SPARRE  de

- Famille seigneuriale originaire de Suède, dont le blason est "d'azur au chevron d'or" (le nom Sparre est tiré de ces armoiries : il signifie "chevron" en suédois). En Suède, cinq familles nobles bien distinctes avaient des armes similaires au Moyen Age : les Sparre de Tofta, les Sparre d'Ängsö, les Sparre de Vik, les Sparre d'Aspnäs, et les Sparre dits de Sundby. Dans la province de Scanie, actuellement suédoise mais encore danoise à l'époque médiévale, il y avait aussi deux autres familles portant chevron : les Sparre d'Ellinge, ainsi que les Sparre de Svaneholm.

- La branche française, qui a vécu dans l'Yonne de 1767 à 1800, laissant à Auxerre un nom de rue et un hôtel particulier, est issue non point des Sparre de Tofta, comme d'aucuns l'ont affirmé, mais des Sparre de Sundby, aux racines moins anciennes et prestigieuses. Ces derniers, venus de la province suédoise de Vestrogothie, ont acquis la seigneurie de Sundby en 1486, sise en la paroisse d'Öja dans la province de Sudermanie. À cette époque, le nom de famille Sparre n'était pas encore porté : il a été créé par Erik Sparre au XVIème siècle, à partir du blason familial et de son chevron.

  

I.

Lars Ier, écuyer en Vestrogothie. Ceux qui veulent absolument rattacher les Sparre de Sundby aux Sparre de Tofta prétendent, sans la moindre preuve, que Lars Ier s'appelait en fait Lars fils d'Abjörn ; ils affirment qu'il était le fils d'Abjörn fils de Lars, troisième sire de Tofta, chevalier, sénateur et connétable de Suède, lequel avait dirigé en 1347 la croisade suédoise lancée par sainte Brigitte contre les Russes et les Lithuaniens (pour soustraire les Finnois d'Ingrie et de Carélie à l'orthodoxie des uns et au paganisme des autres). Les généalogistes suédois, cependant, demeurent prudents et préfèrent s'en tenir aux faits attestés par les documents : comme le lien entre le simple écuyer et le grand connétable n'est pas établi, c'est avec Lars Ier que commence la généalogie véritable des Sparre de Sundby.

 

x Elin fille d'Håkan (x2 Abjörn fils d'Ulf, administrateur du cloître féminin de Gudhem en Vestrogothie ; cet homme dilapide tous les biens que sa femme Elin tient dudit Lars) ; d'où : 

 

II.

Sigge Ier, ° ca. 1375, † ca. 1442. Ecuyer, il est partisan de l'Union scandinave voulue par la reine Marguerite de Danemark et Norvège. Il reçoit de la souveraine, qui vient de chasser de Suède le roi Albert Ier et ses chevaliers allemands, la seigneurie de Götene en Vestrogothie (1396), qu'il va échanger contre celle de Simonstorp dans la même province (2 VII 1410). Il devient juge royal au tribunal provincial de Vestrogothie, à Skara (5 VII 1414).

x Margareta (f. de Bengt fils de Karl & Brita fille de Björn) ; d'où 2 enfants, dont :

 

III.

Lars II, † 1473 à Vadstena (Vestrogothie). Ecuyer, seigneur de Simonstorp, il devient gouverneur du canton de Frökind en Vestrogothie (1464), et sénateur de Suède.

x1 Märta (f. de Mårten Svan & Ragnhild fille d'Håkan) ; d'où un enfant.

x2 (Simonstorp, 21 I 1442) Ingeborg (f. de Bengt Ryning fils de Lars & Margit fille de Claus Dowt), dame de Sundby en Sudermanie, † p. 1486 ; d'où 3 enfants, dont :

  

IV.

Sigge II, ° 1442, † mai 1509. Ecuyer, il devient sénateur de Suède (1477-1496), et reçoit de sa mère la seigneurie de Sundby en Sudermanie (1486). Son blason est "d'or au chevron de gueules", non "d'azur au chevron d'or" comme celui de ses descendants. Sa seconde épouse est la fille d'un meurtrier célèbre en Suède : c'est lui qui a, le 27 avril 1436, assassiné le maître de forges Engelbrekt, lequel avait soulevé les Suédois en 1434 contre le régime d'Eric de Poméranie, roi de Suède, Danemark et Norvège (en éliminant un roturier devenu le porte-glaive de l'identité nationale suédoise, le meurtrier, qui n'a jamais été puni pour son crime, a permis à la noblesse de son pays de prendre la tête de l'insurrection populaire contre le roi, et contre les partisans suédois de l'Union scandinave ; en supprimant Engelbrekt, il a permis l'avènement du roi de Suède Charles VIII).

x1 (en 1470) Brita (f. de Bengt fils d'Anders, écuyer, gouverneur cantonal, & Ragnhild fille de Göstaf), dame de Skofteby, † 1485, en la cathédrale de Skara (Vestrogothie) ; d'où 3 enfants : 

x2 (Göksholm, 6 IX 1486) Kerstin (f. de Måns Natt och Dag fils de Bengt, chevalier, président du tribunal de la province de Néricie à Örebro, & Ermegård fille de Fikke Bülow), † après 1519 ; d'où 7 enfants, dont :

 

V.

Lars III, † au château d'Örebro (Néricie), le 12 I 1554 ; *église d'Örebro, 16 I 1554.

- Seigneur de Sundby et Bergkvara, il est connu dans l'histoire de Suède sous le nom de Lars Siggesson (c'est-à-dire : Lars fils de Sigge). Partisan de l'indépendance suédoise, il rejoint les troupes du régent de Suède Sten Sture le jeune, avec lequel il participe en 1518 à la bataille victorieuse de Brännkyrka contre l'armée du roi Christian II, chef suprême de l'Union scandinave.

- Battu, le roi prétend vouloir entamer des négociations de paix avec le régent suédois, et, pour assurer sa sécurité pendant la rencontre, demande que six otages de haut rang lui soient livrés. Lars Siggesson est donc envoyé avec cinq autres compagnons à bord des navires du roi. Ce dernier change aussitôt d'avis : ne désirant plus rencontrer Sten Sture le jeune, son vainqueur, il rentre à Copenhague en bateau, avec ses six prisonniers dont Lars Siggesson.

- Parmi eux, se trouve aussi le jeune Gustave Vasa. Celui-ci parvient à s'évader en 1519 et à rentrer en Suède. Excédé par la cruauté du roi, qui, après la mort du régent (le 3 II 1520), vient d'ordonner un massacre général à Stockholm (le 8 XI 1520), le jeune fugitif reprend le flambeau de la lutte contre le pouvoir royal.

- Dès 1521, il est rejoint par son ami Lars Siggesson, qui a pu s'échapper lui aussi des geôles de Christian II, surnommé Christian le Tyran depuis le bain de sang de Stockholm. À la demande de Gustave Vasa, le nouveau venu se rend à Lübeck ; il revient en Suède en 1522 à la tête d'une flotte allemande, qui permet de contraindre la garnison danoise de Stockholm à capituler.

- Après la déposition de Christian II par les sénateurs du Danemark (début 1523), Lars Siggesson devient sénateur et connétable de Suède, puis gouverneur de la province de Néricie (1523). Son ami Gustave Vasa, qui vient de soustraire définitivement le pays de l'Union scandinave en se faisant élire roi de Suède (le 6 VI 1523), l'envoie combattre les Danois en Norvège (1523).

- Lars Siggesson accompagne ensuite le nouveau roi des Suédois jusqu'à Malmö, ceci en 1524. Il y assiste aux négociations de paix entre Gustave Vasa et Frédéric Ier, le tout nouveau souverain de l'Union scandinave (réduite désormais à la Norvège et au Danemark, jusqu'en 1814).

- En 1525, le fidèle compagnon du roi suédois est nommé président du tribunal provincial de Néricie, à Örebro. Puis il est fait chevalier lors du couronnement de Gustave Vasa (le 12 I 1528). Après avoir maté une insurrection nobiliaire en Vestrogothie (1529), il fait partie des grands dignitaires suédois qui vont chercher en Allemagne la fiancée du roi, Catherine de Saxe-Lünebourg (1531).

- La même année, à la tête d'une armée, il chasse de Suède les troupes de l'ancien roi Christian le Tyran, qui, l'espace de quelques mois, a réussi à se faire proclamer roi de Norvège (1531). Il mate ensuite avec une extrême sévérité un soulèvement paysan dans la province suédoise de Dalécarlie, connu sous le nom de la révolte des cloches (1532), puis une autre jacquerie dans la province de Smônie (1537).

- En 1541, Lars Siggesson participe à la rencontre, à Brömsebro, entre Gustave Vasa et le nouveau roi de Danemark et Norvège, Christian III, à l'issue de laquelle est signée une paix de 50 ans. Puis, au mois d'octobre de la même année, en rentrant à Stockholm, il s'arrête avec le roi au port de Kalmar, pour y accueillir le tout premier ambassadeur de France en Suède : Christophe Richer*, envoyé par François Ier pour unir la Suède et le Danemark à la France, contre l'empire de Charles-Quint.

- Peu après ces deux rencontres diplomatiques, Lars Siggesson parvient à sauver le trône chancelant du roi Gustave Vasa en écrasant une puissante insurrection populaire dans tout le pays, dirigée par un paysan de Smônie dénommé Nils Dacke (1542-1543). La paix intérieure étant rétablie, il se fait construire un manoir en pierres dans son domaine de Sundby (1546-1550). Il meurt toutefois dans son château à Örebro, qu'il a reçu en fief viager de Gustave Vasa dès 1525, avec en plus toute la province suédoise de Néricie.

- C'est peut-être lui qui a changé les couleurs du blason familial, pour adopter celles du drapeau suédois : "d'azur au chevron d'or".

x1 (Bronäs, 24 VI 1521) Anna (f. de Lindorm fils de Björn & Kristina fille de Lars), † 23 V 1548 ; d'où 10 enfants, dont Göran qui est le fondateur de la branche aînée des Sparre, encore présente en Suède en l'an 2000 (depuis 1625, ses membres sont chevaliers de Rossvik).

x2 (Gripsholm, 2 III 1549) Brita (f. de Ture Trolle fils d'Arvid, qui est sénateur, & Magdalena fille d'Erik Gyllenstierna), descendante du roi suédois Charles VIII (son trisaïeul n° 26) ; † Sundby, 25 X 1556 ; d'où 4 enfants, dont :

  

VI.

Erik Sparre, ° Sundby (Sudermanie), le 13 VII 1550 ; †' Linköping (Ostrogothie), 20 III 1600 ; * cathédrale de Linköping, puis église d'Öja (Sudermanie). - Seigneur de Sundby, c'est lui qui a adopté pour la première fois le nom de Sparre, s'inspirant du dessin de son blason (le mot "sparre" est un terme héraldique suédois, signifiant "chevron"). C'est lui également qui est le fondateur de la branche puînée, encore présente en Suède en l'an 2000, mais aussi en France (depuis 1647, tous ses membres sont barons de Kronoberg).

- Après des études à Francfort et à Padoue, où il apprend l'allemand, l'italien et le latin, tout en se dotant d'une solide formation juridique, il rentre en Suède où il est fait chevalier par le roi Jean III, en 1569, et où il devient gentilhomme de la Cour. En 1575, promu au rang de sénateur et de vice-chancelier, il est envoyé en mission diplomatique en Autriche, ceci auprès de l'empereur Maximilien II. Devenu l'homme de confiance de Jean III, il épouse en 1578 la nièce à la mode de Bourgogne du monarque suédois, et, la même année, devient président du tribunal provincial de Vestmanie et Dalécarlie. Puis, quatre ans plus tard, en 1582, il est nommé gouverneur général de ces deux provinces, après une courte mission diplomatique dans le Mecklembourg, en 1581.

- Ayant rendu des services importants à l'ambassadeur d'Ecosse en Suède, Erik Sparre reçoit des lettres de noblesse du roi écossais Jacques VI Stuart, avec le titre de baron (1 III 1583). La même année, il est envoyé en ambassade en Angleterre, auprès de la reine Elisabeth. De retour en Suède, il écrit en 1585 un essai politique en latin, intitulé Pro lege, rege et grege (pour la loi, le roi et le peuple). Il y prône un juste équilibre entre le pouvoir royal et le pouvoir sénatorial, ceci pour mieux servir les intérêts de la population suédoise.

- Considéré comme le meilleur diplomate du royaume, il est envoyé en 1587 en Pologne, avec son beau-frère le comte Erik Brahe : les deux hommes y présentent la candidature du fils du roi de Suède à l'élection du prochain roi de Pologne (la mère du jeune prince suédois Sigismond, fils de Jean III, est Catherine Jagellonica, fille de l'ancien roi polonais Sigismond Ier). Bien que vite couronnée de succès, cette mission diplomatique ne satisfait pas le roi de Suède : il reproche à ses deux envoyés d'avoir obtenu l'élection de son fils en promettant la cession de l'Estonie suédoise à la Pologne ; c'est à contrecœur, par conséquent, qu'il laisse partir le prince Sigismond à Cracovie, pour y être sacré roi en présence d'Erik Sparre (1587).

- En 1589, une entrevue a lieu entre le nouveau roi de Pologne et son père, à Tallinn en Estonie. Erik Sparre est présent. Le roi de Suède désire convaincre son fils d'abandonner le trône polonais, mais tous les sénateurs suédois s'y opposent fermement. Contraint de céder, le monarque se venge aussitôt en inculpant son diplomate, maître à penser du sénat, de crime de lèse-majesté : il l'accuse d'avoir enfreint ses instructions en promettant la cession de l'Estonie à la Pologne, et le soupçonne de lui avoir conseillé la candidature de son fils à l'élection polonaise pour éloigner de Stockholm le futur roi de Suède, affaiblissant ainsi le pouvoir royal au profit du sénat. Dès 1589, Erik Sparre est déchu de son poste de gouverneur général de Vestmanie et Dalécarlie ; il est exclu ensuite du sénat suédois (19 II 1590), et le roi le fait enfermer dans un cachot du palais royal à Stockholm (1590). Pour finir, il doit remettre au souverain ses lettres de noblesse écossaises, qui sont déchirées en public.

- Ce n'est que sur son lit de mort, en novembre 1592, que le roi Jean III consentira à gracier son ancien diplomate. Ce dernier est alors réintégré au sénat, puis nommé chancelier de Suède par le nouveau monarque, le roi Sigismond (1593). Ce dernier est arrivé de Pologne en novembre 1593, pour organiser le gouvernement de la Suède en son absence : c'est à Erik Sparre qu'il confie le soin de diriger le pays en son nom, au sein d'un conseil de régence. Le nouveau chancelier participe d'abord aux obsèques du défunt Jean III en la cathédrale d'Upsal (1 II 1594), puis, au même lieu, au couronnement du roi Sigismond (19 II 1594). À ces deux occasions, il porte le globe royal, l'un des cinq attributs de la royauté en Suède (avec la couronne, la clef, le sceptre et puis l'épée). Le nouveau souverain, avant de retourner à Varsovie, en juillet 1594, accorde une dernière faveur à son chancelier suédois : il lui restitue enfin le poste de gouverneur général de Vestmanie et Dalécarlie (14 VII 1594).

- La courte visite du roi n'a point dissipé toutes les inquiétudes. L'oncle du monarque, le duc Charles de Sudermanie, craint un retour forcé au catholicisme, la mainmise du sénat suédois sur l'appareil de l'Etat, et la perte de l'identité nationale de son pays au sein d'une nouvelle Union avec un pays étranger (dirigée cette fois non plus de Copenhague, mais de Varsovie). Au début, ses rapports avec Erik Sparre sont plutôt amicaux : il lui demande d'être le parrain, en l'an 1595, de son fils qui vient de naître en décembre 1594 (le futur roi Gustave-Adolphe). Mais très vite un fossé se creuse entre les deux hommes. La rupture est définitive lorsque le duc, qui s'est fait proclamer régent de Suède en 1595 par les états généraux, à Söderköping, convoque de nouveaux états généraux en 1597 à Arboga, pour se faire confirmer à la régence du pays malgré l'interdiction expresse du roi. Désormais, deux factions s'affrontent ouvertement en Suède : les tenants d'un pouvoir fort, indépendant de la Pologne, ralliés au duc Charles de Sudermanie ; et les partisans du pouvoir légitime, mis en place par le roi Sigismond, unis derrière le chancelier Erik Sparre.

- Ce dernier, par manque de soutien populaire, est obligé de fuir dès 1597. Il rejoint le roi de Suède en Pologne, qui l'envoie aussitôt en mission diplomatique au Danemark, en 1598, afin de s'assurer de la neutralité des Danois. Dès son retour à Varsovie, il repart pour la Suède, cette fois avec le roi et son armée. La bataille de Stångebro, en septembre 1598, met vite fin à cette expédition militaire. Vaincu, le roi Sigismond est contraint de livrer à son oncle, le duc Charles de Sudermanie, tous les sénateurs suédois qui ont accompagné l'armée polonaise.

- Erik Sparre est alors mis au cachot dans la forteresse de Nyköping, où il rédige le texte de sa défense, daté du 14 VII 1599. Il est conduit ensuite à Linköping, pour y être jugé par les états généraux avec les autres détenus. Condamné à mort (17 III 1600), il est décapité avec ses collègues sénateurs sur la place du marché de la ville (le 20 III 1600). Cette exécution collective de membres du sénat, restés fidèles au roi Sigismond mais accusés de haute trahison envers le peuple suédois, est connue dans l'histoire de Suède sous le nom de "bain de sang de Linköping". Le duc Charles de Sudermanie a pu ainsi réduire à néant les ambitions politiques de la haute noblesse sénatoriale du pays, et devenir roi de Suède sous le nom de Charles IX.

