La comptable éplorée
Paroles et musique de Pierre Le Clercq
LA COMPTABLE ÉPLORÉE
Paroles et musique - Pierre Le Clercq
Une femme aux pieds nus, dans sa robe d’été,
Souriait, l’air confus, aux chalands du marché
En cherchant un regard dans la foule flâneuse,
Sous le porche blafard d’une église frileuse.
Elle arrive vers moi, vers les autres passants,
Demandant un emploi dans des postes vacants,
Ou sinon quelques sous pour remplir sa main creuse
Qu’elle avance vers nous, d’une mine songeuse.
Elle avait un brevet de comptabilité,
Disait-elle à l’envi, d’une voix passagère.
Elle était le reflet de l’inhumanité
De ce monde flétri qui ne compte plus guère.
Je l’avais déjà vue, au hasard d’un métro,
Cette femme à la rue récitant son credo
En tendant, du lointain, une main solitaire
Vers mon cœur incertain qui ne sait trop que faire.
Mon regard suit ses pas, puis il cherche les yeux
D’autres gens ici-bas, ou là-haut dans les cieux,
Qui tendraient mieux que moi une main solidaire
Vers la femme en émoi, au sourire précaire.
Elle avait un brevet de comptabilité,
Disait-elle à l’envi, d’une voix passagère.
Elle était le reflet de l’inhumanité
De ce monde flétri qui ne compte plus guère.
Où est-elle à présent, cette femme sans toit,
Qui me hante souvent quand je passe à l’endroit
Où son ombre venait, dans la foule animale,
Demander, s’il vous plaît, une obole frugale ?
Si un jour je devais, au hasard d’un chemin,
Retrouver à jamais ce rebus féminin,
Je crois bien que son cœur m’offrirait des pétales
Sans la moindre rancœur, dans un chœur de cigales.
Elle avait un brevet de comptabilité,
Disait-elle à l’envi, d’une voix passagère.
Elle était le reflet de l’inhumanité
De ce monde flétri qui ne compte plus guère.
Elle avait un brevet de comptabilité,
Disait-elle à l’entour, d’une voix passagère.
Elle était le reflet de l’inhumanité
De ce monde où l’amour, ça ne compte plus guère…
De ce monde où l’amour,
Ça ne compte plus guère.
Paris, le mardi 19 mars 2013.