais plus sa famille restée à Vault-de-Lugny. Le 15 avril 1698, soit douze années après le départ de l’exilé, son père céda tous ses biens à sa fille Marthe Petion et à son gendre Timothée Moreau, réservant la somme de 100 livres tournois à son fils expatrié, pour le cas où celui-ci reviendrait en France. [70]

 

II. PETION Zacharie : Né à une date inconnue, il assista lui aussi à la signature du contrat de mariage alliant sa sœur Marthe Petion à Timothée Moreau, le 23 janvier 1678 devant le notaire Antoine Mynard. [71]

 

II. PETION Jean Louis : Né à une date inconnue, il reçut la somme de 20 livres tournois d’une femme qui s’appelait Marthe Bollenat, ceci dans le testament qui fut dicté par elle à son notaire le 25 mars 1681. [72]

 

II. PETION Antoine : Né lui aussi à une date restant inconnue, il était toujours mineur lorsque ses parents, malades et alités, se donnèrent mutuellement tous les biens qu’ils possédaient, le 2 juin 1692, sous réserve que le dernier survivant des deux continuât à habiller et nourrir, jusqu’à l’âge de 20 ans ou jusqu’au jour de son mariage, ledit Antoine Petion. [73]

 

enfants de Timothée Moreau et Marthe Petion

 

III. MOREAU Marguerite : Née le 7 mai 1680, au hameau de Valloux, elle fut baptisée le même jour en la chapelle réformée du château du Vault-Jaucourt, à Vault-de-Lugny. Ses parrain et marraine étaient René Guillaumot de La Bergerie, avocat, et Marguerite de Loron, fille de René de Loron, chevalier, seigneur de Tharot. [74] Le 15 avril 1698, ses parents mirent devant notaire tous leurs biens propres en commun, à charge pour le dernier survivant de nourrir et habiller jusqu’à l’âge de 20 ans leur quatre enfants, donnant un métier aux garçons et une bourse et un trousseau de mariée à ladite Marguerite Moreau et à sa sœur. [75]

Le 25 novembre 1711, alors qu’elle avait atteint l’âge de 31 ans, Marguerite Moreau, qui depuis longtemps n’était plus protestante, épousa en l’église catholique de Vault-de-Lugny un homme qui se nommait Simon Rossignol, lequel travaillait au hameau de Vermoiron comme laboureur et vigneron. [76]

Cet homme assista le 26 avril 1722, avec son épouse, au mariage religieux de sa belle-sœur Jeanne Moreau avec Joseph Constantin, en ladite église catholique de Vault-de-Lugny, puis, le 5 avril 1725, au même lieu, aux obsèques de son beau-frère Jacques Moreau.

Ses enfants suivent en IV.1.

 

III. MOREAU François : Né vers 1682, il avait déjà 16 ans lorsque ses parents, le 15 avril 1698, mirent en commun tous leurs biens propres, ceci à charge pour le survivant des deux de nourrir et vêtir, jusqu'à l'âge de 20 ans, leur quatre enfants, procurant une bourse et un trousseau de mariée aux deux filles et un métier à leur fils François Moreau et à son frère. [77]

 

III. MOREAU Jacques : Né au hameau de Valloux le 13 février 1684, à Vault-de-Lugny, il fut baptisé le 16 février suivant au temple réformé de Noyers établi au bourg de Sarry. Son parrain était Jacques Ladois et sa marraine Madeleine Michel. [78] Il avait déjà 14 ans quand ses parents mirent en commun tous leurs biens propres, le 15 avril 1698, le dernier survivant devant nourrir et habiller, jusqu'à l'âge de 20 ans, leur quatre enfants, procurant en plus une bourse et un trousseau aux deux filles et un métier à Jacques Moreau et à son frère. [79] Jacques Moreau devint laboureur au hameau de Valloux. Il savait signer son nom. Le 25 novembre 1711, en l’église catholique de Vault-de-Lugny, il fut présent lors des noces de sa sœur Marguerite Moreau avec Simon Rossignol. Il se maria au même lieu cinq ans plus tard, le 27 avril 1716, s’alliant à une femme dénommée Edmée Mynard, fille du laboureur Claude Mynard et de la défunte Edmée Rolley, domiciliés au hameau de Valloux eux aussi. Jacques Moreau rendit l’âme neuf ans plus tard, ceci après avoir communié, le dimanche de Pâques 1er avril 1725, puis après avoir reçu pendant sa maladie le saint sacrement d’extrême-onction. Étant mort en bon chrétien, il fut inhumé dès le 5 avril suivant à l’intérieur de l’église catholique de Vault-de-Lugny. Sa veuve, Edmée Mynard, se maria en secondes noces au même lieu avec Edmé Degoix, ceci le 21 janvier 1727. [80]

Ses enfants du premier lit suivent en IV.2.