(Stockholm, 12 X 1578) Ebba (f. du comte Per Brahe, neveu du roi Gustave Ier Vasa, sénéchal de Suède, & de la baronne Beata Stenbock) ; ° Torpa (Vestrogothie), 22 IV 1555 ; † Valstanäs (Uponie), 8 V 1634 ; 

église d'Öja (Sudermanie), 18 VII 1634 (avec son époux) ; d'où 12 enfants, dont Lars qui suit, et Carl qui est le fondateur de la branche cadette des Sparre, encore présente en Suède en l'an 2000 (ses membres, issus de la branche puînée, sont barons de Kronoberg eux aussi, mais certains sont en plus comtes de Söfdeborg depuis 1719).

= Pro lege, rege et grege (1585).

 

 

VII.

Lars IV Sparre, ° Sundby (Sudermanie) , 1er I 1590; 

† Stockholm, 18 XII 1644 ; en l'église d'Ytterjärna (Uponie). Chevalier héréditaire de Rossvik, seigneur de Dåderö en Uponie, Ulvåsa en Ostrogothie, Bergkvara en Smônie, Hökerum en Vestrogothie, et Kavallecht en Estonie (province suédoise à l'époque). 

 

- Après l'exécution de son père (1600), il est introduit comme page à la cour du duc Charles de Sudermanie (1601). Celui-ci se fait proclamer roi de Suède en 1604, sous le nom de Charles IX. Le jeune Lars Sparre, quant à lui, est promu au rang de gentilhomme de la Cour en 1606. En 1612, aux obsèques du roi, décédé le 30 X 1611 à Nyköping, il porte l'étendard de la province suédoise de Vestmanie. Il est ensuite envoyé par le sénat en mission diplomatique en Hollande (7 IX 1615). De retour en Suède, il redevient gentilhomme de la Cour, cette fois auprès de Gustave II Adolphe, le nouveau roi (1617). Il termine sa longue activité au service de la maison royale comme maître d'hôtel de la jeune épouse du roi, la reine Marie-Eléonore (1622).

- En 1625, lors de l'enregistrement de toutes les familles nobles de Suède, réparties en trois classes nobiliaires (les écuyers, les chevaliers, et les comtes et barons), sa famille dans son ensemble, issue de Lars III Siggesson (ci-avant), est inscrite au sein de la classe médiane des chevaliers, avec le n° 7. C'est son cousin germain, Bengt Sparre, chef de la branche aînée fondée par Göran (fils de Lars III), qui procède à l'inscription obligatoire. Lars Sparre devient ainsi chevalier héréditaire de Rossvik ; comme tous les membres masculins de sa famille, c'est sous cette désignation choisie par son cousin Bengt qu'il est admis à la Chambre des Pairs, dès sa création (ceci le 6 VI 1626).

- Commence alors pour lui une nouvelle vie, au service de l'Etat. Il devient d'abord assesseur à la Cour d'appel de Suéonie (26 II 1627), puis conseiller en ce même tribunal (1628). Il entame également une carrière de gouverneur : on lui confie la généralité de Jönköping (1628-1632), ensuite celle d'Ostrogothie (1632-1634), et enfin celle d'Upsal (1634-1640). Ne rechignant point à cumuler les fonctions, il accède aussi au poste de président de la Chambre des Pairs (1633-1641). À ce titre, faisant la synthèse des décisions prises par les trois collèges électoraux de la chambre (à raison d'un collège par classe nobiliaire), c'est lui qui sert de porte-parole de la noblesse suédoise aux états généraux du pays, réunis tous les ans pendant son mandat présidentiel (sauf en 1637 et 1639). En 1640, il est promu au rang de vice-président de la Cour d'appel de Suéonie, puis, en l'an 1641, il devient sénateur. Quelques mois avant sa mort, il se voit attribuer le poste de gouverneur du canton du Haut-Satakunta, en Finlande (30 V 1644).

- Lars Sparre a vécu pendant la période la plus faste de l'aristocratie suédoise : dès l'an 1612, le roi Gustave II Adolphe a restitué aux nobles de son pays le monopole de tous les grands offices de l'Etat, tant civils que militaires ; puis sa fille la reine Christine a payé les services rendus en aliénant, au profit de la noblesse, les revenus de la majeure partie des terres de la Couronne. C'est ainsi que Lars Sparre, dans ce contexte favorable, est devenu un riche propriétaire terrien.

x1 (château d'Upsal, 11 X 1617) Märta (f. du chevalier Gustaf Banér, sénateur, & de la comtesse Christina Sture, petite-fille du régent de Suède Sten Sture le jeune) ;

° Djursholm (Uponie), III 1593 ; † Stockholm, 19 VI 1638 (ses obsèques ont lieu le 20 en l'église Sainte-Marie).

D'où dix enfants, dont Per "I

[En 1782, le roi de Suède Gustave III a écrit sa toute première pièce de théâtre à thème historique, en suédois. Il l'a d'abord intitulée Le commerce amoureux de Märta Banér et Lars Sparre, puis a préféré lui donner le titre définitif de La magnanimité de Gustave-Adolphe. Cette pièce a été jouée pour la première fois le 12 I 1783, au théâtre royal de Gripsholm]

x2 (Stockholm, 2 II 1641) Catharina (f. de Jakob Bååt, vice-président, & Kerstin Tott), dame de Stäflö, Hall et Sörby ; † vers 1698 ; S.P.

  

I les comtes de Sparre

VIII.

Per Sparre (ou Pierre de Sparre), ° le 12 III 1628 ; † Stockholm, 4 IV 1692 ; 

église royale de Riddarholm à Stockholm, 23 IV 1694 (dans le caveau de la famille Banér). 2ème chevalier héréditaire de Rossvik, 1er baron suédois de Kronoberg, et 1er comte français de Sparre, ainsi que seigneur de Näsby et Resta en Uponie.

- Etudiant à Upsal (3 IV 1636), il entre ensuite à la cour de la reine Christine. Après le décès de son père (1644), il reçoit de la reine le titre de baron de Kronoberg, qui est décerné le même jour à tous les descendants de son grand-père, le chancelier Erik Sparre (6 III 1647). Le titre de baron écossais que ce dernier a reçu du roi d'Ecosse Jacques VI Stuart (1er III 1583) est ainsi naturalisé en Suède. En 1649, les nouveaux barons de Kronoberg se font enregistrer à la Chambre des Pairs, dans le collège électoral des comtes et barons suédois ; ils y sont inscrits sous le n° 11 des barons du pays. Cette distinction crée une première scission au sein des descendants de Lars III (ci-avant) : la branche aînée de la famille Sparre, issue de Göran, fils dudit Lars, reste dans le collège électoral médian des chevaliers, tandis que la branche puînée et la branche cadette, issues du chancelier Erik Sparre, demi-frère dudit Göran, siègent désormais au sein du collège supérieur des aristocrates titrés.

- Après cette promotion, Per Sparre devient chambellan à la cour de la reine Christine. Il finit toutefois par quitter cette fonction lorsque la reine, lasse de régner, abdique en faveur de son cousin (6 VI 1654). Ce dernier, devenu roi de Suède sous le nom de Charles X Gustave, mène sans tarder une politique extérieure agressive. À la tête d'une armée, il attaque la Pologne, déjà harcelée par les Russes en Lithuanie. Il s'empare de Cracovie et Varsovie, chassant du pays le roi polonais Jean II Casimir (1655). Per Sparre participe à cette campagne militaire. Engagé comme capitaine de cavalerie dans la garde royale (1654), il est vite promu au grade de colonel d'infanterie, prenant alors le commandement du régiment suédois d'Angermanie (1656). Avec ce régiment, il prend part à la bataille de Varsovie en juillet 1656, pour reprendre la capitale polonaise aux troupes du roi Jean II Casimir, revenu dans son pays.

- Les succès militaires de la Suède inquiètent l'Europe. Cherchant à reprendre pied au bord de la Baltique, les Russes attaquent toutes les possessions suédoises à leur portée : la Finlande et l'Ingrie (juin 1656), puis l'Estonie et la Livonie (juillet 1656). En 1657, ce sont deux autres pays qui déclarent la guerre à la Suède : l'Autriche et le Danemark. Le roi Charles X Gustave décide de terrasser d'abord les Danois : avec son armée, il quitte la Pologne et pénètre dans le Jutland. Per Sparre y participe à la prise de la ville danoise de Haderslev ; il assiste à la conquête de la péninsule, qui s'achève par la reddition de la forteresse de Frederiksodde (24 X 1657). Comme le roi du Danemark refuse de capituler, le roi de Suède poursuit son agression. N'hésitant point à jouer son va-tout, il entreprend l'une des actions les plus hasardeuses dans toute l'histoire militaire de son pays : il marche sur Copenhague, d'île en île, en traversant la mer à pied, sur la glace ! Per Sparre a fait partie de cette folle équipée. Avec son régiment, et avec toute l'armée de roi, il traverse d'abord le bras de mer gelé séparant le Jutland de la Fionie (30 I 1658), puis celui entre la Fionie et l'île de Langeland (5 II 1658), pour gagner ensuite les îles de Laaland et Falster (6 II 1658). La dernière traversée, entre les îles de Falster et de Seeland, a lieu dans la foulée (12 II 1658). Dès le début du siège de Copenhague (15 II 1658), le roi du Danemark capitule enfin. La paix est signée à Roskilde dans les jours qui suivent.

- Impressionnés par la détermination suédoise, les autres pays en guerre contre la Suède ouvrent aussitôt des négociations de paix. Le colonel Per Sparre change alors de régiment : il prend en charge celui de Kronoberg (1659). Après la mort de Charles X Gustave (13 II 1660), commence une longue période de paix entre la Suède et ses voisins (1660-1674). Pendant la minorité de Charles XI, le nouveau roi, le pays est gouverné par un conseil de régence restreint, présidé par le chancelier Magnus Gabriel de La Gardie. Per Sparre profite aussitôt de ce changement de régime, des plus favorables à la haute aristocratie : il est d'abord nommé gouverneur de la ville de Riga (18 III 1660), puis est promu au grade de général de brigade (20 VI 1660). Il épouse ensuite la propre sœur du chancelier de Suède (26 IX 1660). Après avoir servi pendant trois ans en Livonie, à Riga, il retourne en Suède, ceci pour occuper le poste de gouverneur des généralités d'Älvsborg et Gothembourg (16 XII 1663). Cette mutation s'accompagne très vite de nouvelles promotions : il se voit décerner le grade de général de division (le 2 X 1664), puis celui de général de corps d'armée (le 26 VIII 1668).

- Plus que jamais, la Suède a besoin de soldats pour défendre son vaste empire. Elle s'emploie à maintenir la paix en Europe, mais sa politique se heurte aux ambitions de la France, qui prépare minutieusement une guerre contre la Hollande. Les diplomates du roi Louis XIV déploient une très grande activité : après avoir obtenu l'alliance offensive de l'Angleterre (le 1er VI 1670), ils passent de longs mois à Stockholm pour convaincre les Suédois de se joindre à la coalition (en 1671). Lorsque l'Angleterre déclare finalement la guerre à la Hollande (28 III 1672), un jour après le départ de l'armée française vers la Flandre, la Suède est obligée de choisir son camp. Le chancelier Magnus Gabriel de La Gardie envoie donc Per Sparre, son beau-frère, auprès du roi Louis XIV. Une alliance défensive entre la France et la Suède est aussitôt conclue (14 IV 1672) : pendant dix ans, la Suède s'engage à maintenir en Allemagne une armée de 10.000 fantassins et 6.000 cavaliers, pour empêcher les Allemands de prendre les armes contre la France ; en échange, elle reçoit chaque année du souverain français la somme de 600.000 rixdales en temps de guerre, et de 400.000 rixdales en temps de paix (1 rixdale = 5 livres).

- Très vite, la Hollande acquiert la maîtrise des mers, après avoir remporté la bataille navale de Solebay contre les flottes française et anglaise réunies (7 VI 1672). Mais la France s'impose sur terre, contraignant les Hollandais à noyer leur propre pays pour arrêter la progression des Français. Profitant vite de l'enlisement des opérations militaires, l'Autriche et le Brandebourg concluent alors une alliance offensive contre la France, à Berlin (23 VI 1672). Pour éviter à la Suède d'être entraînée dans le conflit, le chancelier suédois dépêche son beau-frère auprès de Louis XIV, en septembre 1672 : le général Per Sparre propose au monarque français la médiation de son pays, pour organiser une conférence de paix entre les belligérants. Louis XIV approuve cette initiative. En tant que médiatrice, la Suède peut donc rester encore l'arme au pied, même si le Brandebourg et l'Autriche réunis se préparent déjà à attaquer les positions françaises en Allemagne. Per Sparre ayant convaincu par ailleurs les Anglais et les Hollandais, la conférence de paix souhaitée par la Suède s'ouvre enfin à Cologne (18 VI 1673).

- Pendant toute la durée des négociations, auxquelles assiste Per Sparre, les combats continuent. Ils s'amplifient même lorsque l'Autriche finit par déclarer la guerre à la France (16 IX 1673). Bientôt, l'armée française doit évacuer la Hollande (décembre 1673). Ce repli incite les Anglais à la prudence. Avec la médiation de la Suède, ils concluent vite une paix séparée avec la Hollande, à Westminster (19 II 1674). Louis XIV rappelle aussitôt ses délégués, mettant ainsi un terme aux négociations (février 1674). Le général Per Sparre se rend alors en Hollande, puis en Angleterre. Après son arrivée dans la capitale anglaise (23 III 1674), sa visite est relatée dans la Gazette de Londres (28 III 1674) : "Le vingt-trois courant, le baron Sparre, ambassadeur extraordinaire de Suède, est arrivé de Cologne, en passant par la Hollande ; son Excellence a été reçue depuis par leurs Majestés, et leurs Altesses royales, ayant été introduite par le sieur Charles Cotterel, maître des cérémonies, ceci avec la solennité accoutumée".

- Après l'échec de la conférence de paix, Per Sparre tente de créer un tiers-parti en Europe, pour contraindre les belligérants à retourner à la table des négociations. Mais cette initiative échoue complètement en Allemagne : la Diète, au nom de toutes les principautés de l'Empire, déclare en effet la guerre à la France (1 V 1674). Dès lors, la Suède se doit d'honorer ses engagements envers Louis XIV. Rappelé dans son pays, Per Sparre est nommé directeur général de l'arsenal suédois (23 XI 1674). Peu après, les Suédois entrent en guerre en lançant une armée à l'assaut du Brandebourg (décembre 1674). Ce faisant, l'espoir d'imposer rapidement la paix n'a pas entièrement disparu. Une nouvelle fois, Per Sparre est envoyé en mission à l'étranger, comme ambassadeur extraordinaire de son pays en France, en Angleterre et en Hollande (3 IV 1675). Dès son arrivée à la cour du roi Louis XIV, il reçoit du monarque français le titre de comte, avec le droit d'acheter en France une terre et de l'ériger en comté de Sparre (8 V 1675). Il reçoit également une épée d'apparat, dont le manche est serti de diamants. Par ces gestes, le roi de France veut marquer sa reconnaissance à un homme qui n'a pas ménagé ses efforts pour tenter de ramener enfin la paix en Europe ; il entend remercier également l'ambassadeur du seul pays européen qui lutte encore au côté de la France.

- L'entrée en guerre de la Suède se solde vite par un échec cuisant : l'armée suédoise est écrasée en Allemagne par les troupes du Brandebourg à la bataille de Fehrbellin (le 28 VI 1675). Dès l'annonce de cette défaite, trois pays se dressent à leur tour contre les Suédois : la Hollande, l'Autriche et le Danemark. L'armée vaincue est chassée d'Allemagne (en décembre 1675), tandis que les Danois envahissent la province de Scanie, au sud de la Suède. Le général Per Sparre rentre alors dans son pays (1676). Sous les ordres du jeune roi Charles XI, il participe à la sanglante bataille de Lund (le 4 XII 1676), puis à la reconquête de la Scanie et des autres provinces prises par les Danois. Il est blessé à la bataille d'Uddevalla (1677), échappant de peu à l'ennemi qui tente de le capturer.

- Grâce aux victoires françaises sur le continent, la Suède a pu finalement récupérer toutes les terres de son empire, tant en Allemagne qu'en Scandinavie. Louis XIV, après la signature de la paix de Nimègue (10 VIII 1678), lance en effet un ultimatum aux pays encore en guerre avec les Suédois : le Brandebourg cesse donc les hostilités par le traité de Saint-Germain (29 VI 1679), puis le Danemark par celui de Fontainebleau (en novembre 1679). Cette victoire finale ne satisfait point le roi de Suède. Humilié de ne devoir son salut qu'à l'appui diplomatique musclé de la France, et non à la valeur de ses propres troupes, Charles XI se décide à annihiler la puissance de l'aristocratie sénatoriale de son pays, qui a soutenu massivement la politique francophile du chancelier Magnus Gabriel de La Gardie. Pour cela, il réunit les états généraux à Stockholm en octobre 1680, exigeant la restitution de toutes les terres que Gustave II Adolphe et sa fille la reine Christine ont cédées en fiefs aux comtes, barons et chevaliers du royaume.

- Le général Per Sparre, qui a déjà participé aux états généraux de 1678, est présent à ceux de 1680. Il a beau s'élever avec force et éloquence contre la demande du roi, celle-ci est votée et approuvée par la majorité des députés de la paysannerie, de la bourgeoisie, du clergé et de la petite noblesse non sénatoriale du pays. Charles XI instaure alors en Suède la monarchie absolue (1680). Il renforce son pouvoir aux états généraux de 1682, en réduisant le rôle politique du sénat : de Conseil d'Etat, celui-ci devient un simple conseil du roi. Une fois de plus, cette réforme est approuvée, malgré les vives protestations de Per Sparre. Ce dernier, dont le titre de comte décerné par Louis XIV n'a pas été reconnu par le monarque suédois, ne parvient pas à empêcher la ruine des grands seigneurs du royaume, et le nivellement vers le bas des trois classes nobiliaires du pays. Il meurt dix ans plus tard, dépouillé d'une grande partie de ses biens. Son décès, toutefois, n'a point laissé le roi de Suède indifférent. Dans son journal intime, à la date du 4 IV 1692, Charles XI a écrit en effet : "À trois heures de l'après-midi, est mort le baron Per Sparre, surintendant de l'arsenal, à présent bienheureux auprès de Dieu, décédé ici à Stockholm après une maladie de quelques semaines".

x (26 IX 1660) Ebba Margareta (f. du comte Jakob de La Gardie, sénateur et connétable de Suède, & de la comtesse Ebba Brahe, dont le roi Gustave II Adolphe a été éperdument amoureux, au point de la demander en mariage en 1613), descendante des rois suédois Jean III (son bisaïeul n° 10) et Gustave Vasa (son trisaïeul n° 20).

° Stockholm, le 8 VII 1638 (baptême) ; † 1696 ; d'où 4 enfants, dont :

 

IX.

Lars V Magnus Sparre (Laurent de Sparre).

° ca. 1664 ; † Paris (Saint-Sulpice), 7 IV 1725. 2ème baron suédois de Kronoberg, 2ème comte français de Sparre.

- À l'âge de 16 ans, il s'engage dans l'armée suédoise comme maître-canonnier à Stockholm (le 29 IV 1680). Promu au grade d'enseigne (le 28 VIII 1682), il devient ensuite lieutenant (20 III 1684), puis capitaine en second (8 I 1685), et enfin capitaine (8 II 1687). Après la mort de son père (4 IV 1692), il décide de quitter la Suède où sa famille, dépouillée de tous ses fiefs, a été ruinée par la politique antisénatoriale inaugurée en 1680 par le roi Charles XI. Sa demande de passeport pour l'étranger est finalement acceptée (31 III 1694).

- Lars Magnus part pour la France, où son petit-cousin Erik Sparre, membre de la branche cadette de la famille, sert depuis 1688 dans les armées du roi Louis XIV. Ce dernier a besoin de soldats. En guerre contre plusieurs pays européens, dont l'Espagne, le roi de France a confié à Erik Sparre un régiment d'infanterie regroupant des fantassins allemands (20 X 1694). Le nouveau colonel fait appel à ses proches pour former une partie du corps des officiers. Le même jour, il engage non seulement trois de ses neveux, mais aussi son petit-cousin Lars Magnus, qui devient second lieutenant-colonel dans l'un des deux bataillons du régiment (1 I 1696).

- La nouvelle recrue participe aussitôt à la campagne militaire de Catalogne. Il fait ses toutes premières armes à la bataille d'Hostalrich (1696), puis continue le combat aux sièges de Palamos et de Barcelone (1697). Après la signature du traité de Ryswick (20 IX 1697), il rentre en France avec le régiment de son petit-cousin, réduit à six compagnies (1698). La paix est de courte durée. Dès le début de la guerre de Succession d'Espagne, le régiment, réarmé avec ses deux bataillons, est envoyé en Flandre (21 IV 1702). Lars Sparre se retrouve donc au front, menant tous ses hommes à l'assaut lors de la bataille de Nimègue (1702). Il prend ensuite ses quartiers d'hiver à Tournai, ville qui est devenue française lors du traité de paix d'Aix-la-Chapelle (2 V 1668).

- C'est là qu'il rencontre sa future femme. Celle-ci est la sœur d'un chanoine nommé Joseph Alexandre Le Vaillant de La Bassardrie, vicaire général du diocèse. Lars Sparre décide donc de se convertir au catholicisme. Soumis à une instruction religieuse de trois mois, prodiguée par son futur beau-frère, il abjure en 1703 le luthéranisme, ceci devant l'évêque de Tournai et en présence d'une centaine d'officiers. Il peut alors épouser la sœur du chanoine (le 18 IV 1703). Sa conversion ayant fait de lui un proscrit en Suède, il obtient aussitôt du roi de France, par l'entremise de l'évêque de Tournai, une pension annuelle de 3000 livres pour compenser la perte de ses biens suédois (qui sont confisqués et attribués à ses deux sœurs après son abjuration).

- À la reprise des combats, au début de l'été, le nouveau marié participe à la bataille d'Ekeren, au nord d'Anvers (30 VI 1703). Il passe ensuite deux années en Allemagne, à l'armée du Rhin, en 1704 et 1705. Son régiment n'y est engagé dans aucun combat. De retour en Belgique, il prend part à la bataille désastreuse de Ramillies (23 V 1706), qui se termine par la déroute des Français. Son régiment, qui a couvert la débandade, va renforcer la garnison de Menin. Lars Sparre y subit un siège d'un mois, du 22 juillet au 20 août 1706. Deux ans plus tard, il participe à la bataille d'Audenarde, qui finit elle aussi par une débâcle (11 VII 1708).

- En 1709, l'officier suédois est promu au grade de lieutenant-colonel. Il devient ainsi le chef de tout un bataillon au sein de son régiment. Après la capitulation de Tournai (2 IX 1709), qui retourne dans le giron du Saint-Empire, il mène ses hommes au combat à la sanglante bataille de Malplaquet (11 IX 1709). Cette fois, la retraite s'effectue sans désordre : l'ennemi, affaibli, ne peut envahir la France dans la foulée. En 1711, avec son bataillon, l'officier aguerri prend part à la bataille d'Arleux. Un an plus tard, il participe aux sièges de Douai, Le Quesnoy et Bouchain, par lesquels se termine la campagne de Flandre. Après la signature du traité d'Utrecht (11 IV 1713), les combats continuent contre l'Autriche seule, qui refuse de signer la paix. Lars Sparre se rend donc en Allemagne, où avec ses hommes il renforce les troupes françaises qui assiègent Landau puis Fribourg (1713). Cette ultime campagne militaire oblige enfin l'Autriche à cesser les hostilités, au traité de paix de Rastadt (6 III 1714).

- À la tête du régiment d'Erik Sparre, réduit à un seul bataillon après la guerre, est alors nommé un nouveau colonel suédois : Jacques Gustave de Lenck (10 III 1714). Lars Sparre, qui a perdu sa femme en 1713, confie ses enfants à son beau-frère, le chanoine de Tournai. Il finit par accueillir l'aîné dans son régiment, comme enseigne à l'âge de 11 ans (10 VIII 1716). Une fois de plus, la paix ne dure que peu de temps. La France ayant déclaré la guerre à l'Espagne (9 I 1719), le régiment du colonel Lenck se rend en Navarre avec l'armée du maréchal Berwick. Lars Sparre et son fils Joseph participent ainsi à la prise de Fontarabie (18 VI 1719), puis à celle de Saint-Sébastien (19 VIII 1719), ce qui contraint le roi d'Espagne à demander la paix (16 II 1720).

- Rendu à la vie civile après une longue carrière militaire (14 ans en Suède, 24 ans en France), le lieutenant-colonel suédois s'installe à Paris. Il écrit une lettre au ministre de la Guerre, pour lui demander que sa pension annuelle, amputée de 1200 livres dès son départ de l'armée, soit rétablie à la somme de 3000 livres (27 VIII 1720) : sans biens ni patrie, ce descendant de rois et grands seigneurs suédois n'a plus que cela pour vivre.

x (cathédrale de Tournai, le 18 IV 1703) avec Félicité Le Vaillant de La Bassardrie (f. de Nicolas François, chevalier, seigneur de La Bassardrie, capitaine au service de l'Espagne, & Félicité d'Hérissem, baronne du Saint-Empire), qui est "une demoiselle bien de condition" mais qui a "peu de bien" (d'après son frère chanoine), † 1713 ; d'où 2 enfants, dont :

 

X.

Joseph Ignace Magnus de Sparre*, ° 1704, † 1787 ; 3ème baron suédois de Kronoberg, 3ème comte français de Sparre, maréchal de camp (général de brigade).

x (Lille, 31 XII 1730) Marie Antoinette du Chambige de Liessart, d'où :

 

XI.

     1. Alexandre Séraphin Joseph de Sparre*.

     2. Louis Ernest Joseph de Sparre*"II

     3. Auguste Ferdinand Marie de Sparre.

° Lille (Saint-Etienne), 29 VIII 1741 ; † avant 1771. Baron suédois de Kronoberg, comte français de Sparre, il devient capitaine de chevau-légers, puis colonel en second dans un régiment français de hussards ; S.A.

     4. Louis Auguste Marie de Sparre*.

     5. Sophie de Sparre.

° ca. II 1751 ; † Marcoussis (91), 18 VI 1752.

     6. Marie Claude Auguste Gustave de Sparre*"III 

  

II La lignée comtale aînée

XI.

     2. Louis Ernest Joseph de Sparre*, ° 1738, † 1818. Baron suédois de Kronoberg, comte français de Sparre, maréchal de camp (général de brigade).

x (Paris, Saint-Roch, le 13 XII 1763) Adélaïde Thérèse Hardouin de Beaumois, f. de Charles & Jeanne Marguerite de Nesle ; ° Paris (Saint-Eustache), 19 XII 1740. D'où 7 enfants, dont :

 

XII.

Louis Ernest Joseph de Sparre, ° Paris (Saint-Roch), 8 VII 1780 ; † Paris 2e

9 VII 1845. Baron de Kronoberg, comte de Sparre, baron d'Empire, baron-pair de France.

- Après la mort de sa mère (1795), il rejoint en Suède sa sœur aînée Marie de Sparre, qui s'est mariée le 18 VII 1780 avec le comte suédois Fabian Wrede d'Elimä, connétable de Suède. Sa sœur divorce de son époux en janvier 1796. Louis de Sparre s'engage alors comme sergent dans la garde royale à cheval de Suède, à Stockholm. Il y devient enseigne sans appointements (le 3 IV 1796), puis enseigne appointé à l'âge de 16 ans (8 VII 1796). Mais il quitte bientôt son régiment.

- De retour en France, il épouse à Paris Marie de Montholon-Sémonville (11 X 1798), dont la sœur Félicité est la femme du général Barthélemy Joubert, ami de Napoléon Bonaparte. Le mari de Félicité, qui est nommé général en chef de l'armée d'Italie (6 VII 1799), quitte aussitôt Paris pour rejoindre ses troupes. Il est tué à la bataille désastreuse de Novi (15 VIII 1799). Louis de Sparre adresse alors une lettre au ministre de la Guerre, lui demandant une sous-lieutenance dans la cavalerie pour aller venger son beau-frère en Italie. Cette requête est accueillie favorablement : le jeune volontaire est mis à la disposition du général Championnet (3 IX 1799), qui le nomme chef d'escadron dans le 1er régiment de cavalerie polonaise (22 X 1799).

- Louis de Sparre quitte sans délai Paris pour aller rejoindre son unité en Italie. Il se trouve à 40 lieues de la capitale lorsqu'il reçoit l'ordre de rebrousser chemin (7 XI 1799). Il arrive à temps à Paris pour participer, au côté de Napoléon Bonaparte, comme chef d'escadron, au coup d'Etat du 18 Brumaire (9 XI 1799). Le lendemain, il se distingue lors de la prise du conseil des Cinq-Cents (10 XI 1799). Pour le remercier de son aide, les trois consuls de la République lui font cadeau d'un sabre d'apparat, fabriqué à la manufacture de Versailles (1 I 1800).

- Le même jour, Louis de Sparre reçoit l'ordre de partir en Hollande, pour y accompagner le père adoptif de son épouse, à savoir l'ambassadeur Charles-Louis Huguet de Sémonville, second mari de sa belle-mère (1 I 1800). Affecté à l'état-major de l'armée de Hollande (2 I 1800), il obtient sur place le poste de chef d'escadron surnuméraire au 4ème régiment de dragons (22 III 1800). À La Haye, le général Augereau est très satisfait de lui : dans une lettre adressée au ministre de la Guerre, il dit que "la conduite de cet officier, son intelligence et le zèle qu'il a montré dans toutes les circonstances, lui font mériter des éloges" (6 XI 1800). Louis de Sparre devient donc chef d'escadron en pied (24 V 1801). Son épouse le rejoint alors à La Haye, où naissent deux enfants en 1802 et 1803.

- Au bout de quatre années de service en Hollande, le jeune officier est promu au grade de major, avec une nouvelle affectation au 28ème régiment de dragons, dans l'armée des Côtes de l'Océan (8 II 1804). Deux ans plus tard, dans l'armée de Joseph Bonaparte, il participe à la conquête du royaume de Naples, qui se termine par la prise de la capitale (15 II 1806). Un an après le décès de sa femme (9 IV 1807), il est promu au grade de colonel, recevant le commandement du 5ème régiment de dragons (28 III 1808). Il quitte alors le royaume de Naples, pour se rendre à Madrid avec Joseph Bonaparte, nommé roi d'Espagne par son frère Napoléon (10 V 1808).

- Dans la péninsule ibérique, Louis de Sparre accomplira trois actions d'éclat. D'abord, devant la ville de Zamora, il traverse une rivière à la nage avec vingt soldats, pour contourner l'ennemi qui garde un pont avec deux pièces de canon ; il charge ensuite avec ses hommes, dispersant ses adversaires et s'emparant de leur batterie (6 I 1809). Ceci lui vaudra d'être élevé à la dignité d'officier de la Légion d'honneur (22 XII 1809), puis de chevalier de l'ordre suédois de l'Epée (21 VII 1810). Quelques mois plus tard, chargé d'aller reconnaître l'ennemi avec son régiment, il le rencontre à Baza, fort de 14.000 hommes, et l'empêche de passer un défilé depuis 4 heures du matin jusqu'à 3 heures de l'après-midi ; l'ennemi ayant fini par déboucher sur plusieurs points, Louis de Sparre est obligé de se retirer avec ses hommes, sous le feu de six pièces de canon, et sous celui des tirailleurs ; ayant reformé son unité en arrière, il charge l'ennemi, le culbute, lui prend cinq canons et tue deux canonniers sur leurs pièces ; il retourne ensuite la batterie conquise contre l'adversaire, ébranlant la seconde ligne qui protège le défilé et la mettant en fuite (3 XI 1810). Enfin, deux mois et demi plus tard, sous les ordres du général Soult, il rencontre à Murcia la division de cavalerie du général La Carrera, la met en déroute, tuant le général espagnol et son chef d'état-major (26 I 1811). Louis de Sparre est récompensé par le titre de baron d'Empire (9 V 1811).

- Promu au grade de général de brigade (11 IV 1812), le nouveau baron est aussitôt affecté à la 3ème division de cavalerie de l'armée du Midi en Espagne (14 IV 1812). Il finit par être blessé au bras au cours d'une opération : il demande alors un congé de repos au ministre de la Guerre (27 VI 1813). Celui-ci préfère le muter à l'armée des Pyrénées, comme chef de la 3ème brigade de la 1ère division de cavalerie légère (16 VII 1813). Commence alors la campagne de France : Louis de Sparre quitte aussitôt Dax et se rend à Paris, en janvier 1814. Ayant rejoint la Grande Armée en Champagne, il est grièvement blessé d'une balle à la jambe à la bataille de Craonne, opposant les troupes de Napoléon à celles de Blücher (le 7 III 1814). Il devra rester alité huit mois, puis user de béquilles pendant six mois.

- Sous la première Restauration, le roi Louis XVIII lui remet plusieurs récompenses : il en fait un chevalier de Saint-Louis (27 VI 1814), le nomme lieutenant-général (9 VII 1814), puis, le roi de Suède l'ayant fait commandeur de l'ordre de l'Epée (9 VII 1814), l'élève à son tour au rang de commandeur de la Légion d'honneur (23 VIII 1814). Louis de Sparre abandonne alors son titre de baron d'Empire, gagné à la pointe de son sabre, pour reprendre son ancien titre de comte, échu à la naissance. Malgré cela, il finit par être mis en demi-solde par le roi, qui n'a plus besoin de ses services (1 IX 1814).

- Au retour de Napoléon, le général sans emploi écrit au maréchal Davout*, nouveau ministre de la Guerre, pour qu'il lui accorde le commandement d'une division de cavalerie : il précise que sa blessure est cicatrisée, et qu'il peut marcher sans béquilles (8 IV 1815). Le maréchal l'affecte aussitôt à la 11ème division de cavalerie légère du 8ème corps d'observation, dans les Pyrénées (23 IV 1815). Arrivé à Toulouse, Louis de Sparre s'y sent inutile : il écrit de nouveau à Davout pour réclamer une division à l'armée du Nord, au contact de l'ennemi (14 VI 1815). Rappelé au quartier général de l'Empereur (18 VI 1815), il reçoit à Paris le commandement de la 11ème division de cavalerie de réserve (5 VII 1815). Avec ses troupes, il quitte la capitale assiégée et se retire derrière la Loire, conformément aux clauses de l'armistice de Saint-Cloud (3 VII 1815). Louis XVIII fait son entrée à Paris peu après (8 VII 1815). Il fait casser par ordonnance toutes les promotions et affectations accordées par l'Empereur pendant les Cent-Jours (1 VIII 1815).