 

III. MOREAU Jeanne : Née au hameau de Valloux, après la révocation de l’édit de Nantes, elle fut reçue au baptême le 7 avril 1689 en ladite église catholique de Vault-de-Lugny. Ses parrain et marraine étaient le laboureur Jean Mynard et la fille de Simon Griffon et de Louise Billy, à savoir Jeanne Griffon. [81] La jeune enfant avait 9 ans quand ses parents, le 15 avril 1698, mirent en commun tous leurs biens propres, à charge pour le survivant des deux de nourrir et vêtir, jusqu'à l'âge de 20 ans, leur quatre enfants, en procurant aux deux garçons un métier, et une bourse et un trousseau de mariée à ladite Jeanne Moreau et à sa sœur. [82]

En août 1721, à l’âge de 32 ans, Jeanne Moreau céda aux avances de Joseph Constantin, son jeune neveu à la mode de Bourgogne, fils de Jean Louis Constantin et de Marie Madeleine Monsanglat (voir ci-avant). De ces amours furtives naquit un fils naturel, baptisé le 6 avril 1722 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. La mère de l’enfant se fit toutefois épouser au même lieu vingt jours plus tard par son galant, le 26 avril de la même année, en présence de son beau-frère Simon Rossignol. [83] Jeanne Moreau ne savait pas signer son nom. Le 5 février 1753, en ladite église catholique de Vault-de-Lugny, elle assista avec son mari aux noces de leur fils Lazare Constantin avec Jeanne Montenat, puis, le 14 février 1763 au même endroit, au mariage de leur fils Joseph Constantin avec Edmée Choudey, alors qu’elle était déjà veuve de son époux. [84]

Ses enfants suivent en V.

 

III. MOREAU Marie : Née au hameau de Valloux, elle fut baptisée le 23 avril 1699 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Son parrain était Jean Personnier, marchand demeurant à Avallon, et sa marraine Marie Mynard, veuve de l'écuyer Georges de Blanchefort. [85] Sa destinée ultérieure reste inconnue.

 

enfants de Simon Rossignol et Marguerite Moreau

 

IV.1. ROSSIGNOL Edmée : Née à Vault-de-Lugny, au hameau de Vermoiron, elle fut baptisée le 21 août 1712 en l’église catholique de la paroisse. [86]

 

IV.1. ROSSIGNOL Edmé : Né lui aussi au hameau de Vermoiron, il fut baptisé en l’église catholique de Vault-de-Lugny le 4 février 1714. [87]

 

IV.1. ROSSIGNOL Jeanne : Née à Vermoiron, elle fut baptisée elle aussi en l’église catholique de Vault-de-Lugny, ceci le 19 février 1715. [88]

 

IV.1. ROSSIGNOL Marie : Née à Vault-de-Lugny, au hameau de Vermoiron, elle fut baptisée en l’église catholique de la paroisse de 28 septembre 1716. [89]

 

IV.1. ROSSIGNOL Jean : Né à Vermoiron, il reçut le baptême le 14 avril 1721 en ladite église catholique de Vault-de-Lugny. [90] Le 5 février 1753, étant âgé de presque 32 ans, il assista au même endroit aux noces de son cousin germain Lazare Constantin, qui s’alliait ce jour-là avec une certaine Jeanne Montenat. [91]

 

enfants de Jacques Moreau et Edmée Mynard

 

IV.2. MOREAU Catherine : Née à Vault-de-Lugny, au hameau de Valloux, elle fut admise au baptême en l’église catholique de la paroisse le 21 mai 1716. [92]

 

IV.2. MOREAU Pierre : Né au hameau de Valloux, à Vault-de-Lugny, il fut baptisé le 24 décembre 1717 en l’église catholique de ladite paroisse. [93]

 

IV.2. MOREAU Jeanne : Née elle aussi au hameau de Valloux, elle fut baptisée en l’église catholique de Vault-de-Lugny le 17 mars 1720. [94]

 

IV.2. MOREAU Edmé : Né au hameau de Valloux à Vault-de-Lugny, il fut lui aussi admis au baptême en l’église catholique de la paroisse, le 12 mars 1721. [95]

 

IV.2. MOREAU Edmée : Né au hameau de Valloux, il fut baptisé le 8 mars 1722 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. [96]

IV.2. MOREAU Marie : Née à Vault-de-Lugny, au hameau de Valloux, elle fut baptisée le 25 avril 1724 en l’église catholique de la paroisse. [97]

 

LA POSTÉRITÉ ISSUE DES DEUX LITS

 

Avec le temps, les deux conjoints de Marie Montenat finirent par avoir une descendance commune. Joseph Constantin, arrière-petit-fils du premier mari, épousa en effet Jeanne Moreau, petite-fille du second :

 

enfants de Joseph Constantin et Jeanne Moreau

 

V. CONSTANTIN Joseph : Né avant le mariage de ses parents au hameau de Valloux, à Vault-de-Lugny, il fut baptisé dès le 6 avril 1722 en l’église catholique dudit lieu. Ses parrain et marraine étaient le laboureur Joseph Arbillot, du hameau de Vermoiron, et Edmée Mynard, épouse de son oncle Jacques Moreau. Dans l’acte de baptême, le prénom du nouveau-né n’a point été indiqué, mais il s’agit probablement de Joseph, le prénom du parrain. Le 12 novembre 1753, en l’église catholique de Vault-de-Lugny, Joseph Constantin fut le parrain de sa nièce Jeanne Constantin, fille aînée de Lazare Constantin et de Jeanne Montenat. Il se maria ensuite dix ans plus tard, le 14 février 1763 au même endroit, ceci avec une femme qui se nommait Edmée Choudey, fille des défunts Jean Choudey et Philiberte Benoist. Aucun enfant ne naquit de cette union.