- Louis de Sparre se retrouve donc sans emploi. Profitant de sa retraite forcée, il se rend à Stockholm pour régler avec sa sœur Marie, épouse en secondes noces du général suédois Fredrik Tersmeden, la succession de leur mère, décédée depuis vingt ans déjà. Au cours du séjour, il reçoit du roi de Suède la grand-croix de l'ordre de l'Epée (27 XI 1815), puis il fait entrer ses deux fils dans la garde royale à cheval de Suède, avec l'accord de Louis XVIII (17 VII 1816). Il ne retourne à Paris qu'en 1817.

- En France, Louis de Sparre retrouve un emploi dans l'armée. Nommé inspecteur général de cavalerie (1 VII 1818), il occupera cette fonction jusqu'à sa mort, sous les règnes de Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe. Il est alors élevé à la dignité de pair de France (5 III 1819), et de baron-pair (25 VI 1822). Après son remariage avec une jeune cantatrice italienne nommée Caroline Naldi (19 V 1823), il reçoit de Louis XVIII une pension de 12.000 francs (28 V 1824), puis devient commandeur de l'ordre de Saint-Louis (29 X 1828), grand officier de la Légion d'honneur (29 IV 1834), et enfin grand-croix de la Légion d'honneur (13 IV 1845). Il meurt d'une attaque aiguë d'apoplexie devant les ducs de Nemours et d'Aumale, fils de Louis-Philippe, en inspectant les troupes sur le Champ de Mars à Paris (9 VII 1845). Propriétaire du château de Brizay, en Indre-et-Loire, il a été conseiller général de ce département. Son nom est inscrit au côté nord de l'Arc de Triomphe.

x1 (Paris 1er, le 11 X 1798) avec Marie de Montholon-Sémonville (fille de Mathieu, marquis de Montholon, et colonel de dragons, premier veneur de Monsieur, & Angélique Aimée de Rostaing, remariée à Charles-Louis Huguet, marquis de Sémonville) ; ° Paris, le 21 VII 1777 ; † Paris, 9 VI 1807 ; d'où 3 enfants, dont XIII.

[Le frère de la mariée, Charles Tristan de Montholon-Sémonville, a été compagnon de captivité de Napoléon à Sainte-Hélène, puis l'un des exécuteurs testamentaires de l'Empereur].

x2 (Paris 10ème, 19 V 1823) Marie Caroline Naldi (f. de Giuseppe & Marie Medina), cantatrice ; ° Aquaviva (Toscane), 8 XI 1802 ; † Brizay (37), 26 XII 1876 ; d'où 1 enfant.

 

XIII.

Louis Ernest Gustave de Sparre, ° La Haye (Hollande), 23 III 1802 ; † Paris 6ème, 5 VII 1866. Baron de Kronoberg, comte de Sparre.

- En 1815, il accompagne son père à Stockholm, et obtient de Louis XVIII la permission de servir dans un régiment suédois (17 VII 1816). Il s'engage alors avec son frère puîné comme cornette dans la garde royale à cheval de Suède (10 XII 1816). En 1822, il quitte ce régiment et rentre en France. Il est admis dans un régiment français de lanciers, comme chef d'escadron. Après avoir été fait chevalier de la Légion d'honneur (le 8 XI 1829), il démissionne de l'armée en 1830, lorsque le roi Charles X est renversé, et s'exile quelque temps à Constantinople. Plus tard, il deviendra chevalier de l'ordre suédois de l'Epée (23 XII 1835).

x1 (Paris, 26 VI 1828) Louise Marie Hippolyte Gabrielle de Gramont (f. d'Emmanuel Marie Pierre Félix Isidore, duc de Caderousse, & Armande de Vassé), ° Caderousse (84), 14 III 1806 ; † Orange (84), 20 II 1844 ; S.P.

x2 (Paris, 10 VI 1847) Louise Chapelain de Séréville de Crenay (f. de Charles Dominique, baron de Séréville, & Marie Louise Françoise Aubé de Bracquemont ; fille adoptive de Georges Antoine Gabriel Thibault Henri de Poilvillain, marquis de Crenay, & Charlotte Elisabeth Thérèse Marie Chapelain de Séréville) ; ° La Belliole (89), 9 VII 1821 ; † Orange (84), 16 III 1897 ; d'où 5 enfants, dont :

  

XIV.

Magnus Louis Marie de Sparre, ° Ermatingen (Suisse), 12 V 1849 ; † Lyon 5ème, 27 II 1933. Baron de Kronoberg, comte de Sparre.

- Elève à l'Ecole polytechnique de Paris, il est reçu à l'examen final en 1868, entrant aussitôt dans l'armée, ceci comme sous-lieutenant d'artillerie. En 1873, il est lieutenant, en garnison à Grenoble ; il passe ensuite capitaine. Démissionnaire de l'armée, il devient maître de conférences à l'université catholique de Lyon (1877), puis professeur en la même université après avoir passé son doctorat ès science mathématique (1882). Membre de l'Académie des belles-lettres de Lyon (1890), membre du comité technique de la Société hydrotechnique de France, il finit par devenir doyen de la faculté catholique des sciences de Lyon (1901). En juillet 1912, il est admis comme membre correspondant à l'Académie des sciences. Chevalier de la Légion d'honneur, il est également commandeur de l'ordre pontifical de Saint-Grégoire-le-Grand.  

x (Saint-Georges-de-Reneins, 1 XII 1874) Louise Marie Aimée Marguerite de Monspey (f. de Louis Alexandre Octave, marquis de Monspey, & Anne Gabrielle Louise de Luzy) ; ° Lyon, 8 II 1851 ; † Lyon 5ème, 7 V 1939 ; d'où 3 enfants, dont un fils qui suit :

 

XV.

Eric Ludovic Joseph Marie de Sparre, ° Saint-Georges-de-Reneins (69), 10 II 1880 ; † Lyon 2ème, 1 VII 1962. Baron de Kronoberg, comte de Sparre.

- Elève à l'Ecole polytechnique de Paris, il en sort sous-lieutenant d'artillerie. En 1911, lors de son mariage, il est lieutenant au 6ème régiment d'artillerie, en garnison à Valence. Cinq fois cité lors de la Grande Guerre, il obtient la Croix de guerre 1914-1918. En 1939-1940, devenu lieutenant-colonel, il commande les dépôts de l'artillerie de Grenoble. Officier de la Légion d'honneur, il est propriétaire du château de Vallières, à Saint-Georges-de-Reneins (69).  

x (Lyon 2ème, 7 III 1911) Elisabeth Anne Marie Henriette de Forbin La Barben (f. de Joseph Louis Palamède, marquis de Forbin La Barben, avocat, & de Jeanne Stéphanie Legendre) ; ° Sainte-Foy-lès-Lyon (69), 15 IX 1890 ; † Saint-Georges-de-Reneins (69), 18 VIII 1959 ; d'où 2 enfants, dont un fils qui suit :

 

XVI.

Pierre-Axel Marie de Sparre, ° Lyon 2ème, 31 V 1924 ; † Saint-Georges-de-Reneins (69), 4 VI 1986. Baron de Kronoberg, comte de Sparre.

- Employé à Lyon (1950-1962), il devient propriétaire du château de Vallières à la mort de son père (1962), et exploitant agricole à Saint-Georges-de-Reneins.

x (Paris 7ème, 21 X 1949) Marie Gabrielle Christiane de Clermont-Tonnerre (fille de Jean, duc de Clermont-Tonnerre, commandant d'infanterie, & Armande Séguier). Séparée de son mari (18 III 1965), elle devient secrétaire à Paris (1971), à Châtillon-sur-Seine (1972), et enfin employée aux écritures à Paris (1980) ; ° Paris 7ème, 25 IV 1929 ; † Paris, 4 III 1994 ; * Saint-Georges-de-Reneins (69), 7 III 1994 ; d'où 5 enfants, dont un fils qui suit :

 

XVII.

Charles Henri Marie Antoine Eric de Sparre.

° Villefranche (69), le 28 X 1952. Baron de Kronoberg et comte de Sparre.

-  Auditeur interne à Bruxelles (1980), agent de change américain à Paris (1989). La famille de Sparre est propriétaire du domaine de la Tour du Bief, à Chénas (69), lequel produit un vin de Beaujolais appellation Moulin-à-Vent contrôlée.

x (Neuilly-sur-Seine, le 9 X 1980) avec Pascale Marie Madeleine Mouzel (fille de Jacques Albert Antoine, directeur de société, & de Jeannine Marie Joséphine Agostini) ; ° Neuilly-sur-Seine (92), 13 I 1958 ; d'où 4 enfants, dont un fils qui suit :

XVIII.

Stanislas Magnus Grégoire Marie de Sparre.

° Neuilly-sur-Seine (92), 26 X 1989.

  

III La lignée comtale puînée 

XI.

     6. Marie Claude Auguste Gustave de Sparre*.

° 1752 ; † 1813. Baron suédois de Kronoberg, et comte français de Sparre ; capitaine de vaisseau.

x (Paris, 31 V 1787) Louise Amable de La Toison de Rocheblanche ; d'où 8 enfants, dont :

 

XII.

Gustave Louis de Sparre, ° Londres (Angleterre), 14 XI 1798 ; † Chierry (02), 2 X 1859. Il est baron de Kronoberg et comte de Sparre.

- Après le décès de son père (10 VIII 1813), mort en exil à Londres, il quitte l'Angleterre et regagne la France sous la première Restauration. Il s'engage aussitôt en tant que sous-lieutenant dans le corps des cipayes en Inde (12 VIII 1814), et reçoit l'ordre du ministre de la Marine de se rendre à Rochefort pour y embarquer (28 VIII 1813). Le départ n'aura pas lieu. Gustave de Sparre reste en France pour y participer à la défense de la monarchie restaurée, contre les nombreux partisans de Napoléon. Après le retour de l'Empereur à Paris (20 III 1815), il est licencié de l'armée royale (20 IV 1815), en vertu d'un décret de Louis XVIII qui ajourne, indéfiniment, les expéditions coloniales et qui révoque les nominations faites (14 IV 1815). Il obtient toutefois du roi, réfugié à Gand, une demi-solde de sous-lieutenant (21 IV 1815).

- Au début de la seconde Restauration, Gustave de Sparre est vite réintégré dans l'armée. Confirmé comme sous-lieutenant dans le corps des cipayes en Inde (8 III 1816), il retrouve sa solde entière peu après (1 IV 1816), puis reçoit l'ordre de se rendre à Rochefort (8 IV 1816). Une fois sur place, il embarque à l'île d'Aix sur la flûte La Licorne, pour aller rejoindre son poste (17 V 1816). Il débarque à Pondichéry quatre mois plus tard (26 IX 1816). Nommé aussitôt lieutenant en second, à titre provisoire (27 IX 1816), il embarque de nouveau sur La Licorne pour aller rejoindre sa compagnie, détachée à Chandernagor (5 X 1816). Un mois plus tard, il débarque à Kidgery, dans le golfe du Bengale, à proximité de sa destination (11 XI 1816). Après un séjour d'un an et demi à Chandernagor, il est confirmé au grade de lieutenant en second, ceci par décision royale (6 II 1818). Il est rappelé alors à Pondichéry, où il débarque au début du printemps (6 IV 1818). Il y est aussitôt affecté à la 2ème compagnie de fusiliers du corps des cipayes.

- Son ancien tuteur, Charles-Louis Huguet, marquis de Sémonville, s'inquiète pour sa santé. Le vieil homme finit par obtenir, par dépêche ministérielle, une permutation de postes entre son ancien pupille et le lieutenant Dessoliers, officier d'infanterie servant dans la légion départementale des Bouches-du-Rhône (5 VII 1820). Gustave de Sparre, qui a été nommé capitaine provisoire par le gouverneur civil des établissements français en Inde (le 10 II 1821), doit donc retourner en France. Il embarque à Pondichéry en août 1821, puis arrive à Bordeaux sept mois plus tard (8 III 1822), à bord du navire de commerce Le Neptune venant de l'île Bourbon. Remis à la disposition du ministre de la Guerre par le ministre de la Marine (24 IV 1822), il apprend que son grade provisoire de capitaine n'est pas confirmé. Gustave de Sparre écrit alors de Paris au ministre, pour lui demander un congé de trois mois avec solde entière (16 V 1822). Il précise que : "une absence de six années et un voyage sur mer long et pénible me donnent des droits à la faveur que je sollicite de votre Excellence". Il n'obtiendra qu'un congé à demi-solde (31 V 1822).

- Commence alors la guerre d'Espagne. Louis XVIII ayant décidé de rétablir la monarchie absolue dans la péninsule ibérique (28 I 1823), il envoie une armée pour porter secours à son cousin le roi Ferdinand VII. Gustave de Sparre participe à cette expédition, comme lieutenant dans le 6ème régiment d'infanterie de ligne (ancienne légion départementale des Bouches-du-Rhône). Avec son unité, il pénètre en Espagne par la route de Roncevaux (9 IV 1823), puis entre à Madrid (24 V 1823). Après la capitulation de Cadix (20 IX 1823), il est mis en garnison à Pampelune jusqu'à son retour en France (15 V 1825).

- Devenu chevalier de la Légion d'honneur (23 V 1825), Gustave de Sparre est alors muté au 2ème régiment d'infanterie de la Garde royale (11 IV 1826). Il est ensuite promu officiellement au grade de capitaine, avec une nouvelle affectation au 8ème régiment d'infanterie de ligne (28 X 1827). C'est avec cette unité qu'il participe à une expédition militaire contre les Turcs, au cœur du Péloponnèse. La France, en effet, après avoir aidé les Russes et les Anglais à remporter la bataille navale de Navarin contre la flotte ottomane (le 20 X 1827), a reçu le mandat de défendre la Grèce contre les armées du sultan, à la conférence de Londres (le 15 VI 1828). Gustave de Sparre embarque donc pour le Péloponnèse (le 14 VIII 1828). Avec les 14.000 hommes qui ont été placés sous les ordres du général Maison, il chasse les Turcs de la péninsule grecque. Sa conduite lors de la campagne lui vaudra d'être élevé à la dignité de chevalier de Saint-Louis (22 II 1829). Il rentre ensuite en France, où il débarque au début du printemps (31 III 1829).

- Un an plus tard, Gustave de Sparre repart en campagne, cette fois pour l'Algérie. Dès son arrivée à Alger (2 IX 1830), il est attaché à l'état-major de l'armée d'Afrique, comme officier d'ordonnance du général Boyer ; il est mis à la suite du 35ème régiment d'infanterie de ligne. Après s'être distingué lors de l'attaque de Médéah, il est affecté au 4ème régiment d'infanterie de ligne (6 I 1631), tout en conservant ses attributions à l'état-major. Le maréchal Clauzel, gouverneur général de l'Algérie, est très satisfait du jeune officier. Dans une lettre adressée au ministre de la Guerre (8 I 1831), il précise que : "Monsieur de Sparre est un très bon capitaine, plein de bonne volonté et de zèle, qui a saisi toutes les occasions d'être utile depuis son arrivée en Afrique". Rentré en France en mars 1831, l'officier ainsi complimenté passe plusieurs mois de congé dans son pays. À la fin de l'année, il rembarque à Toulon pour l'Algérie (15 XII 1831), débarquant à Alger une semaine plus tard (22 XII 1831). Au cours de son séjour en Afrique du nord, il se distingue par une action d'éclat contre les Arabes, à la bataille de Bougie (12 X 1833) : avec sa compagnie de voltigeurs, c'est lui qui arrive le premier sur le plateau, face à l'ennemi. Il est alors cité à l'ordre de l'armée d'Afrique, et se voit élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur (14 XI 1833). Six mois plus tard, il quitte Alger, arrivant en France au milieu du printemps (16 V 1834).

- Le marquis de Sémonville, son ancien tuteur, écrit alors au nouveau ministre de la Guerre, le maréchal Maison (8 VI 1835). Demandant un emploi de chef de bataillon pour son ancien pupille, le vieil homme ajoute que : "Mon pauvre Gustave est réellement malheureux. Il n'a rien que son épée. Depuis qu'il est capitaine, il y a longtemps déjà, il est trop fier pour recevoir encore, ou de ses parents ou de moi, et les appointements sont bien courts pour un officier qui a passé autant d'années dans des climats brûlants, et dont la santé est très dérangée". Dans sa réponse (13 VI 1835), le ministre assure que : "J'apprécie les qualités militaires de Monsieur de Sparre, qui a servi sous mes ordres en Morée". En attendant sa promotion, le protégé du vieux marquis de Sémonville devient chevalier de l'ordre suédois de l'Epée (27 VII 1835), avec autorisation du roi Louis-Philippe d'accepter cette dignité étrangère (30 III 1836).

- Plus tard, alors qu'il est en congé à Versailles chez son ancien tuteur, Gustave de Sparre écrit à son tour au ministre de la Guerre (4 XII 1836). Il lui demande la permission de convoler en justes noces. Muni de l'accord ministériel, il se marie aussitôt avec une riche Anglaise, qui lui apporte une rente annuelle garantie de 100.000 francs (20 XII 1836). Peu après, le ministre le nomme chef de bataillon, l'affectant au 6ème régiment d'infanterie de ligne (31 XII 1836). Le nouvel époux va rejoindre alors sa nouvelle unité, ceci à l'expiration de son congé matrimonial (15 IV 1837).

- Devenu ensuite lieutenant-colonel, au 69ème régiment d'infanterie de ligne (27 II 1841), il adresse une nouvelle lettre au ministre de la Guerre (9 XI 1843). Cette fois, il demande que son titre de comte soit indiqué devant son nom, tant sur l'annuaire militaire que sur les contrôles de l'armée. Il obtient satisfaction (6 II 1844), grâce à l'appui du général Louis de Sparre, son cousin germain, qui en tant que "chef de la famille" conserve les lettres patentes de Louis XIV, accordant le titre de comte en France à leur ancêtre suédois Per, en 1675.

- Gustave de Sparre est ensuite promu au grade de colonel (le 24 IV 1845). Transféré au 42ème régiment d'infanterie de ligne, il se signale lors du procès d'Albert, Blanqui, Huber et Raspail, condamnés à la détention perpétuelle, ceci pour leur participation à l'insurrection parisienne du 15 V 1848. Dans un rapport envoyé au ministre de la Guerre (3 V 1849), le commandant en chef de l'armée des Alpes cite le nouveau colonel d'infanterie "comme ayant parfaitement secondé le général de division Marey-Monge pour le maintien de l'ordre à Bourges, pendant le procès de la Haute Cour". En récompense, sous la Seconde République, Gustave de Sparre est élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur (10 XII 1849).

- Deux ans plus tard, il devient général de brigade (le 3 VIII 1851). Il reçoit d'abord le commandement de la subdivision militaire de l'Aveyron (27 XI 1851), puis de celles du Loir-et-Cher (le 15 I 1852), des Bouches-du-Rhône (2 XII 1854), et à nouveau du Loir-et-Cher (14 XI 1855). En 1856, il est fait chevalier de l'ordre ottoman du Medjidié, après la guerre de Crimée.

- Sa santé, toutefois, commence à se détériorer. Souffrant depuis plusieurs années déjà de douleurs rhumatismales chroniques aux articulations, il est obligé de passer un mois de cure aux eaux thermales de Néris-les-Bains, dans l'Allier, en juillet 1856 puis en juillet 1857. Un an plus tard, ne pouvant plus assumer ses fonctions, il écrit de Blois au ministre de la Guerre (15 V 1858), pour lui demander de le placer dans le cadre de réserve. N'ayant pas encore atteint l'âge de 62 ans, il n'obtient qu'une mise en disponibilité (22 V 1858).

- Gustave de Sparre s'installe alors au château de Chierry, dans l'Aisne, chez son frère Eugène. Obligé de se rendre à Paris, pour "des raisons de famille et de santé", il en avertit aussitôt le ministre par écrit (10 VII 1858). C'est là sa dernière lettre adressée au ministère. Un mois et demi plus tard, son frère Eugène écrit à son tour au ministre, de son château (le 27 VIII 1858). Il dit, à propos du général de brigade, que : "Sa maladie, qui est une paralysie générale, ayant pris un caractère de gravité qui réclamait des soins tout particuliers, il y a eu nécessité de le ramener à Paris (...) ; aujourd'hui, cette maladie si grave étant passée à l'état chronique, il m'a été possible de recueillir chez moi mon pauvre frère, qui s'y trouve entouré de sa femme et de ses deux fils". Après la mort du malade (le 2 X 1859), une pension de 1000 francs est allouée par l'armée à sa veuve (11 IV 1860).

x (Versailles, 20 XII 1836) Emma Fuller (f. de Francis, général anglais, & Hannah Craig) ; ° Trichinopoly (Inde), 28 XII 1808 ; † Paris, 11 III 1882 ; d'où 2 enfants, dont :

 

XIII.

Alfred Marie de Sparre, ° Versailles (78), 22 III 1841 ; † Blois (41), 3 IX 1917. Baron de Kronoberg, et comte de Sparre.

- D'abord officier, il devient conseiller à la préfecture du Loir-et-Cher, puis propriétaire. Il est chevalier de l'ordre suédois de l'Epée.

x (Romorantin, le 14 III 1870) Léonie Suzanne Noémi Barluet de Beauchesne (f. de Jean-Baptiste Aimé, maire de Romorantin, & Louise Amélie Geneviève Thuault de Beauchesne) ; ° Villeherviers (41), 20 IX 1846 ; † Blois (41), 27 I 1924 ; d'où 3 enfants, dont un fils qui suit :

 

XIV.

Gustave Marie de Sparre, ° Blois (41), 13 XII 1875 ; † Blois (41), 6 X 1959. Baron de Kronoberg, comte de Sparre. Propriétaire, inspecteur d'assurances.

x (Alençon, le 15 V 1909) Yvonne Louise Marie de Fromont de Bouaille (fille de Fernand Isidore Marie, inspecteur au chemin de fer d'Orléans, & Françoise Elisabeth Anne Gabrielle Gobinet de Villecholle) ; ° Poitiers (86), 28 IV 18884 ; † Blois (41), 20 IV 1961.

D'où 4 enfants, dont un fils qui suit :

 

XV.

Eric Marie de Sparre, ° Blois (41), le 27 VII 1925 ; † 1998. Baron de Kronoberg, comte de Sparre.

- Décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance, il est décorateur, exploitant et propriétaire du château de Villesavin, à Tour-en-Sologne (41). Il ouvre au public sa propriété, où l'on peut voir un vieux colombier à pied encore intact, et fonde dans les communs un musée de voitures hippomobiles et de voitures d'enfants. Il a inauguré un retour aux sources suédoises de sa famille, en donnant des prénoms scandinaves à ses enfants. Il a aussi reçu dans son château, le 4 VII 1994, quelque 70 membres suédois de la famille Sparre, qui ont tenu pour la première fois leur réunion trisannuelle en France. En mars 1994, la famille de Sparre a remis, dans la cour des Invalides, en présence du président de la République, un drapeau au 3ème régiment d'infanterie de marine, basé à Nîmes, lequel reprend ainsi, après le 89ème régiment d'infanterie, les traditions du régiment de Sparre, devenu Royal-Suédois en 1742.

x (Paris 8ème, 7 VII 1952) Françoise Antoinette Marie Leprat (f. de Gérard Charles, éditeur, & Suzanne Marie Jeanne Mercier) ; ° Paris 8ème, 8 II 1927 ; † 29 IX 1993 ; * Tour-en-Sologne (41), 1 X 1993 ; d'où 2 enfants, dont un fils qui suit  

 

XVI.

Lars Sigismond Gustave Ericsson de Sparre.

° Blois (41), 28 III 1959. Baron suédois de Kronoberg, et comte français de Sparre.

- Propriétaire depuis 1998 du château de Villesavin, sis à Tour-en-Sologne (41), il y crée en avril 2000 un musée du mariage, avec des reconstitutions de cérémonies nuptiales, des expositions de robes de mariée, et une belle collection de 350 diadèmes de mariée, conservés sous leur globe. Le 19 XI 2000, il accueille en son château, avec son épouse, une partie de la chorale de l'église suédoise de Paris, venue visiter les châteaux de la Loire.

x (Tour-en-Sologne, 10 VIII 1991) Véronique Lalardrie (f. de Pierre & Jeanine Annie Malvaud) ; ° Rochefort (17), 19 V 1964 ; d'où un fils qui suit :

 

XVII.

Niels Pierre Eric Larsson de Sparre.

° Blois (41), 21 I 1992.

  

Pierre Le Clercq

[D, S.H.A.T., Svenska Adelns Ättartavlor]

 

SPARRE Joseph Ignace Magnus de

° Tournai (Notre-Dame), le 9 X 1704 ; † Paris (Saint-Sulpice), le 23 VI 1787.

- f. de Lars Magnus, lieutenant-colonel au régiment de Sparre puis de Lenck, & de Félicité Le Vaillant de La Bassardrie.

- 3ème baron suédois de Kronoberg, 3ème comte français de Sparre, il se désigne lui-même sous le nom de "Joseph Magnus de Toffeta, comte de Sparre", croyant descendre des sires suédois de Tofta, dont le blason était composé lui aussi d'un simple chevron. Il apparaît aussi sous le nom de "comte de Sparre de Cromberg". En 1771, il se dit également seigneur de Näsby (en Suède).

- Après le décès de sa mère (1713), il est élevé quelque temps par son oncle, le chanoine Joseph Alexandre Le Vaillant de La Bassardrie ; il rejoint ensuite son père à l'armée, où il est engagé comme enseigne au sein du régiment d'infanterie du colonel Lenck (10 VIII 1716). La France ayant déclaré la guerre à l'Espagne (9 I 1719), il se rend en Navarre avec son régiment, participant aux côtés de son père à la prise de Fontarabie (18 VI 1719), puis à celle de Saint-Sébastien (le 19 VIII 1719). Il rentre en France après la capitulation du roi d'Espagne (16 II 1720).

- Promu au grade de lieutenant (1720), il s'établit à Paris avec son père, qui a été rendu à la vie civile après la campagne de Navarre. Dans la capitale, il est souvent convié à dîner chez le petit-cousin de son père, Erik Sparre, ancien colonel au service de Louis XIV (1694-1714), qui est devenu ambassadeur de Suède à Paris (1714-1720), juste avant de rentrer définitivement en Scandinavie, le diplomate suédois projette d'enlever les deux fils de son petit-cousin Lars, pour les convertir au luthéranisme et leur assurer un avenir bien meilleur à Stockholm. Mais l'oncle maternel des enfants fait échouer le projet : le vieux chanoine de Tournai cache ses deux neveux pendant une quinzaine de jours, jusqu'au départ de l'ambassadeur (1720).

- Joseph de Sparre devra attendre dix ans avant d'obtenir le grade de capitaine (31 IV 1730). Il ne reçoit toutefois le commandement d'aucune compagnie au sein de son régiment, et doit donc continuer de servir comme simple lieutenant. Le colonel Lenck, en effet, de nationalité suédoise et de confession luthérienne, se conforme aux instructions d'Erik Sparre, son prédécesseur et ancien chef : il retarde l'avancement des deux neveux à la mode de Bretagne de l'ancien colonel devenu ambassadeur de Suède, pour leur faire regretter d'être restés en France en 1720, au lieu d'aller en Scandinavie.

- Profitant d'un congé, Joseph de Sparre convole alors en justes noces, à Lille (31 XII 1730). Grâce à son oncle chanoine, il trouve à épouser la fille d'un défunt trésorier de France, ancien président de la chambre des comptes de la généralité de Lille, c'est-à-dire "une demoiselle bien née" qui, dans la région lilloise, possède la seigneurie des Passez à Mouvaux, la cense Dupretz à Hem, ainsi que des terres à Courrières, Deulémont, Frélinghien, Haubourdin, Houplin et Noyelles, ainsi qu'à La Neuville, Quesnoy, Seclin et Wambrechies.

- En 1732, Joseph de Sparre est en garnison en Alsace. Commence alors la guerre de Succession de Pologne (1733-1735). Avec son régiment, le jeune marié participe d'abord à l'occupation de Nancy et de tout le duché de Lorraine (1733). Devenu enfin capitaine en pied (5 XI 1733), à la tête d'une compagnie, il se rend ensuite en Allemagne où il prend part aux sièges de Trèves, puis de Trarbach, en mai 1734. En juin, débute le siège de Philippsbourg. Joseph de Sparre s'y distingue au cours d'une mission : se trouvant au bord du Rhin avec un détachement, dans un poste avancé, il se trouve attaqué par 400 hussards impériaux ; il fait face avec ses hommes, tuant jusqu'à trente cavaliers ennemis et ne déplorant, dans sa propre troupe, qu'un mort et deux blessés. Après la capitulation de Philippsbourg (18 VII 1734), il termine l'année dans le Palatinat, cantonné avec son régiment autour du château de Meshenheim.

- C'est là que décède le colonel Lenck, mort d'épuisement en tentant d'éteindre un incendie dans le château (14 XII 1734). Joseph de Sparre passe alors sous les ordres de Per Appelgrehn, le nouveau colonel suédois du régiment (19 XII 1734). Avec lui, il participe l'année suivante à la bataille de Klausen, puis à celle de Donauwörth sur les bords du Danube, en Bavière (1735). Les hostilités prennent fin peu après, lorsque des préliminaires de paix sont conclus à Vienne entre la France et l'Autriche, les deux adversaires (3 X 1735).

- Joseph de Sparre retrouve aussitôt son épouse à Lille. Naissent alors ses deux premiers fils : Alexandre (6 IX 1736), puis Ernest (20 VII 1738). En 1739, ayant déjà passé 23 ans à l'armée, il est fait chevalier de Saint-Louis, par ancienneté. Il profite de la paix pour se rendre en Suède au cours de la même année, afin de tenter de récupérer les biens qui ont été confisqués à son père en 1703, lorsque celui-ci a renoncé au luthéranisme pour devenir catholique. De retour en France, bredouille, il vit encore quelque temps à Lille, où naît bientôt son 3ème fils Ferdinand (29 VIII 1741).

- Le père de l'enfant n'assiste pas à la naissance. La France vient de déclarer une fois de plus la guerre à l'Autriche (11 VII 1741), et Joseph de Sparre est parti avec son régiment pour l'Allemagne. En novembre, il se trouve en Bavière, affecté à l'état-major de l'armée du maréchal de Maillebois, où il sert comme 1er aide de camp du marquis de Ravignan, puis du duc d'Harcourt. Avec son régiment, en avril 1742, il part ensuite vers la Bohême, pour y rejoindre à Prague l'armée du maréchal de Belle-isle. En chemin, il participe à la bataille de Sahay (25 V 1742), puis au ravitaillement de Frauenberg. Peu après son arrivée à Prague, en juin, les Autrichiens viennent assiéger la ville (le 2 VII 1742), et le colonel Appelgrehn est tué en septembre au cours d'une sortie.

- Joseph de Sparre devient alors colonel à son tour (30 X 1742). En réponse aux vœux du roi de Suède Frédéric Ier (6 VII 1740), le régiment d'Appelgrehn ne prend point le nom de Sparre, mais celui de Royal-Suédois. Du château de Tevehen, à Prague, le nouveau colonel expédie une lettre de remerciement au ministre de la Guerre à Paris (12 XI 1742). Il prend part ensuite à la sortie audacieuse de la capitale de Bohême (16 XII 1742), qu'il racontera plus tard : "En 1742, l'armée française, sous les ordres du maréchal de Belle-Isle, se trouvant réduite à la seule ville de Prague, sans espoir de secours par la retraite de l'armée de monsieur de Maillebois, qui était allée en Bavière prendre des quartiers d'hiver, et se trouvant environnée d'ennemis, manquant d'argent et de vivres, fit le seize de décembre une retraite des plus mémorables ; elle traversa les quartiers des ennemis, malgré les glaces et les neiges, et fit en huit jours près de cinquante lieues, pour arriver à Egra (26 XII 1742)". [instructions militaires, publiées en 1753]

- Trois semaines plus tard, Joseph de Sparre quitte Egra avec le Royal-Suédois (18 I 1743), pour rejoindre l'armée d'Alsace après un court séjour en Bavière. En Alsace, il participe en juillet 1744 à la reprise de Wissembourg et des lignes de la Loutre, puis, en août, à la bataille de Haguenau. En septembre, de retour en Bavière, il se distingue en s'emparant du château de Burghausen, à la tête de vingt-quatre compagnies de grenadiers. En 1745, commandant jusqu'à 3000 hommes, il reprend le château de Reckershofen, puis, sous les ordres du maréchal de Ségur, prend part à la bataille de Pfaffenhofen (16 IV 1745). Plus tard, à l'occasion d'un paisible séjour à Paris, il écrira que : "Dans le temps que les troupes françaises se joignaient à celles de l'Electeur de Bavière pour s'opposer, de concert, aux progrès que l'ennemi faisait dans ses Etats, cet Electeur fit sa paix particulière à l'insu du général français, et l'exposa par sa défection à tous les efforts des ennemis ; les Français, au nombre de 8000 hommes, furent attaqués à Pfaffenhofen le 16 avril 1745 par toutes les forces autrichiennes ; cette petite armée fit ferme partout, traversa un bois, passa le Paar, gagna les hauteurs du marais d'Ingolstadt, et ayant fait en vingt-quatre heures seize lieues, soutenu quatre attaques, elle parvint à Rain, de là dans le Wurtemberg, quoique sans cesse harcelée, et se retrancha derrière le Neckar". [Instructions militaires, 1753]

- Promu au grade de brigadier (le 1 V 1745), Joseph de Sparre s'installe alors en Alsace avec son régiment, puis repart en campagne (1 V 1746). Arrivé en Belgique, il participe aux sièges de Mons et Charleroi en juin et juillet, à la prise de Namur en septembre, puis à la bataille de Raucoux (11 X 1746). L'année suivante, tandis que le Royal-Suédois reste en garnison à Namur et à Huy, naît le 4ème fils du colonel (21 IV 1747) ; le père de l'enfant est ensuite élevé au grade de général de brigade en Suède, en août 1747.