 

V. CONSTANTIN Françoise : Née audit hameau de Valloux, elle fut reçue au baptême le 21 mai 1724 en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Ses parrain et marraine étaient Louis Gourlot, fils du meunier Louis Gourlot, et Françoise Moreau, épouse du compagnon de rivière François Gillet, domiciliée à Cravant, tante à la mode de Bourgogne du nourrisson. À l’âge de 31 ans, le 12 avril 1755, Françoise Constantin fut choisie comme marraine d’une nièce portant elle aussi le nom de Françoise Constantin, fille de Lazare Constantin et de Jeanne Montenat, admise au baptême ce jour-là en l’église catholique de Vault-de-Lugny.

 

V. CONSTANTIN Lazare : Né le 26 octobre 1725 à Girolles, il reçut le baptême le même jour en l’église catholique de ladite localité. [98] À l’âge mûr de 25 ans, alors qu’il exerçait l’activité de laboureur au hameau de Valloux, il assista le 3 novembre 1750 au mariage de son oncle paternel Pierre Constantin, uni ce jour-là en l’église catholique de Vault-de-Lugny à Catherine Choudey. Lazare Constantin se maria à son tour deux ans et demi plus tard. Le 5 février 1753, il convola en justes noces en la même église avec Jeanne Montenat, fille de Georges Montenat, laboureur à Valloux, et de Josèphe Benoist, ceci en présence de Jean Rossignol, son cousin germain, ainsi que de son oncle Jean Louis Ladois. Les deux mariés ne savaient point signer.

Lazare Constantin travailla aussi comme vigneron et brandevinier. Le 14 février 1763, toujours en l’église catholique de Vault-de-Lugny, il assista aux noces de son frère Joseph Constantin avec Edmée Choudey. Il mourut avant le 21 novembre 1791, date à laquelle sa fille Antoinette Constantin fut unie à Germain Bornet par les liens du mariage. Jeanne Montenat, la mère de la mariée, était encore en vie à l’époque.

Leurs enfants suivent en VI.

 

V. CONSTANTIN Jeanne : Née à Girolles, comme son frère Lazare, elle fut reçue au baptême en l’église catholique dudit lieu le jour même de sa naissance, le 20 mars 1727. [99] Sa vie ultérieure reste à découvrir.

 

V. CONSTANTIN Antoinette : Née à une date et en un lieu qui restent inconnus, elle fut la marraine de sa nièce Antoinette Constantin, troisième fille de Lazare Constantin et de Jeanne Montenat, ceci le 9 juin 1758 en l’église catholique de Vault-de-Lugny.

 

enfants de Lazare Constantin et Jeanne Montenat

 

VI. CONSTANTIN Jeanne : Née à Vault-de-Lugny le 12 novembre 1753, au hameau de Valloux, elle fut baptisée le même jour en l’église catholique. [100]

 

VI. CONSTANTIN Françoise : Née à Valloux le 12 avril 1755, elle fut admise au baptême le même jour, ceci en l’église catholique de Vault-de-Lugny.

 

VI. CONSTANTIN Antoinette : Née audit hameau de Valloux le 8 juin 1758, elle fut reçue au baptême le même jour en l’église catholique de Vault-de-Lugny. Le 21 novembre 1791, en la même église, elle devint l’épouse de Germain Bornet, fils d’Edmé Bornet et de Nicole Noblot. Sa vie ultérieure demeure inconnue.

 

VI. CONSTANTIN Pierre : Né à Vault-de-Lugny le 4 juin 1760, au hameau de Valloux, il fut baptisé dès le même jour en l’église catholique de la paroisse.

 

VI. CONSTANTIN Lazare : Né lui aussi au hameau de Valloux, le 29 novembre 1762, il fut baptisé dès le jour même en l’église catholique de Vault-de-Lugny.

 

VI. CONSTANTIN Edmé : Né à Vault-de-Lugny le 23 avril 1766, au hameau de Valloux, il fut baptisé le lendemain en l’église catholique de la paroisse.

 

Ainsi s’achève, avant la Révolution, cette étude sur la postérité de Marie Montenat. La descendance de cette protestante du XVIIe siècle s’est poursuivie en France et à l’étranger jusqu’à nos jours, probablement. C’est donc avec le plus grand intérêt que nous accueillerons tout complément à ce travail préparatoire.