- Au bout d'un an de repos, le Royal-Suédois reprend le combat. Sous les ordres du maréchal de Saxe, il va assiéger la garnison anglaise de Maëstricht, avec d'autres régiments (15 IV 1748). Joseph de Sparre est blessé au cours du siège. Après la capitulation de la ville (30 IV 1748), le colonel devenu général voit son nouveau grade suédois reconnu en France : il devient enfin maréchal de camp (10 V 1748). En Suède, on lui décerne alors la dignité de commandeur de l'ordre suédois de l'Epée, en 1748. Le nouvel officier général termine donc en beauté la guerre de Succession d'Autriche (1741-1748), laquelle s'achève par le traité d'Aix-la-Chapelle (18 X 1748).

- Pendant la période de paix qui suit (1749-1756), Joseph de Sparre vit surtout à Paris, avec sa femme. Il y rédige le manuscrit d'un livre intitulé Instructions militaires, lu et approuvé par la censure royale (10 X 1751). Après avoir été décoré de la grand-croix de l'ordre suédois de l'Epée (le 4 XII 1751), il est élevé en France à la dignité de commandeur de l'ordre de Saint-Louis (6 III 1752), et se présente au lever du roi Louis XV pour remercier le monarque (11 III 1752). Il assiste ensuite à la naissance de son 5ème et dernier fils (28 IX 1752), puis obtient la permission royale d'imprimer ses Instructions militaires (le 29 I 1753). Au début de ce livre, publié sans nom d'auteur chez Briasson à Paris, Joseph de Sparre précise que son ouvrage "est le fruit d'un homme de qualité, qui n'est parvenu au rang distingué qu'il occupe aujourd'hui dans le service, qu'après avoir passé par tous les grades inférieurs". Cette opinion n'est pas du tout partagée par l'inspecteur qui passe en revue le Royal-Suédois l'année suivante, à Longwy (6 II 1754). Dans son rapport, il dit du propriétaire du régiment que : "C'est un très faible colonel et qui n'a pour lui que son nom, sa personne n'étant d'ailleurs en nulle considération dans la nation suédoise". On ne saurait être plus incisif !

- Cette appréciation excessive n'empêche pas Joseph de Sparre, en 1755, d'être pressenti par le ministre de la Guerre pour conduire 6000 hommes en Louisiane. La disgrâce du ministre met fin au projet. Le maréchal de camp, déçu, décide alors de céder la propriété de son régiment à son fils aîné Alexandre (22 IV 1756). Une semaine plus tard, l'Angleterre déclare la guerre à la France (1 V 1756). Joseph de Sparre reprend aussitôt le commandement effectif du Royal-Suédois, son fils étant trop jeune pour diriger des troupes en temps de guerre. En 1756, le régiment ne prend part à aucune opération militaire : il reste en garnison à Dunkerque. Affecté finalement à l'armée d'Allemagne (1 III 1757), sous les ordres du maréchal d'Estrées (alias Louis César Charles Le Tellier*), le Royal-Suédois arrive à Cologne au printemps (16 IV 1757). Joseph de Sparre mène alors ses hommes au front, participant à la bataille d'Hastenbeck (le 26 VII 1757), puis à l'occupation de Minden et de Hanovre (1757). Avec son régiment, il prend ensuite ses quartiers d'hiver près de Celle. En mai 1758, il laisse enfin le commandement effectif à son fils, et rejoint son épouse à Paris. À 53 ans, il retourne ainsi à la vie civile.

- En 1767, le général en retraite est domicilié au château de Vincennes. Il a effectué un voyage en Perse, d'où il a ramené des espèces rares de plantes. Il cherche à s'installer en province pour s'y consacrer à l'horticulture. Ayant choisi la ville d'Auxerre, il y prend en location l'hôtel de Crôle, qui appartient à Jacob Champion*, maire perpétuel d'Avallon (29 IX 1767). Il achète ensuite un quartier de terres en la paroisse Saint-Gervais, au lieu-dit Fleure-Boudin (17 X 1767), ainsi qu'un jardin d'un arpent au même lieu-dit, entouré de haies vives (19 X 1767). Sur ce terrain, il se fait aussitôt construire un hôtel particulier (1768-1770), sur des plans dus à l'architecte parisien Philippe Dullin*, protégé du duc d'Aiguillon.

- Pendant les travaux, Joseph de Sparre s'intègre à la vie des Auxerrois. Le jour du bicentenaire de la libération d'Auxerre de l'occupation protestante, il est admis comme chevalier d'honneur et inspecteur des troupes au sein de la compagnie de l'Arquebuse royale de la ville (10 IV 1768). Ce jour-là, il participe activement à toutes les manifestations. La fête commence dès 08h00 par une grande procession des notables civils et religieux, sur deux colonnes, ceci de la cathédrale à l'église abbatiale de Saint-Germain, au son de l'ensemble des cloches des églises auxerroises. Les chevaliers de l'Arquebuse, en uniformes, ferment la marche, commandés par le marquis Jacques Armand de Rogres de Lusignan de Champignelles*, le comte Joseph de Sparre, et le capitaine Gaspard de Chenu*. Dans les rues, 25 000 personnes acclament le cortège, qui assiste à une grand-messe en musique à la basilique. Le soir, après une prédication sur la libération de la ville en 1568, et un Te Deum, un feu d'artifice est tiré à 20h00 sur le parvis de la cathédrale, allumé par deux dragons exécutant les ordres du général d'origine suédoise. Ce dernier est ensuite invité à un souper de 40 convives à l'hôtel de ville.

- Après avoir agrandi son domaine, en achetant un arpent de terres en plus (8 XII 1768), Joseph de Sparre finit par quitter l'hôtel de Crôle pour emménager dans son propre hôtel particulier (fin 1770). C'est là que décède son épouse (26 IV 1771). Le général en retraite se consacre alors à l'horticulture, introduisant à Auxerre la cerise noire anglaise qui, jusqu'au milieu du XXème siècle, sera connue localement sous le nom de sparre, ou encore de cerise comte de Sparre.

- En 1780, à l'âge de 75 ans, le vieux soldat converti en jardinier succombe aux appâts de Cupidon. Il s'éprend d'une femme de 43 ans, demeurant à Chablis, veuve d'un maréchal de camp comme lui. Un témoin, le chevalier de Virieu, racontera plus tard que : "Monsieur le comte de Sparre était voisin de campagne de ma belle-sœur. Il en devint éperdument amoureux et soupira plus d'un an. Ma belle-sœur avait de l'estime pour lui, mais point d'amour. Le vieux comte dépérissait et disait qu'il mourrait d'amour et de chagrin". De guerre lasse, la veuve finit par épouser son vieux soupirant (le 16 VII 1781). Le chevalier de Virieu précisera que : "Ce mariage s'est fait sous les auspices de l'amour de la part du vieux comte de Sparre, et sous celles de l'estime et de la complaisance de la part de ma belle-soeur".

- En 1783, les jeunes mariés quittent Auxerre à jamais. Le chevalier de Virieu écrira plus tard que : "Après avoir vécu quelque temps ensemble en Bourgogne, ils furent s'établir en Dauphiné, chez ma mère, qui à la vérité ne voyait pas de bon œil le comte de Sparre qui l'appelait Maman, quoique plus âgé qu'elle. Le comte s'aperçut qu'il déplaisait ; de plus, il s'ennuyait à la campagne, de sorte qu'il voulut s'en aller avec sa femme. Elle lui objecta les anciens liens avec sa belle-mère, qu'elle était dans le cas de ménager pour les enfants". Joseph de Sparre part donc s'installer à Lyon, tout seul, en l'hôtel Cotier sur la place Giolier. Son épouse, quant à elle, quitte la France en 1784 pour aller demeurer sur l'île de Saint-Domingue, où elle a des biens.

- Abandonné, le vieux général finit par vendre son hôtel particulier sis à Auxerre (le 2 X 1786). Il le cède à son locataire, Guillaume Gaspard Sapey, trésorier des Etats de Bourgogne, puis quitte la ville de Lyon pour retourner vivre à Paris (début 1787). Après sa mort (23 VI 1787), ses deux fils aînés renonceront à la succession, l'estimant "plus onéreuse que profitable". Le plus jeune, de son côté, ne l'acceptera que sous bénéfice d'inventaire.

x1 (Lille [Saint-Etienne], 31 XII 1730) Marie Antoinette du Chambige de Liessart (f. de Simon Pierre, trésorier de France, président de la chambre des comptes de la généralité de Lille, inhumé en 1726 à Noyelles, & Marie Christine Cardon) ; ° Lille (Sainte-Catherine), le 30 IV 1710 ; † Auxerre (Saint-Gervais), 26 IV 1771 ; d'où 5 fils.

x2 (Auxerre [Saint-Gervais], le 16 VII 1781) avec Marie Françoise Louise Chamon (veuve du marquis Pierre Gabriel Xavier de Virieu-Beauvoir, maréchal de camp), séparés en 1783 ; S.P.

= Instructions militaires (Briasson, Paris, 1753), publié sans nom d'auteur.

 

Pierre Le Clercq

[D., SHAT, AD Yonne, AM & BM d'Auxerre]

 

Propriétaires de l'hôtel de Sparre à Auxerre

1) Joseph de Sparre, général en retraite : de 1769 à 1786.

2) Guillaume Gaspard Sapey, trésorier de Bourgogne.

3) Charles Georges Boyer & Marie Rose Jeanne Le Menu.

4) Pierre Gobin & Marie Truchy.

5) Jean Jacques Poncet & Julie Amélie Pauline de La Rue, qui est la petite-fille de Beaumarchais.

6) Benoît Frédéric Muguet*, de Chemilly-sur-Serein.

7) Adolphe Duchesne de Denant & Adolphine Marie Charlotte Clémentine de Vathaire, domiciliés au château de La Pierreuse, à Marigny près d'Orléans (45).

8) André Joseph Jules Mondot de Lagorce*, qui a acheté l'hôtel de Sparre le 7 V 1842.

  

Pierre Le Clercq

[BM Auxerre, manuscrit 229, col. 290]

  

SPARRE Alexandre Séraphin Joseph (de)

° Lille (Saint-Etienne), 6 IX 1736 ; † Auxerre, 18 IX 1800.

- f. de Joseph Ignace Magnus, maréchal de camp, colonel et propriétaire du Royal-Suédois, & Marie Antoinette du Chambige de Liessart.

- 4ème baron suédois de Kronoberg (chef de famille depuis 1792), et 4ème comte français de Sparre (chef de famille depuis 1787).

- Engagé comme enseigne dans le régiment de son père, dès l'âge de 6 ans (11 VII 1743), il est promu au grade de capitaine dès l'âge de 8 ans (24 III 1745), disposant de sa propre compagnie. Il ne participe point, toutefois, aux campagnes militaires de 1743, 1744 et 1745, pendant la guerre de Succession d'Autriche (1741-1748). Il fait ses premières armes en 1746, à l'âge de 9 ans. Il assiste en effet aux sièges de Mons et Charleroi en juin et juillet, à la prise de Namur en septembre, puis à la bataille de Raucoux (11 X 1746). Deux ans plus tard, il participe avec son père à la prise de Maëstricht (30 IV 1748). Il a tout juste 12 ans lorsque prennent fin les hostilités, avec le traité d'Aix-la-Chapelle (18 X 1748).

- Le jour de ses 18 ans, il reçoit son brevet de colonel (6 IX 1754). Il continue cependant à servir comme capitaine dans le régiment de son père, qui ne lui transmet la propriété du Royal-Suédois qu'un an et demi plus tard (22 IV 1756). Alexandre de Sparre est donc à la tête de deux gros bataillons au début de la guerre de Sept ans (1756-1763). Etant trop jeune pour mener au combat tout un régiment, c'est son père qui doit assurer encore le commandement lors de la campagne d'Allemagne, en 1757. Le tout nouveau propriétaire, sous les ordres de l'ancien, participe ainsi à la bataille d'Hastenbeck (26 VII 1757), puis à l'occupation de Minden et de Hanovre, avant d'aller prendre ses quartiers d'hiver près de Celle.

- En mai 1758, après le départ de son père, Alexandre de Sparre accède enfin au commandement du Royal-Suédois. Il n'a que 21 ans. Avec son régiment, il prend part à la bataille de Krefeld (23 VI 1758), puis à celles d'Alpen (12 VII 1758) et de Sunderhausen, pour protéger la retraite de l'armée française. Il reprend ensuite l'offensive, participant à la conquête de Cassel, puis à la bataille victorieuse de Lutterberg (10 X 1758). En 1759, le Royal-Suédois est sérieusement accroché : en soutenant la première attaque de l'ennemi au village de Bergen, 51 soldats sont tués sur les 1348 hommes de régiment ; la compagnie colonelle, placée sous les ordres directs d'Alexandre de Sparre, perd 2 fusiliers sur 80.

- Pour renforcer l'effectif, un 3ème bataillon est formé l'année suivante (18 I 1760) : le Royal-Suédois incorpore les soldats et officiers survivants du Royal-Pologne, très amoindri par les combats. Le même jour, pour seconder Alexandre de Sparre, colonel titulaire qui manque encore d'expérience, un poste de colonel commandant est créé, confié au baron suédois Otto Fredrik Bülow (18 I 1760). Les troupes ainsi réformées, dotées d'un nouvel uniforme et d'un tout nouveau drapeau, sont passées en revue près de Coblence (le 12 IV 1760), puis renvoyées au front. Alexandre de Sparre, conseillé par Bülow, participe donc à la bataille victorieuse de Korbach, près de Cassel (10 VII 1760). Le Royal-Suédois a été l'un des corps les plus fortement engagés pendant la journée. Ayant subi de lourdes pertes, il est mis en réserve jusqu'à la fin de la guerre, à Huningue en Alsace.

- Fait chevalier de Saint-Louis (29 IV 1762), le jeune colonel titulaire est en congé à Paris lors de la signature de la paix, dans la capitale (10 II 1763). Deux jours plus tard, il épouse la fille d'un fermier général, secrétaire du roi, qui lui apporte une dot de 40 000 livres (12 II 1763). Le jeune marié se consacre ensuite assidûment à ses obligations militaires, secondé par Michel de Maës, le nouveau colonel commandant. En 1766, un inspecteur dira d'Alexandre de Sparre que : "Depuis deux ans, le colonel s'applique, est tout entier à sa besogne et peut être regardé aujourd'hui comme un très bon colonel". En récompense, le jeune propriétaire du Royal-Suédois est promu au grade de brigadier (le 25 XI 1766), puis de maréchal de camp (3 I 1770).

- En tant qu'officier général, Alexandre de Sparre doit s'éloigner de son régiment. Cette situation inquiète son père, qui écrit au ministre de la Guerre pour lui dire que son fils aîné "n'a point d'enfant, et qu'il est à craindre qu'il n'en aura point", ajoutant que : "J'ai quatre garçons au service ; il serait triste pour eux que ce régiment sortît de la famille". En réponse, Ernest de Sparre, deuxième fils du suppliant, est nommé colonel en second du Royal-Suédois, avec la survivance du régiment (17 VI 1770).

- En attendant une affectation, Alexandre de Sparre vit à Paris. Il y reçoit à souper le prince Charles de Suède (futur roi Charles XIII), lequel accomplit un voyage privé en France sous le pseudonyme de comte de Wasa, après avoir pris les eaux thermales à Aix-la-Chapelle. Peu après, l'hôte du prince reçoit l'ordre, du ministre de la Guerre, d'aller rejoindre sans délai son régiment à Phalsbourg, pour y rendre les honneurs au comte de Wasa qui doit bientôt rentrer en Suède (11 IX 1770). Le prince quitte Paris une semaine plus tard (le 17 IX 1770). Voyageant nuit et jour, il ne s'arrête qu'à Francfort-sur-le-Main (le 19 IX 1770). Le lendemain, dans une lettre adressée à son frère aîné (futur roi Gustave III), il raconte son séjour à Paris, précisant que : "Le duc de Choiseul, qui me fit bien des politesses, m'a donné à souper deux fois, de même que le comte de Sparre, colonel du régiment Royal-Suédois et maréchal de camp".

- Après l'enterrement de sa mère à Auxerre (28 IV 1771), auquel il assiste, Alexandre de Sparre décide de se fixer en Bourgogne, comme son père. Avant de retourner à Paris, il charge maître Deschamps, notaire à Auxerre, d'acheter pour lui le château de Montfort, à Montigny-la-Resle (29 VI 1771). Vendu aux enchères par l'abbaye de Pontigny, le château est acquis par le notaire pour 32 000 livres (6 VIII 1771). Pour financer l'achat, Alexandre de Sparre vend toutes les terres qu'il a héritées de sa mère, en Flandre (du 18 IX 1771 au 25 I 1772). Décoré de la grand-croix de l'ordre suédois de l'Epée (22 II 1772), il emprunte ensuite 14 000 livres à son frère Auguste (30 XI 1772), qu'il reverse à l'abbaye de Pontigny pour finir de payer le château (27 XII 1772). Sans emploi selon son grade à l'armée, il s'installe finalement à Montfort en 1773, à proximité de son père.

- Alexandre de Sparre est presque ruiné. Pour survivre, il est obligé d'emprunter 1200 livres à François Braye, son valet de chambre (le 7 IX 1773). Il achète toutefois, à l'abbaye de Pontigny, tout l'usufruit et la jouissance de la seigneurie de Montigny-la-Resle, moyennant une rente annuelle de 100 livres (17 VI 1775). Impécunieux, il ne peut plus accomplir ses devoirs militaires. Dans un rapport adressé au ministre de la Guerre (25 VI 1775), un inspecteur des troupes dira du maître de Montfort que : "Ses facultés ne lui permettent pas de se rendre à Strasbourg pour y passer quelques mois à la tête du régiment Royal-Suédois, suivant son usage". Aussi, une gratification exceptionnelle de 3000 livres lui est-elle vite accordée (5 VIII 1775), lui permettant de rejoindre ses soldats au début du mois de septembre.

- Peu de temps après le début de la guerre entre la France et l'Angleterre (le 17 VI 1778), Alexandre de Sparre est nommé inspecteur des troupes en Alsace (24 VII 1778). Ce poste, cependant, ne l'occupe guère et il reste de longs mois en Bourgogne, où il fréquente souvent l'abbaye de Pontigny. Il assiste ainsi au remariage de son père à Auxerre (16 VII 1781). Impatient de retrouver les champs de bataille, il quitte son château dès qu'il apprend que le Royal-Suédois est envoyé combattre les Anglais sur l'île de Minorque. À Toulon, il reçoit pourtant un ordre du roi qui lui interdit d'embarquer avec son régiment (11 IX 1781) : c'est son frère Ernest qui part à sa place. Déçu et humilié, l'officier désavoué retourne en Bourgogne, où il assiste une fois de plus à l'entrée en religion d'un novice, à l'abbaye de Pontigny (18 XI 1781).

- Le Royal-Suédois est convoité depuis peu par Axel de Fersen, ami de Marie-Antoinette. Fort de l'appui du roi de Suède Gustave III, puis de Louis XVI en personne, le jeune postulant arrive à ses fins. Juste après la signature de la paix à Versailles (le 3 IX 1783), il achète pour la somme de 100 000 livres à Alexandre de Sparre, à Paris, la propriété du régiment (19 IX 1783), obtenant aussi un brevet de colonel titulaire (21 IX 1783). Conformément aux clauses de l'accord, le vendeur est alors promu par Louis XVI au grade de lieutenant général (1 I 1784).

- À la mort de son père (23 VI 1787), Alexandre de Sparre devient le chef de famille de la maison comtale. Quelques jours après, il informe le ministre de la Guerre du décès, disant que : "La perte que je viens de faire du plus respectable des pères m'est d'autant plus sensible que je ne pouvais la prévoir, vu l'état où je l'avais laissé à mon départ de Paris. Ce qui met le comble à ma douleur, c'est que la goutte qui me retient chez moi m'a privé de la satisfaction de lui donner mes soins pendant sa maladie".

- Contrairement à tous ses frères, Alexandre de Sparre accueille la Révolution avec enthousiasme. Dès l'abolition des titres de noblesse héréditaires en France (le 19 VI 1790), il publie une lettre ouverte à ses frères, afin de les enjoindre de se fondre avec lui dans la nouvelle Nation. Il supprime aussitôt la particule de son nom, se faisant appeler Alexandre Sparre. Humilié sous l'Ancien Régime, écarté de tout emploi militaire sérieux depuis 1770, il obtient sous la Révolution un poste enfin digne de son grade : nommé commandant de la 18ème division (1 IV 1791), il devient le haut responsable des troupes de l'Yonne, de l'Aube, de la Nièvre, de Haute-Marne, de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire. Elu commandant de la garde nationale d'Auxerre, par 347 voix sur 487 (15 V 1791), il place des gardes aux cinq portes de la ville dès l'annonce de l'arrestation du roi à Varennes (22 VI 1791). Le danger d'un soulèvement monarchiste étant écarté, il finit par lever cette mesure d'urgence (28 VI 1791).

- Après avoir prêté serment devant le directoire de l'Yonne (le 2 VII 1791), puis devant le corps municipal d'Auxerre (le même jour), il assiste à la bénédiction du drapeau de la garde nationale de Montigny-la-Resle (3 VII 1791), puis à la prestation de serment de la garde nationale d'Auxerre, sur le parvis de la cathédrale (même jour). Il adhère ensuite à la société populaire d'Auxerre (8 VII 1791). Contraint de démissionner de son poste de commandant de la garde nationale (11 VIII 1791), celui-ci étant incompatible avec son nouvel emploi de général de division, il expose les drapeaux du Royal-Suédois dans la cathédrale d'Auxerre (le 15 VIII 1791), pour les consacrer "à l'union, à la concorde et à la paix" (ceci en réponse au décret du 12 VI 1790).

- Pour défendre les frontières, a été ordonnée la levée en France de 97 000 gardes nationaux (le 22 VII 1791). L'Yonne devant fournir 1148 hommes, répartis en deux bataillons, le directoire du département organise une journée de recrutement, à Auxerre et à Joigny (22 IX 1791). Auxerre fournit 11 compagnies de 71 hommes, et Joigny jusqu'à 13 compagnies, soit en tout 1704 hommes ! Constatant un bel excédent de volontaires, le directoire décide alors de former, en fait, trois bataillons de huit compagnies, au lieu des deux requis (24 IX 1791). Le commandement provisoire de ces trois bataillons est confié à Alexandre Sparre (le 25 IX 1791). Ce dernier, après avoir équipé tous les volontaires, remet un drapeau au 1er bataillon à Auxerre (20 X 1791), qui part ensuite pour Metz, au 2ème bataillon à Sens (24 X 1791), qui part pour Condé, puis au 3ème bataillon à Joigny (25 X 1791), qui part pour Valenciennes sous les ordres du lieutenant- colonel Louis Nicolas Davout*.

- Au début du printemps suivant, éclate à Coulanges-sur-Yonne une émeute de flotteurs de bois, qui réclament comme leurs collègues de Clamecy une augmentation de salaire (20 III 1792). À la demande du directoire de l'Yonne (28 III 1792), Alexandre Sparre réunit à Auxerre une force armée (29 III 1792) : 150 gardes nationaux d'Auxerre, 167 gardes nationaux d'autres localités, les gendarmes de Tonnerre et Maligny, 27 hussards du 6ème régiment, venus de Tonnerre, et un canonnier muni de trois canons. Avec ce détachement, le général ramène très rapidement le calme parmi tous les flotteurs de bois de Coulanges-sur-Yonne, se contentant en fait d'arrêter deux meneurs (30 III 1792). À son retour à Auxerre, il est salué par une décharge d'artillerie (6 IV 1792), puis félicité par le conseil général de l'Yonne (7 IV 1792).

- Sans le savoir, il devient peu après le chef de famille des barons suédois de Kronoberg. Avec la mort de son arrière-petit-cousin Bleckert Casimir Sparre, décédé à Söderköping en Suède (23 IV 1792), s'éteint en effet la lignée baronniale issue d'un frère aîné du 1er comte de Sparre. Le 4ème comte, qui a renoncé à tous ses titres nobiliaires en 1790, est donc investi malgré tout de la qualité de chef de famille, comme comte depuis la mort de son père, mais aussi comme baron.

- La patrie ayant été déclarée en danger (11VII 1792), Alexandre Sparre reçoit aussitôt l'ordre du ministre de la Guerre de se tenir prêt à rallier l'une des quatre armées françaises (13 VII 1792). Après la Révolution des sans-culottes (10 VIII 1792), suivie de l'assassinat de Duché* et Potherat* à Auxerre (19 VIII 1792), il se voit affecté à l'armée du Centre dirigée par le maréchal Luckner, avec l'ordre de rejoindre son poste à Châlons-sur-Marne (7 IX 1792). Quittant l'Yonne par Saint-Florentin (12 IX 1792), il arrive au chef-lieu de la Marne peu après (16 IX 1792), repartant deux jours plus tard pour Sainte-Menehould, à la tête de 7 bataillons de volontaires parisiens (18 IX 1792). Le lendemain, à Sainte-Menehould, il remet les 7 bataillons au général Dumouriez, qui le nomme aussitôt général en chef de l'armée de l'Intérieur (19 IX 1792). Après la bataille de Valmy (20 IX 1792), à laquelle a participé le 1er bataillon de l'Yonne sous les ordres du lieutenant-colonel Binot (5 morts, 12 blessés), Alexandre Sparre retourne à son poste à Châlons-sur-Marne. Le jour de la proclamation de la République (22 IX 1792), il empêche des gardes nationaux d'égorger une vingtaine de nobles, détenus dans la prison de la ville.

- Un mois plus tard, apprenant que Dumouriez vient de chasser de France l'armée prussienne, il prononce un discours devant les Châlonnais (23 X 1792) : "Français ! C'est aujourd'hui que le territoire de la République cesse d'être souillé par les brigands du nord, que leurs tyrans avaient conduits vers nos foyers. C'est aujourd'hui que cette horde d'émigrés, braves en paroles, lâches en actions, qui sous la tyrannie des rois, de père en fils, ont toujours sué le crime, fuient au bruit vainqueur de notre artillerie".

- Nommé commandant de la 6ème division militaire (16 XII 1792), Alexandre Sparre ne rejoint son nouveau poste à Besançon que deux mois plus tard (26 II 1793), après un congé de cinq semaines à Auxerre. Son épouse, dont il vit séparé depuis plus de 20 ans, a émigré. Les meubles qu'elle possède à Paris, dans son logement du Marais, sont inventoriés pour être vendus aux enchères, parmi les biens déclarés nationaux (2 III 1793).

- Un mois après son arrivée à Besançon, le général Sparre reçoit l'ordre de vite rejoindre l'armée du Rhin, pour y commander la division du Moyen-Rhin, à Strasbourg (le 24 III 1793). Rendu sur place (15 IV 1793), il voit dans son courrier, en juin, deux lettres anonymes de Bâle, lui demandant de livrer la ville à l'ennemi. En juillet, il tombe de cheval, à la suite d'une crise de rhumatismes goutteux aux genoux ; il demande un mois de congé pour aller prendre les eaux à Luxeuil (12 VIII 1793), ce que refusent les 4 représentants du peuple attachés à l'armée du Rhin (15 VIII 1793). Après avoir échoué dans une tentative de traverser le Rhin à Kehl, car les bateliers réquisitionnés ont rechigné à transporter les troupes (12 IX 1793), il est finalement accusé de trahison par le citoyen Barère à la Convention nationale (15 IX 1793).

- Suspendu de ses fonctions de général de division par le Conseil exécutif provisoire (19 IX 1793), avec l'ordre de quitter sans délai les frontières, Alexandre Sparre réagit aussitôt en sollicitant des certificats de civisme, qu'il appelle ses "titres de noblesse" : il obtient le soutien du conseil général du Bas-Rhin, du conseil municipal de Strasbourg, et de la société populaire de la ville (26 IX 1793), puis des comités des 12 sections de la commune (27 IX 1793), et des 4 représentants du peuple attachés à l'armée du Rhin (29 IX 1793) ; à Besançon, où il passe ensuite, il reçoit l'appui de la société populaire locale (3 X 1793), puis, de retour à Auxerre, celui du conseil général de l'Yonne (8 X 1793) et de la société populaire (10 X 1793) ; pour finir, la société populaire de Châlons-sur-Marne lui envoie elle aussi un certificat.

- Grâce à ce dossier, Alexandre Sparre est réintégré dans son grade de général de division (21 XI 1793). Toutefois, déçu de n'être affecté à aucun poste, il finit par renvoyer son sabre à la Convention nationale, se plaignant que son arme soit devenue inutile à la Patrie (25 III 1794). Fidèle à la Révolution, il fait une "offre civique" de 24 livres de salpêtre au directoire du district de Saint-Florentin (28 VIII 1794), puis demande au Comité de salut public de le réhabiliter devant l'opinion publique, par la récusation des propos de Barère l'accusant de trahison (23 I 1795). Jusqu'à la fin de ses jours, il essaiera de retrouver un emploi à l'armée. Pour apitoyer le ministre de la Guerre, il écrira même que : "Je fais encore beaucoup de chemin à pied, et je bêche mon jardin pour me procurer de quoi vivre" (12 X 1798). En réponse à l'une de ses lettres (27 II 1800), Bonaparte refusera qu'il soit nommé inspecteur général aux vivres, mais Carnot songera à lui offrir un poste à l'administration des hôpitaux militaires.

x (Paris [Saint-Laurent], le 12 II 1763) Anne Adélaïde Camuset (fille de Dominique Jean, secrétaire du roi et fermier général, & Marie Louise Capet) ; ° Paris (Saint-Gervais), 20 XII 1743 ; † Paris 1er, 16 IV 1807 ; séparés vers 1770 ; S.P.

 

Pierre Le Clercq

[D., SHAT, AD Yonne, AM & BM Auxerre]

 

SPARRE Louis Ernest Joseph de

° Lille (Saint-Etienne), 20 VII 1738 ; † Paris 2ème, 30 X 1818.

- f. de Joseph Ignace Magnus, maréchal de camp, colonel et propriétaire du Royal-Suédois, & Marie Antoinette du Chambige de Liessart.

- Baron suédois de Kronoberg, comte français de Sparre (il est chef de famille des maisons comtale et baronniale à partir de 1800).

- Engagé comme enseigne dans le régiment de son père, ceci dès l'âge de 6 ans (24 V 1745), il fait aussitôt ses premières armes pendant la guerre dite de Succession d'Autriche (1741-1748). Avec son père et son frère aîné Alexandre, il assiste dès 1745 aux sièges de Mons et Charleroi, en juin et juillet, à la prise de Namur en septembre, puis à la bataille de Raucoux (11 X 1746). À l'âge de 8 ans, il est promu au grade de capitaine (12 XI 1746), placé à la tête de la 6ème compagnie du 2ème bataillon. Un an et demi plus tard, il participe à la prise de Maëstricht (30 IV 1748). Il n'a que 10 ans lorsque la paix est restaurée, avec le traité d'Aix-la-Chapelle entre la France et le Saint-Empire (18 X 1748).

- Pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), il retourne au front avec son régiment. Sous les ordres de son père, il prend part à la bataille d'Hastenbeck (26 VII 1757), puis à l'occupation des villes de Minden et Hanovre. L'année suivante, cette fois sous les ordres de son frère aîné, devenu colonel titulaire du Royal-Suédois, il participe à la bataille de Krefeld (23 VI 1758), puis à celles d'Alpen (12 VII 1758) et de Sunderhausen, finissant la campagne par la prise de Cassel et la bataille de Lutterberg (10 X 1758). En 1759, en soutenant avec le Royal-Suédois la première attaque de l'ennemi au village de Bergen, il perd deux soldats dans sa compagnie, sur 80 hommes. Après la bataille de Korbach (10 VII 1760), au cours de laquelle le régiment a subi de lourdes pertes, il est mis en réserve jusqu'à la fin de la guerre avec ses fusiliers, à Huningue en Alsace. Il a tout juste 22 ans.

- Promu au grade de major (19 X 1761), puis de colonel (23 III 1762), il accède à la dignité de chevalier de Saint-Louis en mars 1763. Toutefois, c'est comme simple major qu'il continue à être employé au Royal-Suédois. Cette situation déplaît fort à Ernest de Sparre, qui se met à rechigner à la tâche. Un inspecteur des troupes, dans un rapport adressé au ministre de la Guerre (28 III 1763), dira de lui que : "Cet officier est fort entêté, et point du tout propre à remplir la majorité. Il est d'âge encore à se corriger et à acquérir, mais j'en doute". Le rapport qui suivra, en octobre 1763, sera cependant plus favorable, en précisant cette fois que : "C'est un officier qui a fait concevoir de flatteuses espérances pour bien remplir l'emploi de major. Il a eu des moments qui ont contredit cette espérance, mais, depuis une entrevue qu'il a eue avec Monsieur le baron de Wurmser à ce sujet, il a recommencé à remplir les devoirs de son emploi avec beaucoup moins de prévention, et l'on doit espérer qu'il continuera".

- Deux mois plus tard, Ernest de Sparre se marie avec la fille d'un trésorier au marc d'or (13 XII 1763). Le premier enfant du couple, baptisé à Paris en l'église Saint-Roch (le 24 XI 1764), aura comme parrain le roi de Pologne Stanislas Leszczynski, et comme marraine la reine de France, Marie Leszczynska.

- Mécontent de son emploi de simple major, Ernest de Sparre finit par quitter l'armée, en attendant qu'une place de colonel commandant soit disponible (25 III 1765). Il vit alors à Paris avec sa femme, rue Sainte-Anne en la paroisse Saint-Roch, où naissent une fille (11 IX 1765), morte aussitôt, et ensuite un garçon (20 VI 1769). Par l'intermédiaire de ses parents, il emprunte ensuite la somme de 3600 livres à une femme d'Auxerre, Marie Jeanne Fontelliau, moyennant une rente viagère de 360 livres par an (1 V 1770). Pour finir, las d'attendre un emploi selon ses vœux, il laisse son épouse adresser une lettre au ministre de la Guerre (5 V 1770), demandant qu'un poste de colonel en second lui soit attribué au Royal-Suédois, pour "le consoler de n'avoir pu obtenir une place de colonel commandant".

- Ernest de Sparre est donc nommé colonel en second au Royal-Suédois (17 VI 1770). Il obtient en même temps la survivance du régiment, puisque son frère aîné, qui en est le propriétaire, n'a pas d'enfant. Après la mort de sa mère (26 IV 1771), il se rend à Auxerre pour y assister à l'inventaire après décès des biens qu'elle a laissés en héritage (3 VI 1771). Devenu gentilhomme d'honneur, en 1771, du comte d'Artois (futur Louis XVIII), il ne regagne le Royal-Suédois qu'à la fin de l'année (1 X 1771). Son retour se passe mal. En 1772, un inspecteur des troupes écrira dans son rapport que : "Le comte Ernest de Sparre, colonel en second, voulant tout faire par lui-même, a jugé à propos de remettre les officiers, bas-officiers et soldats les mieux dressés à apprendre les premiers principes de la marche et de l'exercice ; il a employé tout l'été à ce travail, de sorte qu'il n'est en état de faire manœuvrer qu'un bataillon ensemble [sic]. Cet officier supérieur n'ayant d'ailleurs jamais eu, dans ce corps qu'il a quitté depuis cinq ans, la réputation d'un homme éclairé pour l'exercice et les évolutions, il en est résulté un dégoût général, dans l'esprit de l'officier et du soldat, qui aurait nui à la discipline si elle était moins établie qu'elle l'est depuis longtemps".

- Cette mauvaise appréciation n'empêche pas Ernest de Sparre de poursuivre sa carrière. Devenu enfin colonel commandant du Royal-Suédois (15 VI 1776), il va passer Noël à Auxerre deux ans plus tard, chez son père, puis, avec son frère Alexandre, il assiste à l'entrée en religion de trois novices, à l'abbaye de Pontigny (26 XII 1778). Promu au grade de brigadier (1 III 1780), il n'assiste pas au remariage de son père, à Auxerre (16 VII 1781). Il est absent également à l'enterrement de l'un de ses fils, âgé de presque 5 ans, décédé à Auxerre deux semaines après les noces (31 VII 1781). Il se consacre entièrement à son devoir militaire.

- Depuis le traité d'Aranjuez (12 IV 1779), la France est l'alliée de l'Espagne contre l'Angleterre. Pour aider les Espagnols à déloger les Anglais de l'île de Minorque, Louis XVI décide d'envoyer sur place quatre régiments, regroupés en deux brigades : une brigade "française", composée des régiments de Bretagne et du Lyonnais, et une brigade "allemande", formée du régiment de Bouillon et du Royal-Suédois. Ernest de Sparre est engagé comme chef de la brigade allemande (3 IX 1781). Sous les ordres du baron de Falkenhayn, il embarque à Toulon (20 X 1781), quitte le port (le 23 X 1781), puis débarque à Fornella, sur l'île de Minorque (26 X 1781). Il participe alors au siège du fort Saint-Philippe, la seule position qui reste aux mains des Anglais. Promu au grade de maréchal de camp (5 XII 1781), il assiste à la reddition finale du fort (4 II 1782), puis à la sortie de la garnison anglaise (5 II 1782). Une semaine plus tard, il obtient un congé de trois mois, lui permettant d'aller rejoindre sa famille à Paris (13 II 1782).

- Le ministre de la Guerre est satisfait. Dans une lettre (22 III 1782), il félicite Ernest de Sparre "de l'exactitude et du zèle avec lesquels vous avez rempli les fonctions de commandant de brigade au siège du fort Saint-Philippe". De retour sur l'île de Minorque (15 V 1782), le nouveau maréchal de camp repart une semaine plus tard avec ses hommes (le 23 V 1782). Cette fois, il doit aider les Espagnols à déloger les Anglais de Gibraltar. Il participe donc au long siège du rocher, au cours duquel le Royal-Suédois, à bord de vaisseaux de guerre, perd un officier et 25 hommes lors du combat des "batteries flottantes" (13 IX 1782). Devant la résistance de l'ennemi, le siège est finalement levé en octobre. Ernest de Sparre reçoit alors une pension de 18 000 livres, dont une somme de 6000 livres "à l'occasion du siège de Gibraltar où il s'est distingué" (11 XI 1782).

- Après la signature des préliminaires de paix entre la France et l'Angleterre (20 I 1783), les troupes françaises restent plusieurs mois au camp de San Roque, près de Gibraltar, puis rentrent en France en juillet 1783. Avant de rejoindre son épouse à Paris, Ernest de Sparre s'arrête à Lyon pour y réconforter son père, qui, séparé de sa seconde femme, en est tombé malade.

- Dès son retour dans la capitale, le combattant enfin démobilisé apprend qu'Axel de Fersen, avec le soutien de Louis XVI et du roi de Suède Gustave III, veut acheter le Royal-Suédois. Contraint de renoncer à la survivance du régiment (14 IX 1783), Ernest de Sparre ne demande en échange qu'un emploi ferme de maréchal de camp, et la promesse qu'un autre régiment étranger sera attribué plus tard à son fils Louis. Son épouse sera plus exigeante : par l'intermédiaire du roi de Suède, elle réclame à Louis XVI un titre de duc, et un domaine d'un revenu de 12 000 livres. Dans sa réponse (le 28 IX 1784), le ministre des Affaires étrangères précise à son collègue suédois que : "La prétention d'un titre de duc dont le roi votre maître a été prié de faire la demande me paraît exorbitante et impossible à obtenir ; j'en ai fait convenir Monsieur de Sparre". Le ministre ajoute que l'obtention d'un domaine "n'est pas exempte de difficulté, ces sortes d'aliénation étant contraires aux principes domaniaux". Il termine en disant que : "La promesse d'un régiment étranger faite au fils du comte Ernest sera vraisemblablement illusoire ; il est rare que ces sortes de régiments vaquent, et il serait assez singulier que Messieurs de Sparre conservassent le caractère étranger en France, où ils sont déjà de père et fils à la quatrième génération".

- De toutes ses prétentions, Ernest de Sparre n'obtiendra finalement qu'un emploi ferme de maréchal de camp en Picardie, en 1786. Après la vente, à Auxerre, de l'hôtel particulier de son père (2 X 1786), il fait approuver et ratifier l'opération par Edme Pierre Louis Bachelet*, son procureur auxerrois (10 II 1787). Il renonce ensuite à la succession de son père (le 27 VI 1787), décédé à Paris quelques jours plus tôt (23 VI 1787).

- Confirmé comme maréchal de camp en Picardie (16 V 1788), il verra sa longue carrière militaire s'interrompre à la Révolution. Le ministre de la Guerre, en établissant les états de service de l'officier, souligne qu'Ernest de Sparre "n'est pas sans talents mais il a une tête difficile, est rarement d'accord avec lui-même, a de l'orgueil et de la vanité, ne s'est jamais accordé avec son frère, colonel propriétaire du Royal-Suédois". Mis à la retraite par les députés de l'Assemblée nationale (22 VIII 1790), il perd sa femme en juillet 1795, puis se remarie quatre mois plus tard par contrat notarié (29 XI 1795). À la mort de son frère Alexandre (18 IX 1800), il devient le chef de famille de la maison comtale de Sparre, et de la maison baronniale de Kronoberg.

x1 (Paris [Saint-Roch], 13 XII 1763) Adélaïde Thérèse Hardouin de Beaumois (fille de Charles, seigneur de Beaumois, trésorier du marc d'or, & Jeanne Marguerite de Nesle), ° 1740, † VII 1795.

x2 (cm 29 XI 1795) Marie Anne Dufour ; S.P.

 

Pierre Le Clercq

[D., SHAT, AD Yonne, AM & BM Auxerre, Bibliothèque universitaire d'Upsal en Suède]

 

SPARRE Louis Auguste Marie de

° 21 IV 1747 ; † 1777.

- f. de Joseph Ignace Magnus, maréchal de camp, colonel et propriétaire du Royal-Suédois, & Marie Antoinette du Chambige de Liessart.

- Baron suédois de Kronoberg, comte français de Sparre.

- Engagé comme sous-lieutenant dans le régiment de son frère aîné Alexandre (19 VI 1765), il est affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Sigge Sparre, son lointain cousin suédois (au 5ème degré canonique). Il est présent lors de l'inspection des troupes à Sélestat (6 IX 1765). Promu au grade de lieutenant (le 28 VI 1766), il change de compagnie pour servir dans celle du capitaine Sinclair. Il quitte alors l'Alsace avec le Royal-Suédois, pour se rendre dans le nord de la France.

- Lors de la revue du régiment à Aire-sur-la-Lys (27 IX 1767), l'inspecteur dit dans son rapport qu'Auguste de Sparre lui paraît "intelligent, très zélé et appliqué à ses devoirs". Il ajoute : "Il a fait des progrès depuis l'année dernière pour l'exercice et la discipline ; bonne conduite et mœurs". Un an plus tard, à la revue de Maubeuge (7 XI 1768), l'inspecteur précise que le jeune lieutenant est "en état de bien dresser, exercer et discipliner une troupe". Auguste de Sparre devient donc capitaine commandant (24 III 1769), puis capitaine en pied, pourvu de sa propre compagnie de fusiliers (10 IX 1769).

- De retour dans l'est de la France, son régiment est passé en revue à Phalsbourg (1 IX 1770). L'inspecteur confirme que le nouveau capitaine est "intelligent, appliqué à ses devoirs, dressant et disciplinant bien sa compagnie". Un congé lui est alors accordé. Auguste de Sparre se rend aussitôt à Auxerre pour y passer Noël avec ses parents, dans le nouvel hôtel particulier où ceux-ci demeurent depuis peu. Le lendemain de Noël, il assiste à l'entrée en religion d'un novice, en l'abbaye de Pontigny (26 XII 1770). Après le décès de sa mère (26 IV 1771), il est représenté à Auxerre par son père lors de l'inventaire des biens laissés par la défunte (3 VI 1771).

- Présent à la revue du Royal-Suédois à Sarrelouis, ceci comme capitaine de sa propre compagnie, dans le 2ème bataillon (16 VII 1771), il obtient un congé de sept mois lors d'une seconde revue dans la même ville (le 24 IX 1771). Il part peu après pour Auxerre (1 X 1771), où il retrouve son père et ses frères, Alexandre et Gustave. Avec eux, il assiste à l'entrée en religion de deux novices en l'abbaye de Pontigny (20 X 1771), puis, seul, à celle de trois autres novices (9 XII 1771). De retour à son régiment (le 30 IV 1772), il est présent à la revue des troupes à Strasbourg (8 VII 1772). L'inspecteur confirme qu'Auguste de Sparre est un "bon officier, intelligent, zélé, dressant et disciplinant bien sa compagnie", et qu'il a une "bonne conduite et mœurs".

- Ayant hérité de sa mère, le jeune capitaine vend des terres qu'il a reçues dans le nord de la France : celles de La Neuville et Deulémont (23 IX 1772), puis de Noyelles et Houplin (11 XI 1772). De retour à Auxerre, il prête la somme de 14 000 livres à son frère aîné Alexandre, prêt qui est garanti par l'hypothèque du château de Montfort à Montigny-la-Resle (30 XI 1772). Il prête ensuite 4600 livres à l'abbaye de Pontigny (12 XII 1772), pour aider les moines à payer les ouvriers qui ont œuvré à la réparation des dégâts causés au monastère par un ouragan, dans la nuit du 27 au 28 VI 1772.

- Auguste de Sparre achète ensuite des vignes à Auxerre, à la Croix aux Moines (29 I 1773). De retour à son régiment, il charge son père d'acheter d'autres vignes pour lui, au même endroit (20 VI 1773), puis, en congé à Auxerre, il en acquiert d'autres encore, au même lieu (20 V 1774). Plus tard, ayant rejoint sa garnison à Strasbourg, il prête, par l'intermédiaire de son père, la somme de 4000 livres à Pierre Parisot et Marguerite Leclerc, sa femme, prêt garanti par l'hypothèque du domaine d'Alpin à Lindry (31 X 1774).

- En 1774, il ne possède plus sa propre compagnie au sein du Royal-Suédois : il est capitaine en second dans la compagnie de fusiliers du capitaine Hiéronimy. Il semble vouloir se détacher, en effet, de ses obligations militaires. De retour à Auxerre, il assiste, avec son père et son frère Alexandre, à l'entrée en religion de deux novices en l'abbaye de Pontigny (4 VI 1775), puis, avec son frère aîné, il achète à l'abbaye l'usufruit de la seigneurie de Montigny-la-Resle (17 VI 1775). Après avoir pris à bail une cense à Deulémont, dans le nord de la France (2 VIII 1775), il finit par prêter 3000 livres à son frère Alexandre qui manque toujours d'argent (20 VIII 1775).

- Deux ans plus tard, Auguste de Sparre décide de quitter les armes pour se faire prêtre. Devenu clerc tonsuré du diocèse d'Auxerre, par excorporation du diocèse de Paris, il assigne 100 livres de titre sacerdotal sur les 300 livres de rentes viagères annuelles que lui doit son frère aîné Alexandre (15 V 1777). Cette mesure est prise "dans le pieux dessein de parvenir aux ordres sacrés". N'ayant pas encore rompu tout lien avec son régiment, il reçoit peu après une permission d'absence, sans appointements, ceci "pour faciliter l'arrangement de [ses] affaires" (3 VI 1777). Cette permission est valable jusqu'au 20 VI 1777. On n'entend plus parler d'Auguste de Sparre par la suite. Il serait mort moine dès 1777. S.P.

 

Pierre Le Clercq

[D., SHAT, AD Yonne, AM & BM Auxerre]

 

SPARRE Marie Claude Auguste Gustave de

° Marcoussis (91), le 28 IX 1752 ; † Londres (Saint-Pancras), le 10 VIII 1813.

- f. de Joseph Ignace Magnus, maréchal de camp, colonel et propriétaire du Royal-Suédois, & Marie Antoinette du Chambige de Liessart.

- Baron suédois de Kronoberg, comte français de Sparre.

- C'est peut-être lui qui, sous le prénom de Claude, figure comme sous-lieutenant en pied au sein de la compagnie colonelle commandant du Royal-Suédois, lors de la revue des troupes en Allemagne, près de Coblence (le 12 IV 1760). Il aurait alors participé, avec ses frères Ernest et Alexandre, à la bataille de Korbach (10 VII 1760).

- Devenu page du grand maître de l'ordre de Malte, et aussi chevalier de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, il s'engage dans la Marine, affecté comme garde-marine (aspirant) à la compagnie de Toulon. Après la mort de sa mère (26 IV 1771), il est représenté à Auxerre par son père lors de l'inventaire des biens laissés par la défunte (le 3 VI 1771). À l'occasion d'un congé, il va séjourner en Bourgogne chez son père, avec qui il assiste à l'entrée en religion de trois novices en l'abbaye de Pontigny (7 VII 1771). Plus tard, avec son père et ses frères Auguste et Alexandre, il assiste à deux autres entrées en religion, dans la même abbaye (20 X 1771).

- Devenu lieutenant de vaisseau, en garnison à Toulon, il vend avec son père plusieurs terres qu'il a héritées de sa mère dans le nord de la France (15 XI 1775) : il se sépare ainsi de ses biens fonciers situés à Courrières, Houplin, Noyelles, La Neuville et Seclin, ainsi que de la seigneurie des Passez à Mouvaux. Plus tard, de passage à Auxerre, il vend une vigne "qui n'est propre qu'à arracher", sise au Puits-Coulon, ceci en son nom comme en celui de son père, domicilié à Lyon, et en celui de ses frères Ernest et Alexandre (25 X 1784).

- Devenu aide-major d'escadre, en poste à Rochefort, il signe une procuration par laquelle il autorise la vente de l'hôtel de Sparre à Auxerre (le 1 VII 1786). À l'époque, il est chevalier de Saint-Louis. Lors de la vente de l'hôtel particulier (2 X 1786), il est représenté à Auxerre par le procureur Zacharie Denis Petit. Après avoir prêté 12 000 livres à son frère Alexandre (29 XII 1786), il passe à Auxerre pour recevoir, au nom de son père et de son frère Ernest, le solde de l'argent dû par Guillaume Gaspard Sapey pour l'achat de l'hôtel de Sparre : il empoche ainsi 13 193 livres, 9 sols et 1 denier (12 II 1787).

- Peu après, Gustave de Sparre épouse à Paris la fille d'un "gentilhomme américain" (31 V 1787). Il reconnaît alors, comme étant née de ses œuvres, la fille naturelle de sa femme, née deux ans plut tôt à Erfurt en Allemagne (17 I 1785). Le couple vit à Paris, en la paroisse Saint-Sulpice, où naissent une fille (9 III 1788), un garçon (24 XII 1790), puis encore une fille (4 IX 1792). Après la proclamation de la République (22 IX 1792), Gustave de Sparre se réfugie avec sa femme à Bruxelles, où naît un garçon (14 VIII 1793), puis, avant la prise de la ville par les armées révolutionnaires (10 VII 1794), il émigre à Londres avec sa famille, où naissent des triplets (14 XI 1798). En 1800, son nom apparaît en Angleterre dans le Boyle's Court Guide : il vit alors dans un logement du 10 Bentinck Street, avec sa femme, ses enfants et le comte Muchall. Bénéficiant de la mansuétude de Bonaparte à l'égard des émigrés, le Premier consul ayant, par arrêté, rayé 52 000 noms de la liste des proscrits (20 X 1800), Gustave de Sparre laisse son épouse retourner à Paris, où elle décède peu après (12 I 1802). Il reste quant à lui à Londres, ceci jusqu'à sa mort (10 VIII 1813).

x (Paris [Saint-Sulpice], 31 V 1787) Louise Amable de La Toison de Rocheblanche (f. de Louis, lieutenant des maréchaux de France, chevalier de Saint-Louis, & Ursule de Caradeuc) ; ° sur l'île de Saint-Domingue, ca. 1768 ;

† Paris 3ème, 12 I 1802.

 

Pierre Le Clercq

[D., SHAT, AD Yonne, AM & BM Auxerre]